Ces médecins au service des employeurs

Journal de FR2 , vendredi 5 novembre, 20 heures
Entre les images affligeantes du VRP Sarkozy aplati devant Hu Jintao droit comme un «  i » et ô combien conscient de la supériorité chinoise et un reportage qui venait fort à propos signaler au téléspectateur français qui de toute façon n’y mettra jamais un orteil que les grands palaces parisiens sont désormais entre les mains des estrangers (Indiens ou Chinois, Saoudiens, avec ou sans burqua qu’importe le chiffon quand on a le pognon) parce que désormais la France est devenue le contraire d’un pays émergeant  et que ses habitants devront bien s’habituer à être soit des figurants folkloriques destinés à amuser les touristes asiatiques, soit des pions travailleurs exploités jusqu’au trognon, dans les deux cas toutes revendications salariales ou sociales enfouies dans la culotte, bref, disais-je, au milieu de ce fatras télévisuel où la détresse des Haïtiens, victimes d’un ouragan et celle des Indonésiens couverts de cendres étaient prestement expédiées, laissant juste au public le temps d’un  éphémère apitoiement, arrive une enquête, présentée comme un « coup de projecteur sur la chasse aux abus en matière d’arrêt de maladie », hautement symptomatique des relations entre un patronat de plus en plus avide et des salariés de plus en plus méprisés, entre les deux, une bande de médecins dévoyés, payés par les employeurs.
Le principe est simple, lorsque que les employés, ces feignasses, sont en arrêt maladie, l’employeur alerte une société de contrôle qui envoie un médecin chez les malades. Son but, réexpédier au plus vite les travailleurs au turbin.
Démonstration en image. Madame le médecin, aimable comme une porte de prison, débarque chez chez un homme en arrêt maladie. Questionne, se rend compte que l’homme n’a pas acheté les médicaments prescrits, ne se soucie pas de savoir pourquoi, moralise sèchement « Quand on est malade, on se soigne et on achète ses médicaments » ausculte à la va-vite, et, finalement souriante, le renvoie au boulot dès le lendemain. « Bénéfice de l ’employeur, ajoute , guillerette, la voix off, deux jours d’arrêt de travail en moins! »
La-dessus direction les locaux de Medicat-Partner,  au service des employeurs, pour qui officie Madame le médecin (6000 entreprises clientes, 3000 médecins employés) et où Madame Laporte, probablement la patronne (mais qu’est-ce qu’on peut avoir dans le citron pour faire à ce point là son beurre sur la détresse humaine? Car quand même il s’agit de malades en possession d’arrêts de travail établis par des médecins) explique que le contrôle médical n’est pas un « outil  de gestion humaine » mais qu’il a pour but « d’éviter que certains salariés n’abusent de leur droit à l’arrêt de travail aux dépens et au mépris de ceux qui sont présents et qui font leur travail ».
Et hop, la petite chansonnette sur les bons employés bien obéissants que les glandeurs malades (ou grévistes) empêchent de bosser.
Heureusement, l’intervention du Docteur Michel Combier, représentant du CSMF, remet les choses au point en expliquant que 5 à 10 minutes d’auscultation d’un patient inconnu ne permettent absolument pas d’évaluer la globalité de ses problèmes et que les médecins contrôleurs ne sont pas aptes à juger de la pertinence d’un arrêt de travail.
Mais qu’importe, en attendant les affaires des sociétés de contrôle des arrêts de travail prospèrent et les médecins contrôleurs, payés entre 50 et 100 euros la visite, estiment qu’un arrêt de travail sur deux n’est pas justifié.
Un sur deux?
Faux  « 1,5 million de contrôles ont été réalisés l’an dernier. Près de 170 000 de ces arrêts ont reçu un avis défavorable des médecins de la Sécu », c’est à dire, un peu plus de 10%.

Pas joli joli cette désinformation de la part des médecins contrôleurs, des gens qui, aux premiers jours de leur carrière ont fait ce serment:
« Au moment d’être admis à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.
Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.
J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.
Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me le demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.

Admis dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.
Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.
Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.
J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.
Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré et méprisé si j’y manque. »
Serment de l’ordre français des médecins de 1996

A lire en complément, le plan B, Agora Vox, et cette étude très bien documentée

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