L’exemple, c’est nous

Une semaine que je me débats avec cette phrase. Pourtant simple. Exprimant un concept à première vue évident.
Bien sûr, qu’en tant que parents nous sommes des exemples. Le petit humain s’inscrit dans une longue lignée et pour les actes les plus quotidiens, les plus banals, il imite, il reproduit les gestes qu’il voit.
Parfois, d’un bout à l’autre du monde, ils sont différents.
Le petit Européen apprendra à manger avec une cuillère, puis avec une fourchette, comme les adultes qui l’entourent. Le petit Indien, par contre, s’habituera à se nourrir avec sa main droite, malaxant les aliments dans sa paume avant de les porter à sa bouche.
Et puis, il y a tous les trucs psychiques, ce que tonton Freud appelait les processus d’identification primaire, c’est grâce à eux que l’enfant devient un être social doté d’un surmoi, fondement du sens moral qu’il trimbalera toute sa vie, avec plus ou moins de bonheur.

Mais voilà, l’enfant, qui n’avait pour exemples, modèles, que maman et papa se retrouve bien vite projeté dans d’autres milieux sociaux,  l’école par exemple. Et celle-ci pullule d’exemples à suivre, ou non.
Car tous les exemples ne sont pas bons !
« Un exemple, écrivait Albert Camus, n’est pas forcément un exemple à suivre… »
Et, même s’il est présenté comme positif, un exemple peut ne pas plaire. J’ai en mémoire un certain Christian, mon principal rival pour l’obtention de la très prisée place de premier (ère) de la classe, que l’on me citait en exemple et à qui je vouais une haine féroce.
– Christian, si tu passes par ces pages, sache que je suis désolée de m’être conduite à ton égard comme une véritable peste, tu ne le méritais  pas !-
Plus tard, à l’adolescence, je n’ai pas tardé à noter que celles et ceux que l’on citait en exemple , espérant par cet artifice extirper de leur torpeur les endormis et indifférents du fond de la classe dont je faisais partie, n’étaient en fait que les plus soumis au système scolaire et à l’autorité des professeurs.
Je me débattais alors avec les identifications secondaires.

Quand tout se passe bien, les processus d’identifications primaires de l’enfance permettent à l’adolescent de gérer les conflits entre les « bons » et les « mauvais » exemples. Et même si, poussé par la révolte, il s’embarque sur les traces d’un modèle peu recommandable, son surmoi veille et lui permet, peu à peu, de se forger une personnalité compatible avec les acquis de sa petite enfance.
Mais aujourd’hui la lutte est rude car les exemples proposés sont innombrables, les médias en présentent une infinité. Par le biais, entre autres,  de la télévision, les adolescents subissent un matraquage en règle, véritable lavage de cerveau, les poussant à prendre en exemple des sportifs plus ou moins intègres, des artistes trop souvent sans talent ou des top-modèles dont la principale vocation est de les pousser dans les bras pernicieux du consumérisme.

Et c’est là, à mon sens, que les parents, les éducateurs, jouent un rôle essentiel. Parce que nous ne sommes pas virtuels et qu’en plus de l’exemple que nous donnons nous pouvons expliquer le pourquoi de nos actes. Aider nos enfants à déjouer les pièges tendus par les marchands de poussière, de rêves frelatés, d’objets inutiles dont la fabrication détruit chaque jour la planète et réduit à une nouvelle forme d’esclavage celles et ceux qui les fabriquent, à fuir les industries mortifères, à refuser l’exclusion sociale, à se battre pour un monde pacifié.
Si nous respectons nos enfants ils deviendront des adultes respectueux des autres.
L’amour que nous leur portons, que nous leur montrons chaque jour, ils l’éprouveront pour autrui.
La solidarité dont nous faisons preuve, ils ne l’oublieront jamais, de même que l’attention que nous portons à la planète.
Le bonheur, j’en suis sûre, est transmissible.

« Il faudrait essayer d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple. »
Jacques Prévert

J’ai écrit ce texte pour participer à la campagne « L’exemple c’est nous ».

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