L’hôpital (3)

En attendant Tadeus nous patientons avec Sharat. Désormais l’odeur de l’hôpital nous a pénétrés, s’est infiltrée dans nos pores, provoquant une impression de malaise persistante mais infiniment légère par rapport aux maux dont souffrent les malades allongés sur les lits.

Un petit attroupement se forme autour de nous. Nous échangeons quelques mots et des sourires.
Je pense à la solitude des petites chambres aseptisées de nos hôpitaux. Certes nous avons des draps rêches et immaculés, mais le temps semble s’arrêter entre les murs et l’ennui, la dépression sont souvent au rendez-vous.
Dans cette grande salle au contraire, les gens discutent, s’entraident. Il me semble qu’ainsi, en contact avec les autres, le temps doit passer plus vite.

Au pied d’un lit voisin un petit garçon veille son père endormi. Il a une dizaine d’années, immobile sur sa chaise, le regard perdu derrière ses lunettes cerclées de fer, il attend.
Plus tard sa mère arrive avec des paquets. Ils doivent être là depuis longtemps car la petite table de nuit en fer cabossé est pleine d’objets variés.

Taddeus revient avec les médicaments et du riz et des légumes enveloppés dans une feuille de bananier. Le frère de Sharat l’accompagne, c’est lui qui prend le relais.

Nous quittons l’hôpital, même si nous sommes encore préoccupés, nous sommes quand même plutôt rassurés sur l’état de santé de Sharat. Lui aussi est plus détendu.

Trois jours plus tard il est de retour à Namaste, le résultat de nouvelles analyses confirme l’hypothèse de l’hépatite A. Il doit continuer à prendre des médicaments et surtout se reposer.
Il est tout jaune.

Debora explique une énième fois aux jeunes du staff de Namaste qu’il ne faut en aucun cas boire de l’eau non bouillie et manger n’importe quoi dans la rue.
Tous opinent du bonnet mais deux jours plus tard et malgré notre mise en garde, Taddeus et Nebu, devant nos yeux hautement désapprobateurs, boivent chacun un grand verre d’une boisson indéfinie, fabriquée à base d’eau non bouillie (nous avons posé la question avant de décliner l’offre) offerte par des villageois à qui nous sommes allés rendre visite.

Voilà qui nous casse un peu le moral!
Il faut du temps et de la patience pour combattre les mauvaises habitudes sanitaires.

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