Primaire, quelques instantanés

Le premier, fin d’après-midi, un quelconque journal d’une quelconque chaîne télévisée (passé un certain stade de médiocrité on ne prête plus attention au support)
Un couple sur le quai d’une gare, style Burberry camel pour Madame et  pour Monsieur itou, bien coiffé comme toujours. Souriants, entourés, amis, journalistes,opportunistes,  badauds (t’as vu, c’est Arnaud ! Ou tiens, c’est Montebourg!)
Souriants et pressés, retour  de Saône-et-Loire, circonscription, champignons peut-être, promenade en forêt, contact avec l’électeur, tout ça tout ça. Plus tard dans la soirée il deviendra le héros du jour mais il ne le sait pas encore. Dans la catégorie socialiste, c’est mon préféré.

Le deuxième, plus tard : une  dame,  un peu grassouillette, le menton pointu, veste sombre, quelques bijoux en or sur un chemisier blanc, sobre, bourgeoisie discrète.  Elle réagit aux résultats des élections. Elle est contente, chouette journée,  beau score alors elle remercie, les Françaises et  les Français, les élus et les militants, celles et ceux, si nombreux, qui ont voté pour elle. Elle évoque ensuite  l’idée d’une « équipe de France » (est-ce bien judicieux?) et patati,  « devoir », « matraquage des sondages » et patata, un petit coup de pommade aux Français « un peuple libre, un peuple indépendant, un peuple fier » (mouais …), bla bla bla « face à une droite dure et une crise qui dure » ( pas géniale la répétition), « il faut  une gauche forte »,   petit bafouillage,  l’émotion sans doute, « croissance », « emploi », « progrès », machin patin couffin, « je battrai Monsieur Sarkozy en 2012 » Monsieur ! Classe Martine ! Ils ont dû y réfléchir à plusieurs : Nicolas Sarkozy ou Monsieur Sarkozy ? Et oui, un discours de soir de primaire, ça se prépare, pas de la rigolade.

Du coup, sûre d’y retrouver la croissance, l’emploi, la crise et les fiers Français je me dispense de celui du vainqueur de la soirée. Passons directement à ma troisième image : les hommes en noir.
Un quelconque journal nocturne d’une quelconque chaîne télévisée : Le QG de François Hollande  vide,  VIP, journalistes et militants gradés ont quitté les lieux mais, entouré de ses proches, de ses conseillers et de ses communicants  (engeance parasite et vorace destinée à travailler l’image et la tactique du candidat, exemple : les  récents costumes noirs luxueux d’Hollande, cravates lustrées, lunettes chic chic mais pas bling bling, plutôt genre patron responsable mais élégant quoiqu’en y regardant bien j’y trouverais presque un côté croque-mort mais je dois avoir mauvais esprit)  donc, dans le QG déserté, le peut-être futur président bosse. On les voit par la fenêtre, des hommes en noir, des hommes attablés et sérieux, pas de femmes, ou si il y en a on ne les voit pas.

Femmes, justement voilà celle qui fut  la sienne et qui voulait guider la France, la main sur le cœur et l’ordre juste en bandoulière sur sa vilaine veste rouge. Elle pleure. Ses rêves n’étaient pas les miens et je ne l’aurais  pas choisie mais j’aime bien son culot, son aplomb, cette petite partition fantaisiste. Un côté vieille gamine gonflée, insupportable, la donneuse de leçons à qui on envie de tirer les couettes mais qui met de l’ambiance et dont on se dit que, quand même, elle est courageuse ! Ou inconsciente ! Les fameux communicants, ils n’auraient pas lui dire, avant, ce que tout le monde pressentait, la chute, la cata, l’humiliation ? Peut-être qu’elle n’aurait pas pleuré, qu’elle aurait souri, crânement.
Ce n’est pas facile la politique pour une femme, les hommes en noir veillent au grain. Et puis il y a déjà Martine, quand il y en a une passe encore mais faut pas exagérer non plus !

Manuel Valls passe, s’il est déçu par son score il ne le fait pas sentir. Sportif ! Jeune aussi, il y aura d’autres échéances, dans le futur. L’essentiel était de se positionner, à la droite de la gauche tout en restant à la gauche de la droite.

J’oubliais, le mariole  de la soirée, sourire torve et œil mauvais, l’inénarrable  JFC, jaloux comme une teigne, qui livre une fine analyse politique en comparant l’affluence aux primaires à celle à la foire de Lille…puisse le prochain vent électoral au loin l’emporter…

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