Rosemala, dans la forêt

Enfouie dans les profondeurs d’une dense forêt de teks, Rosemala, la colline des roses, doit son nom à une Lady anglaise du temps de l’East India Company.

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Située à l’est du district de Kollam, l’immense forêt qui court le long des pentes et des vallons et les animaux sauvages qui y vivent, éléphants, panthères, serpents et oiseaux bigarrés, sont protégés par le gouvernement. Cette réserve naturelle porte le nom de Shendurney Wildife Sanctury.

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Composé d’environ 250 familles dispersées dans la nature, le village de Rosemala, à 12 km de la ville la plus proche est complètement isolé. La route terreuse et escarpée qui y mène, coupée par des torrents boueux en temps de mousson, est impraticable pour les véhicules ordinaires. Seuls les jeeps et quelques camionnettes peuvent accéder au village, et personne, à Rosemala, ne dispose d’un véhicule.
Comme il n’y a ni médecin, ni dispensaire, lorsque quelqu’un est malade la situation est souvent critique. Couramment, les femmes accouchent au village ou dans les jeeps qui les emportent à la ville.

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La scolarisation des enfants souffre aussi de cet éloignement. L’école du village accueille les écoliers jusqu’à la fin du cycle élémentaire, ensuite, ils doivent se rendre à la ville. Le gouvernement a vaguement accordé un ramassage scolaire mais il est irrégulier et très souvent en retard. Alors certains enfants, les plus grands, se rendent à pied à l’école : deux heures de trajet à l’aller, deux heures au retour. Souvent, en fin d’après-midi, la route est envahie par des troupeaux d’éléphants. D’autres familles préfèrent mettre leurs enfants dans les médiocres « hostel » de la ville, voire même dans des orphelinats crasseux afin qu’ils puissent étudier. Enfin, de nombreux parents décident tout simplement de ne pas envoyer leur progéniture à l’école, surtout lorsque celle-ci est féminine.

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Le deuxième problème, grave, de Rosemala, est l’absence de courant électrique. Il y a quelques années le gouvernement a équipé toutes les maisons et cabanes de panneaux solaires  produisant une énergie suffisante pour les besoins quotidiens. L’idée était bonne mais avec le temps les panneaux se sont abimés, beaucoup ne produisent plus rien et le gouvernement fait la sourde oreille.

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Comme le relate le magazine The Week, du 24 Mai 2009 dont on nous montre fièrement un exemplaire écorné, lassés de revendiquer en vain, les habitants de Rosemala ont massivement boycotté (70% des électeurs), les dernières élections du Lok Sabha (parlement). Sur le coup l’affaire a créé quelques remous, des dignitaires sont montés jusqu’au village, ont multiplié les promesses puis le silence est paisiblement retombé.

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Nous sommes venus avec Valeria pour évaluer la situation et voir si Namaste pouvait aider les habitants.
Nous sommes accueillis avec une grande gentillesse. Le tailleur du village nous accompagne tout au long de notre visite. Les enfants de l’école maternelle nous dévisagent avec surprise. A Rosemala, très en dehors des circuits touristiques, on ne voit jamais d’occidentaux!

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Le village est doté d’un temple hindou, d’une mosquée, d’une église catholique et d’une autre pour les chrétiens adventistes.
Depuis des siècles, les différentes communautés vivent paisiblement côte à côte, sans le moindre problème.

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La seule ressource de Rosemala est l’agriculture. Tous ses habitants ont un lopin de terre sur lequel ils cultivent quelques hévéas, du tapioca et différents légumes. Ils ont aussi des poules, des chèvres et des vaches.
Il n’y a pas de carence alimentaire, la population du village mange à sa faim.
Loin des rumeurs de la vallée, des klaxons incessants, de la pollution et de la foule les habitants de Rosemala disent qu’ils sont heureux.
Un bonheur qui se ressent dans les sourires, les gestes d’amitié, comme celui de nous offrir des pakoras aux oignons, du thé et une bouteille de miel de la forêt.
Un bonheur simple, calme, en harmonie avec la nature.
Un bonheur qui à nous, occidentaux pétris par la société de consommation, dénaturés par la course au rendement, par la vitesse, la communication artificielle, est désormais presque inaccessible.

Valeria propose aux villageois de leur offrir l’ancienne camionnette de Namaste. Elle leur permettra d’emmener chaque matin les adolescents à l’école, d’accompagner les malades à l’hôpital, de ravitailler régulièrement le village en riz et produits de première nécessité.
Ils acceptent le présent avec joie.

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A peine avons-nous quitté le village, qu’une violente pluie s’abat sur la forêt. L’eau crépite sur les feuilles, rebondit bruyamment sur les rochers, ruisselle sur le chemin.
En route nous croisons, abrités sous quelques parapluies, des lycéens qui retournent au village.
Ils agitent joyeusement la main à notre passage.

Puis revient le soleil et les chants des oiseux, les cris des  singes, les rumeurs des animaux sauvages nous accompagnent jusqu’à l’orée de la ville.

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