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20.08.2008

Casa delle Mamme : faire le point (4)

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Désormais la maison est pleine. Malgré les difficultés et les déconvenues le bilan de ces deux années est globalement positif.
Les enfants vont régulièrement à l’école, ils sont en bonne santé (à part Achu) et ils sont vifs et joyeux.
Les mamans travaillent, elles sont elles aussi en bonne santé et la maison est bien tenue (standard indien).

Ouf !

Quant à nous, nous sommes très attachés à ce petit bataillon et aider à résoudre les problèmes fait partie de nôtre tâche...Lire la suite

 

18.08.2008

Casa delle Mamme , faire le point (3)

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En Novembre 2007, sur la proposition de Sunitha dont ils sont de lointains cousins, de nouveaux habitants sont arrivés.
Il s’agit d’Ammachi (grand-mère) et de ses quatre petits-enfants. Leur histoire est tragique.
La fille d’Ammachi est morte il y a quatre ans, à la naissance de Manu, le plus petit. Officiellement son décès a été attribué à une crise cardiaque mais il s’agirait en fait d’un suicide. A peine était-elle enterrée que son mari a définitivement levé le camp. Il vit à quelques kilomètres de Vellanad, chez sa sœur. Ses enfants ne l’ont jamais revu et il n’a jamais envoyé la moindre roupie pour eux.

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16.08.2008

Casa delle Mamme, faire le point (2)

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En aout 2007 nous avions secouru Sunitha et ses deux petits poussins maigrichons : Vineeth et Vivek.
Son mari purge une peine de douze ans pour homicide et elle vivait, sans ressources, avec ses beaux-parents, très pauvres aux aussi, dans une misérable cabane de palme et de boue séchée, nichée sur un flanc de colline. De plus son beau-frère lui tournait autour de manière insistante.
En un an elle a appris à utiliser une machine à coudre et enseigne la couture à l’atelier de Namaste...lire la suite

15.08.2008

Casa delle Mamme : faire le point (1)

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En aout 2006, lors d’un séjour au siège de Namaste, nous avons décidé de créer la Casa delle Mamme. Notre objectif était de louer une maison dans laquelle nous voulions héberger des mères abandonnées par leurs maris, ou veuves, ainsi que leurs enfants. Tous les frais concernant la maison et les dépenses liées aux enfants (nourriture, école, santé, vêtements) seraient à notre charge, les mères ayant la possibilité de travailler pour d’une part acheter ce dont elles avaient besoin et d’autre part mettre de l’argent de côté pour le futur. Notre aide devant s’arrêter à la fin du parcours scolaire des enfants. Nous avions aussi dans l’idée de garder dans la maison une pièce à notre usage afin de l’utiliser lors de nos séjours au Kerala. Ce qui nous permettait d’avoir un pied à terre.

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23.02.2008

« Casa delle mamme », la vidéo de la rencontre

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C’est une grande maison blanche, enfouie dans la campagne kéralaise, tout là bas, au sud de l’Inde.
Elle est un refuge pour des êtres que la vie a maltraités : des femmes abandonnées par des maris inconstants, violents ou (et) alcooliques et leurs enfants.
Quand la maison a ouvert ses portes nous n’étions pas en Inde et c’est l’association Namaste qui s’était chargée de la mettre sur pied pour nous.
Pendant plusieurs mois, grâce aux messages du personnel de Namaste et à quelques photos, nous avons suivi à distance le déroulement des opérations.
Pour les fillettes et leurs mères nous étions des noms associés à un bien être nouveau et salvateur, nous étions une somme de roupies qui leur permettait de manger à leur faim, d’aller régulièrement à l’école, de pouvoir consulter un médecin, nous n’étions pas encore des personnes.
Et puis finalement, cet été, nous avons rencontré les premières habitantes de la demeure.
Ce fut un moment d’une incomparable émotion.



23.09.2007

Au cirque

 

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Dix jours après leur arrivée dans la « Casa delle Mamme », Vineeth, Vivek et Sunitha sont rayonnants. Je n’irai pas jusqu’à dire que les petits ont grossi, mais presque.
De plus, dans la maison, l’ambiance est paisible.
A l’occasion des fêtes d’Onam, les écoles sont fermées pour une semaine et les administrations pour trois jours. Les rues sont décorées de compositions florales, souvent géométriques, mais parfois politiques

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ou religieuses, comme celle ci-dessous qui, mine de rien, glorifie l’acte sexuel, créateur d’énergie.

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A droite sur la photo, un lingam, qu’en langage trivial nous nommerons une bite, plus précisément celle du grand Siva, le dieu destructeur, grâce à qui peut survenir la création régénératrice.
A gauche, en forme de coquillage, délicatement tapissé de jasmin, un yoni, autrement dit, une vulve accueillante.

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Pour fêter Onam, hier les mamans nous ont préparé le délicieux repas traditionnel et aujourd’hui, nous emmenons tout le monde au cirque à Trivandrum. Pour tous et toutes c’est une première, et dans le mini bus, les enfants chantent joyeusement.

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Cédant à l’insistance de Sasikala, et pour la grande joie des mamans, je porte un sari et je me sens très élégante.

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Le chapiteau, planté au milieu d’un terrain vague, porte sur sa bâche sale et rafistolée les marques des années passées à sillonner le sous-continent.

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A l’intérieur, nous prenons place (les meilleures, on ne va pas chipoter, c’est la fête) sur des chaises en plastique bancales. Pas de chance, Fabiolino, sa caméra d’une main et l’appareil photo de l’autre est tancé par un vigile qui lui interdit l’usage de ses ustensiles préférés alors qu’il s’apprête à immortaliser le spectacle.

Et quel spectacle !
Qui réveille les souvenirs du cirque Bouglione de mon enfance sur la place de la foire d’Argenton sur Creuse, mais aussi les images cruelles de la Strada de Fellini, le baladin tragique, misérable et fier, et la créature soumise qui lui obéit en tremblant « Le grand Zampano, le voilà ! », parce que sa famille l’a vendue à son maître.

Devant moi, des jeunes filles que le chef de la troupe a probablement achetées à de pauvres familles du nord de l’Inde ou du Népal, exécutent sans joie ni passion des numéros de voltige et d’acrobatie. Flottant dans des justaucorps pendouillants aux teintes criardes, leurs visages maquillés exprimant la crainte de rater l’exercice, elles volent dans les airs, sautent et rebondissent comme des marionnettes dans l’apparente indifférence du public qui n’applaudit jamais.
Voilà d’ailleurs quelque chose qui me surprend, et m’interpelle. Pourquoi les spectateurs, qui au cinéma, applaudissent à tout rompre et hurlent quand leurs acteurs préférés accomplissent n’importe quelle banale pitrerie à l’écran, ne manifestent-ils aucune satisfaction, aucun encouragement, quand de vraies personnes exécutent devant eux des prouesses compliquées et risquées ?
Peut-être est-ce justement parce qu’il s’agit de vraies personnes, qui leur ressemblent trop pour mériter leurs bravos car elles ne les font pas rêver. Triste constat.

Et voilà qu’il pleut sous le chapiteau et que l’eau ruisselle à travers la bâche, dégouline le long des projecteurs, coule sous nos pieds.

Heureusement d’autres numéros sont moins poignants.

Le clou du spectacle, annoncé en lettres d’or sur les affiches est la prestation de trois jeunes filles russes, blondes et blanches qui exécutent ni plus ni moins des numéros de GRS, leurs accessoires habituels adaptés au lieu, ce qui fait que le ruban est devenu lasso.

Imaginer comment et pourquoi ces trois gymnastes russes ont bien pu atterrir dans le Jumbo cirque de Trivandrum, occupe un bon moment mes pensées vagabondes.

Si ce spectacle provoque en moi tous ces bouleversements et réflexions, il n’en est pas de même pour les membres de notre petit groupe. Les enfants sont ravis, surtout quand Veneeth, digne et courageux, se laisse entrainer par des clowns nains au milieu de la piste. Les mamans, particulièrement Selvy et Sasikala, s’esclaffent bruyamment et poussent des petits cris quand les artistes volent dans les hauteurs du chapiteau.

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Après le spectacle nous nous arrêtons manger au restaurant, puis dans une bakery pour déguster une glace, autre plaisir fort apprécié, et sur le chemin du retour, le minibus, acheté la veille par Namaste, tombe en panne, ce qui fait qu’après plus d’une heure d’attente au bord de la route nous nous entassons dans un taxi pour rentrer.

 

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Enfin, à huit heures du soir, exténués nous arrivons à Namaste et mon beau sari est tout chiffonné !

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30.08.2007

Casa delle mamme (suite) : les Sims

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Afin de ne pas perdre une minute nous proposons à Sunitha et sa belle-mère de nous accompagner dès maintenant pour leur montrer la « Casa delle mamme » et leur présenter ses habitantes.
Elle acceptent avec enthousiasme, et, pendant qu’à l’intérieur de la masure elles troquent leurs pauvres vêtements contre des saris, je les entends rire et plaisanter.
Et, dans la nuit tombante, nous reprenons tous ensemble le long sentier de terre ocre.medium_plan-vellanad.4.jpg

A la « Casa delle mamme », on nous accueille avec la joie habituelle, et (le discours de ce matin aurait-il déjà porté ses fruits ?) l’ambiance entre les mamans semble nettement plus chaleureuse.
Nos nouvelles recrues ouvrent de grands yeux ravis, nul doute que cet habitat de pierre, spacieux, propre et lumineux, ne leur paraisse aussi somptueux qu’un palace.
Nous faisons les présentations et expliquons aux mamans la difficile situation de Sunitha, malheureusement proche de celles qu’elles ont connues, avant. Je leur demande leur aide pour faire en sorte que Sunitha, Vineeth et Vivek, se sentent bien dans la maison.
Elles acquiescent en souriant.
La découverte de la cuisine enchante Sunitha et sa belle-mère et leurs visages s’illuminent.

Les enfants s’observent en silence, mais sans aucune animosité.
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Pendant que Fabiolino s’amuse avec les fillettes (quel gamin celui-là !) je montre à ses futurs occupants le reste de la maison, et surtout, leur chambre. Ils dormiront tous les trois ensemble, ce qui est ici est normal, sur un lit recouvert d’une natte, entre des draps propres et ils auront à disposition des toilettes et une salle de bains où il suffira de tourner un robinet pour se laver. Ce qui pour nous représente le minimum vital est pour eux un luxe jusqu’alors inespéré.
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Les mamans ont préparé le thé et ouvert un paquet de rondelles de bananes séchées. Une gentille discussion s’installe, où il apparaît que Susheela et la belle-mère de Sunitha (honte à moi je ne suis pas parvenue à mémoriser son prénom) se connaissent.
Ensemble, nous convenons que Sunitha et les petits viendront s’installer lundi, c'est-à-dire dans deux jours.

Il fait nuit noire quand nous les déposons au bord de la route défoncée. Dans une obscurité qui me serait ô combien hostile si je devais avoir à la traverser, pas une lumière ne brille. Mais eux s’engagent d’un pas joyeux sur le sentier. Avant de nous séparer la belle-mère de Sunitha prend doucement ma main, la porte à ses lèvres pour exprimer sa reconnaissance et l'émotion me monte aux yeux.
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Dans le van qui nous ramène à Namaste, va savoir pourquoi, je pense à ce fameux jeu, les Sims, où des occidentaux nantis, se prenant des dieux, manipulent les destinées de tristes personnages fictifs.

Alors que pour si peu (trois ou quatre dizaines d’euros par mois), on peut, non pas imposer sa volonté à des marionnettes virtuelles, mais offrir à des êtres humains, de chair et de sang, le minimum auquel chaque habitant de cette planète devrait avoir droit : un toit, de la nourriture, des soins, l’'éducation et une aide pour réaliser ses rêves.

 

 

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28.08.2007

La casa delle mamme : deux noix de coco fraîches…

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Midi
A peine sommes-nous rentrés de la « Casa delle mamme » où j’ai dû prendre ma voix de maitresse d’école pour expliquer deux trois bricoles aux mamans - l’essentiel de notre discours étant destiné à leur rappeler que serait sympa d’arrêter de se chamailler - que Rama nous appelle dans son bureau, il voudrait nous présenter une jeune femme et ses deux enfants. Ils vivent dans des conditions désastreuses et pourraient peut-être occuper la chambre vacante de notre maison.
A notre arrivée elle se lève, serrant entre ses doigts minces les mains fluettes de ses deux petits garçons. Elle esquisse un soupçon de sourire qui éclaire fugitivement son joli visage. Elle semble très jeune. Les petits nous fixent, leurs grands yeux noirs reflétant un mélange d’inquiétude et d’espérance.
Elle s’appelle Sunitha.
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Ce matin, elle est venue à Namaste pour demander une aide scolaire pour les enfants. Rama lui a déjà parlé de notre projet, il lui a aussi proposé de participer à un cours de couture débouchant sur un emploi.
Pour nous, elle répète son histoire. Son mari est en prison depuis trois ans, pour meurtre. Il est condamné à perpétuité mais il pourra peut-être bénéficier d’une remise de peine dans une dizaine d’années. Elle vit avec les petits chez ses beaux-parents mais les revenus de ceux-ci sont très faibles et la situation est devenue critique.
Ce qu’elle ne dit pas la maigreur des garçons l’exprime. Vineeth a neuf ans, Vivek six. Nous leur avons donné des sucettes qu’ils ont longuement contemplées avant d’oser les enfourner. Vineeth croque prestement la sienne, Vivek se la coince dans un coin de la bouche et dans son petit visage candide, elle forme une grosse bosse sur sa joue.
Nous parlons de la « Casa delle mamme » et j’espère qu’elle va dire oui, tout de suite, pour qu’ils puissent sortir de la misère.
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Mais elle explique qu’elle aimerait beaucoup venir mais qu’elle ne peut pas décider, qu’elle doit demander l’autorisation de sa belle-mère, que lorsque son mari a été emprisonné il a dit qu’elle devait vivre là, chez ses beaux-parents, qu’il lui interdisait de travailler et qu’il se débrouillerait pour leur faire parvenir de l’argent. Mais en trois ans pas une roupie de sa part n’est arrivée, c’est pourquoi, ce matin, elle a pris le chemin de Namaste.
Ce n’est pas une bonne nouvelle, ici, les belles-mères utilisent trop souvent leurs brus comme esclaves, de plus, celle-ci a reçu de son fils la mission de veiller sur son épouse et ses enfants.
Il serait inutile et stupide de demander à Sunitha de prendre seule la décision. Certaines traditions, cruelles, ne peuvent affrontées par une fragile jeune femme sans ressources, mère de deux jeunes enfants.
Si la belle-mère refuse, nous irons lui parler pour essayer de la convaincre, il n’y a pas d’autres alternatives et si par bonheur elle accepte nous lui rendrons visite pour nous présenter.
Ils partent, se tenant par la main le long de la route poussiéreuse. Elle a assuré qu’elle téléphonerait à 3 heures pour donner une réponse.
Nous attendons.
Mais il est maintenant plus de quatre heures et elle n’a toujours pas téléphoné. Je tourne en rond en pensant aux deux petits, maigrichons et apeurés. Nous envisageons d’autres solutions pour les aider, l’aide à domicile par exemple, mais cela dépasse notre budget et en ce moment Namaste manque de sponsors.
Quatre heures et demie, le téléphone retentit, c’est elle. Sa belle-mère était absente, elle vient de rentrer et elle a dit oui, ouf ! Rama lui répond que nous arrivons.
Flanquée de Vivek et Vineeth, droits comme des i, elle nous attend au bord du chemin défoncé. Ils nous escortent le long d’un interminable sentier de terre ocre qui grimpe en serpentant au milieu des cocotiers. Mais la beauté du paysage ne parvient pas à masquer l’indigence des habitants de ce qui pourrait être un paradis verdoyant.
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La famille habite une misérable masure de palme et de boue séchée. Petite, sans eau ni électricité. La belle-mère est sur le pas de la porte. A peine nous voit-elle qu’elle nous salue, levant ses mains jointes à hauteur de son visage, et toutes mes préventions s’envolent. C’est une grande femme, dont la beauté s’est usée au fil des ans et des épreuves que la vie, chienne, lui a réservées. Elle n’est pas du tout hostile au projet, bien au contraire, elle nous en remercie. Les rapports qu’elle entretient avec Sunitha sont visiblement affectueux, elles échangent des sourires et des regards complices.
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Nous lui expliquons à nouveau notre proposition, elle balance la tête en nous écoutant. Je lui pose la question du fils et de ses exigences. Elle me répond qu’il n’a rien fait pour les aider, que désormais il ne compte plus pour elle, d’ailleurs, elle ne l’informera pas du changement.
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Pendant que nous parlons, son mari, un bel homme dont la maigreur a rendu saillante la musculature, s’active autour de la maison en compagnie d’un voisin. Ce n’est visiblement pas lui qui prend les décisions, mais je le sens bienveillant. D’ailleurs, alors que la discussion se termine, il dépose dans nos mains le seul cadeau qu’il puisse nous faire, leur seul bien, deux noix de coco fraîches qu’il est allé cueillir en haut de l’arbre et qu’il a coupées pour que nous  en dégustions le nectar.
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A suivre…

 
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