Apartheid en Italie : l’autobus des immigrés

Depuis lundi, à Foggia, ville des Pouilles, il y a deux autobus 24 : l’un réservé aux citoyens italiens, l’autre aux immigrés.
La mesure, explique l’administration, n’a certes pas été prise pour ne plus mélanger les serviettes italiennes avec les torchons étrangers mais pour des raisons de « commodité » et « d’ordre public ».
Un même trajet mais des arrêts différents, le bus réservé aux étrangers faisant la navette entre la gare et le centre d’accueil pour les migrants en demande d’asile où près de 1000 personnes sont entassées dans une structure destinée à en abriter au maximum 300.
Le maire de la ville (centre gauche), à l’origine de cette décision prise par la municipalité avec la bénédiction du ministère de l’intérieur, se défend de tout racisme mais invoque la sécurité, des disputes ayant éclaté entre des italiens et des extra communautaires.

Le président de la région, Nichi Vendola, a par contre et heureusement, vivement réagi : « Cette ligne qui a un parfum de séparation doit être abolie au plus vite ».

On pense évidemment à l’apartheid ou à la ségrégation raciale américaine mais ce que l’on sait peu et que mon amie V. rappelle justement dans un billet c’est que l’Italie a déjà par le passé usé et abusé de la ségrégation raciale. C’était en Erythrée pendant l’occupation coloniale italienne.
Suite à l’arrivée au pouvoir de Mussolini,  en 1922, toute une série de mesures raciales furent mises en place, pour des motifs « d’ordre public » et « d’hygiène » : quartiers de résidence séparés (et autochtones expulsés pour faire place nette), interdiction aux indigènes d’accéder à certains bureaux et lieux de la zone blanche, séparation des moyens de transports publics, salles de cinéma séparées, interdiction totale de rapports sexuels « interraciaux », et, cerise sur cet infect gâteau, introduction, en 1939, du délit de « lésion du prestige de la race », destiné à punir quiconque, « blanc » ou « noir » agissant de façon à diminuer ou à léser le prestige de la « race dominante ».

Des années de berlusconisme ont à nouveau rendu  la société italienne frileuse et égoïste. Elle  se referme sur elle-même, stigmatise les étrangers, discrimine.
Comme l’illustre très clairement la récente loi sur la sécurité qui  supprime le droit aux soins médicaux pour les étrangers en situation irrégulière, introduit une taxe pour ceux possédant un permis de séjour, rend les mariages difficile et impose des contraintes (irréalisables pour la plupart des familles immigrées) pour le logement.

Jour après jour la « mussolinisation » de l’Italie gagne du terrain, les libertés se restreignent et les injustices se multiplient.

Jusqu’à quand cette funeste dérive de la démocratie durera-t-elle ?
Et jusqu’où mènera-t-elle le pays ?

A lire en complément sur l’Italie coloniale.

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