Athée

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L’ humanité semble être dans un processus d’auto destruction.

“La « restructuration écologique » ne peut qu’aggraver la crise du système. Il est impossible d’éviter une catastrophe climatique sans rompre radicalement avec les méthodes et la logique économique qui y mènent depuis 150 ans. Si on prolonge la tendance actuelle, le PIB mondial sera multiplié par un facteur 3 ou 4 d’ici à l’an 2050. Or selon le rapport du Conseil sur le climat de l’ONU, les émissions de CO2 devront diminuer de 85% jusqu’à cette date pour limiter le réchauffement climatique à 2°C au maximum. Au-delà de 2°, les conséquences seront irréversibles et non maîtrisables. La décroissance est donc un impératif de survie.” André Gorz

Malgré les mises en garde des plus sages, des plus visionnaires d’entre nous, la prise de conscience des invraisemblables risques auxquels s’expose l’humanité, et auxquels elle condamne tous les êtres vivants de la planète, demeure dramatiquement faible.
Bien que les catastrophes écologiques dues à l’effet de serre se multiplient, devenant de plus en plus violentes et meurtrières, rien n’est fait à l’échelle mondiale pour stopper ce processus. Pire, on continue à abattre des forêts, à construire d’énormes barrages, à polluer l’atmosphère et l’eau, à planter des OGM bien qu’en ignorant les conséquences à long terme et on persiste à fabriquer des centrales nucléaires alors que l’on ne sait pas encore vraiment comment diable on pourra bien se débarrasser des déchets.

Diable ?
Mais que vient donc faire le diable dans cette galère ?
Et bien pour qui croit à dieu et au diable, comme pour qui n’y croit point, il semblerait justement que ces deux larrons, faces d’une même pièce, y jouent un rôle essentiel.

Car une question me turlupine : les religions n’auraient-elles pas une part de responsabilité dans ce processus funèbre d’auto destruction qui parait désormais bien engagé, quasiment inéluctable ?

Démonstration :

La dernière encyclique du pape, fraîchement sortie est intitulée “Spe Salvi” (sauvés par l’espérance).
Exprimons-le maintenant de manière très simple: l’homme a besoin de Dieu, autrement, il reste privé d’espérance“.
Plus loin son auteur profite de l’occasion pour méchamment fustiger l’athéisme, qui a selon lui conduit à certaines des “plus grandes cruautés et plus grandes violations de la justice” dans le monde.
Ici je rappelle au lecteur que la sainte église n’a pas toujours été et loin s’en faut un modèle de pacifisme. Quelques exemples pris au hasard : la christianisation forcée des peuplades nommées primitives, l’inquisition, les yeux et les oreilles fermées de PieXII qui à Noël 1942, s’est contenté d’exprimer ses “vœux pour ceux qui, pour simple question de race, sont condamnés“… liste non exhaustive.
En conclusion de sa petite bafouille, d’une bonne vingtaine de pages, le benoît explique par quels moyens le catholique de base peut pratiquer la véritable espérance chrétienne : à travers la prière, la souffrance, l’action et dans le fait de considérer le Jugement dernier comme un symbole d’espoir.

Qui dit jugement dernier dit apocalypse, fin du monde. Difficile quand même d’envisager la chose avec allégresse, surtout quand on commence à ce demander si celle-ci n’est pas effectivement au programme des prochaines décennies.
Que nenni, nous dit le pape, tous ne seront pas condamnés aux monstrueuses turpitudes de l’enfer, ceux qui se seront bien comportés seront sauvés (bien se comporter signifiant respecter une longue série de génuflexions et d’interdictions d’une absurdité variable, une des plus saisissantes de bêtise étant: ne pas baiser avec une capote au risque d’attraper le sida ou de le filer à quelqu’un d’autre).

Comme par hasard l’eschatologie, et le concept « d’élu » sont des dadas dont les religions raffolent.

Pour les hébreux ça donne ça : vu par Sophonie (1:14-18)
« Le grand jour de l’Éternel est proche, il est proche, il arrive en toute hâte; Le jour de l’Éternel fait entendre sa voix, et l’homme puissant pousse des cris amers.
Ce jour est un jour de fureur, un jour de détresse et d’angoisse, Un jour de ravage et de destruction, un jour de ténèbres et d’obscurité, un jour de nuées et de brouillards. (…)
Je mettrai les hommes dans la détresse, et ils marcheront comme des aveugles, parce qu’ils ont péché contre l’Éternel; Je répandrai leur sang comme de la poussière, et leur chair comme de l’ordure.
»
Mais, selon Maïmonide,
« Les Temps messianiques auront lieu lorsque les Juifs recouvreront leur indépendance et retourneront tous en terre d’Israël »

Le Coran, ne pouvant être en reste, ajoute lui aussi quelques détails à l’affaire :
« Tout ce qui est sur Terre sera appelé à disparaître, la terre ne sera plus la terre, elle sera dégagée de tout ce qui la recouvrait par un tremblement inconcevable, elle sera violemment secouée et étalée sur toute sa longueur. Le Ciel sera enroulé à la façon dont on enroule les registres, il sera fendu et d’un rouge vif telle de la graisse bouillante ou tel du métal fondu. Les montagnes seront réduites en poudre fine, détruites d’un seul coup, dispersé au vent violent, comme de la poussière. La lune s’éclipsera et il y aura fusion entre le soleil et la lune. Le soleil s’obscurcira, les étoiles disparaitront, évanouies en toute vitesse. Les mers s’embraseront, portées à ébullition et se videront. »

Déjà, les prophéties traditionnelles hindoues avaient imaginé la chute du monde dans le chaos et la dégradation.
« Lorsque la fausseté de la tromperie, la léthargie, l’assoupissement, la violence, le découragement, la colère, l’illusion, la peur, et la pauvreté prévaudront (…) lorsque les hommes, remplis de suffisance, se considèreront égaux aux Brahmines (…), alors ce sera le Kali Yuga. » (extrait des Puranas)
Puis, tel Zorro, arrivera un avatar, « Le Seigneur Se manifestera en tant qu’Avatar de Kalki (…) Il établira la droiture sur la terre et les esprits des gens deviendront aussi purs que le cristal. (…) Ceci résultera en ce que le Sat ou Krta Yuga (âge d’or) soit établi. »

Suivant alors mon raisonnement, simpliste mais efficace, j’en viens à me demander si ce n’est pas pour obéir à ces prédictions que nous sommes en train de foncer tête baissée dans le mur.
Certains dirigeants internationaux et non des moindres comme Reagan, qui déclarait en 1982 que l’Amérique, « cette terre bénie a été placée à part, d’une façon particulière, qu’il y a un plan divin qui place ce grand continent entre deux océans pour être découvert par des peuples venus des quatre coins du monde avec une passion particulière pour la foi et la liberté », et les Bush, très croyants, élus grâce au soutien des groupes de pression religieux, ont consciencieusement œuvré dans ce sens et ils ne sont pas les seuls à travers le monde.
Quant au pape ne serait-il pas en train de préparer les ouailles à l’échéance finale ?

Et ne peut-on pas aussi supposer qu’inconsciemment nous sommes tous plus ou moins acquis à l’idée de l’apocalypse, du chaos final ?
Depuis le temps, des siècles et des siècles, qu’on nous rabat les oreilles avec cette funeste prophétie.

Est-ce pour cela que nous sommes si mous, si lents à réagir ?

S’il ne s’agit que de légendes destinées à effrayer le peuple pour mieux le soumettre, qu’attendons-nous pour relever la tête ?

Peut-on penser que l’addiction aux religions eschatologiques soit une des causes de cette maladie mentale dont parle Arthur Koestler dans Janus ?
« Un observateur impartial venu d’une planète plus évoluée, et qui d’un coup d’œil considérerait cette histoire (de l’homo sapiens) de Cro-Magnon à Auschwitz, conclurait sans nul doute que notre espèce est un produit biologique admirable à certains égards, mais dans l’ensemble profondément morbide, et que les conséquences de sa maladie mentale l’emportent de beaucoup sur ses réussites culturelles s’il s’agit d’évaluer ses chances de survie ».

Pour finir, deux messages personnels :

Le premier à Joseph Ratzinger, dit aussi Benoit XVI, pape de son métier pour lui dire qu’en temps qu’athée, je réfute complètement ses accusations car, comme je viens de le démontrer, ce sont au contraire les religions qui sous prétexte d’espérance post mortem conduisent leurs fidèles soit à la destruction de l’humanité soit à l’acceptation silencieuse de celle-ci.

Le deuxième à Nicolas Sarkozy, alias le président de la république française, pour lui signaler que je trouve choquant que la ministre Alliot Marie ait témoigné de “la reconnaissance de la France” envers l’Eglise “pour son rôle historique et sa contribution à la définition d’indispensables repères moraux“. La France, état laïc n’a pas à remercier ou à flatter une religion.

Chacun étant bien entendu libre de ses croyances dans la sphère privée.

Athée et heureuse de l’être

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Tableau et détail de Nole

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