Babel en Emilie


Ce fut une de ces belles soirées dont on aime se souvenir.
Dans un « borgo » joliment rénové, sur les collines bolognaises, chez Mette, une amie norvégienne qui a grandi au Pakistan.
Ana l’Espagnole était venue avec son « ragazzo », Iqbal, Indien du Maya Pradesh, qu’à force de ténacité elle parvient à « inviter » chaque année pour trois mois.
Agostina avait apporté du riz délicieusement parfumé et des desserts de son pays, le Pakistan. Elle est à Bologne depuis 15 ans, venue rejoindre son mari, loin de Lahore.
Puis sont arrivés Rana et Reza, Pakistanais eux aussi.
Bref Fabio était le seul Italien.
Autour du délicieux chicken tikka de Mette et des pakoras d’Iqbal, fin cuisinier, la discussion s’est tenue en italien, en hindi et ourdou (qui sont deux langues très proches oralement, les graphies étant par contre différentes), en anglais et en norvégien quand Mette parlait à Milena, sa fille, qui elle lui répondait en italien.
Nous avons parlé de tout et de rien, des pakoras croustillants et du vin gouleyant, de leur difficulté de voyager et de la récente directive européenne de la honte.
Puis, notant mon accent (ce qui entre nous n’est pas difficile), Rana m’a dit qu’il avait vécu quelques années à Paris et nous avons conversé en français.
Iqbal s’est mêlé à la discussion.

Voilà comment samedi soir, sous un ciel italien j’ai entendu un Pakistanais et un Indien se parler en français.

Et j’ai pensé, une fois encore, que nous devons tout faire pour que tous, dans le monde entier, puissent avoir la même liberté de mouvement que nous, car fermer les frontières revient à condamner les peuples, y compris les nôtres, à la sclérose, à l’immobilisme.

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