Burqas, foulards et mini-jupes

De l’interminable attente au poste de police de l’aéroport de Kuala Lumpur, je garde le souvenir d’une frêle silhouette entièrement vêtue de noir. Une adolescente gracile, douze ans peut-être. Pas encore femme, sous la longue robe, on ne devine aucune forme. Son visage est recouvert d’une voilette en mousseline noire bordée d’un liseré rose vif, assorti à la sacoche qu’elle porte sur l’épaule et à ses sandales à hauts talons. Elle se tient très droite, marche à petits pas gracieux.
Comme une princesse.
Sa mère porte une stricte burqa ne dévoilant que ses yeux sombres, son père, une chemise de bonne facture et un pantalon élégant. Probablement une de ces nombreuses riches familles du golfe venue passer quelques jours en Malaisie.
Le soin apporté à la mise de la fillette, ce rose tranchant sur le noir me touche et m’interpelle. Est-ce le signe qu’on lui accorde un brin de coquetterie ou celui d’une transgression  arrachée de haute lutte ?
Est-elle fière d’être ainsi vêtue ou préfèrerait-elle porter des jupes courtes, des caleçons ajustés et laisser ses cheveux libres ?
Des questions sans réponses.

En Malaisie, les musulmanes ne portent pas la burqa mais elles enserrent leurs cheveux sous un foulard. Seul le visage est visible, les oreilles et le cou sont soigneusement dissimulés. Il y a plusieurs types de foulard. Il peut s’agir soit d’un carré, souvent en mousseline, plié en triangle, ajusté sur la tête et retenu par des broches, soit d’un tissu ovale percé, semblable à une « jupette », muni d’un large bord élastique , enfilé autour du visage et qui retombe en collerette sur les épaules.

Seules les musulmanes, malaises, cachent leurs cheveux. Sous le foulard, la chevelure est maintenue par une résille, ce qui, compte tenu de la chaleur, doit être particulièrement pénible à supporter.

L’islam, sunnite, est la religion d’Etat mais les autres cultes sont acceptés et respectés. Enfin, en principe, dans les faits, on assiste malheureusement ces dernières années à la montée d’un islamisme plus radical et nettement moins tolérant, qui, bien qu’activement combattu par les musulmans modérés, pèse lourdement sur les femmes, pourtant très nombreuses à travailler et à étudier.
La Malaisie disposant d’un double système judiciaire, les tribunaux islamiques peuvent juger les musulmans et faire appliquer la charia. En Aout 2009, Kartika Sari Dewi Shukarno, une jeune mère de famille, mannequin, a  été condamnée à être bastonnée pour avoir bu une bière dans un bar.

En ce qui concerne l’habillement, les musulmanes doivent impérativement dissimuler bras et  jambes. La tenue traditionnelle consiste en une longue jupe droite recouverte d’une tunique flottante, le tout dans un tissu coloré, orné de ramages, d’un goût fort éloigné des critères occidentaux.
Mais à Kuala Lumpur, ville moderne, beaucoup de femmes portent des pantalons, des tuniques courtes ou des chemisiers. Les plus jeunes détournent savamment le diktat.

Les femmes non musulmanes sont vêtues à l’occidentale, particulièrement les Chinoises qui arborent sans complexe des jeans moulants et des mini-jupes.

Suivant les quartiers, on voit plus ou moins de femmes portant le foulard. Si elles abondent dans les zones proches des mosquées, comme à Masjid Jamek, elles sont rares à China Town ou à Sukit Bintang, quartier commercial. En effet et c’est une des particularités (qui souvent pose problème) de la Malaisie, si le pouvoir politique appartient essentiellement aux Malais, musulmans, l’économie est entre les mains des Chinois, bouddhistes.

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