Douce France, le Chemin des Dames

Alors que dans ma tête musardent encore les flonflons du bal des conscrits, le monstrueux fracas des  batailles du Chemin des Dames m’arrache à la contemplation du  paisible paysage champenois.
Un massacre.

Avril 1917, octobre 1917

Environ 200 000 morts du côté français, probablement autant du côté allemand. Ce ne sont que des estimations, le chaos fut tel que le nombre de morts n’a jamais été clairement établi. D’ailleurs, qu’importe la nationalité de ceux qui périrent dans le Chemin des Dames, ils étaient tous des hommes, enrôlés bon gré mal gré pour défendre les intérêts financiers des puissants. Tous victimes d ‘un conflit qui ne les concernaient pas.
L’enfer. Des semaines de rage, d’horreur. Des pertes effroyables, pour rien.
La pluie, le froid, le gel qui décime les tirailleurs sénégalais, les zouaves, les soldats venus des colonies.
La mort, partout.
« Un blessé dont une partie de la main vient d’être emportée par un éclat d’obus, passe en courant, agitant son moignon sanglant. Un second blessé lui succède. Celui-là a été frappé à la tête. Il trébuche comme un homme ivre. Le sang qui coule de sa blessure l’aveugle et lui fait un masque hideux. » (Xavier Chaïla)

La stratégie du  généralissime « boucher » Nivelle, est désastreuse. Tellement cruelle et idiote que les soldats, exténués, les tripes nouées par la colère, se révoltent.

« Adieu la vie, adieu l’amour,
Adieu toutes les femmes.
C’est bien fini, c’est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C’est à Craonne, sur le plateau,
Qu’on doit laisser sa peau,
Car nous sommes tous condamnés,
Nous sommes les sacrifiés. (…)

Ceux qu’ont le pognon, ceux-là reviendront
Car c’est pour eux qu’on crève
Mais c’est fini, car les troufions
Vont tous se mettre en grève
Ce s’ra votre tour messieurs les gros
De monter sur l’plateau
Car si vous voulez faire la guerre
Payez-la de votre peau
»

Chanson de Craonne

Le prix payé par les mutins sera lourd,  les tribunaux militaires prononceront 3427 condamnations dont 554 à mort. Le général Pétain, déjà lui, veillera aux exécutions.

Douce France…

à suivre

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