Fascisme: elle monte, elle monte, la bête immonde

Entendu dans les couloirs de l’Université de Bologne, de la bouche maquillée d’une brunette en jean moulant.
« Mio fratello ? E’ un grande, é fascista ! Ma un vero fascista!”
Exclamations et gloussements admiratifs de la part des copines.

A l’Alma Mater de Bologna la docte, qui se targue d’être la plus ancienne université d’Europe, être fasciste, c’est tendance.
Fascistes et ouvertement racistes.
A tel point que les injures les plus utilisées actuellement par les jeunes  en portent la marque :
« negro di merda ! », « al rogo…i rom, i negri » (au bûcher les roms, les nègres etc)

Encore minoritaires, mais pour combien de temps, les nouveaux fascistes revendiquent haut et fort leur appartenance à la mouvance.

Sur le territoire italien les agressions et les crimes racistes se multiplient.
Aube du 14 septembre, Milan : Abdul Salam Guibre, 19ans, italien originaire du Burkina Faso, chipe, par jeu, une bricole à l’étal d’un commerçant. Celui-ci et son fils se jettent sur lui et le massacrent à coup de barres de fer en hurlant « negri di merda ». La police ne retient pas le caractère raciste du crime, mais le vol !
Car la police ne se prive pas elle non plus de la violence raciste :
Parme, le 1er octobre, Emmanuel Bonsu Foster, 22 ans, ghanéen en situation régulière sur le sol italien, pris pour un dealer, est arrêté par erreur devant son école. Roué de coups, dénudé, perquisitionné, isolé, il est finalement libéré au bout de 5 heures d’interrogatoire. Dans la main il porte une enveloppe sur laquelle une main a écrit « Emmanuel Negro »
Rome le 2 octobre, en plein après-midi six adolescents italiens apostrophent un homme chinois de 36 ans qui attend à un arrêt de bus dans la banlieue romaine.
« Hé Cinese di merda ! »
Puis ils se jettent sur lui et le frappent violemment, coups de poings, coups de pieds.
L’homme s’effondre, le visage ensanglanté. Il doit finalement son salut à l’intervention d’un passant.

Alors, bien sûr, il y a des réactions, une bonne partie de la société italienne ne cautionne pas ces actes immondes.

Mais il y a aussi le silence de ceux qui ne disant mot, consentent.

Et l’approbation, nettement audible, de beaucoup.

Déstabilisés, appauvris, frustrés de ne pouvoir se vautrer dans les délices morbides de l’hyperconsommation (1), de nombreux Italiens prêtent une oreille de plus en plus complaisante aux chants des sirènes fascistes.
L’exemple vient du haut car certains politiques, comme Allemano, le maire de Rome, affichent ouvertement leur admiration pour Mussolini.

Une des pires conséquences de la crise financière et économique qui déferle actuellement sur le monde pourrait bien être le rétablissement de gouvernements d’extrême droite.
Le spectre d’un état fasciste se rapproche dangereusement.
Autant je n’ai pas peur du manque car moins consommer, contrôler la consommation, permettrait non seulement aux peuples de se libérer d’un absurde tourbillon mortifère mais aussi à la planète de respirer, autant la perspective de vivre dans un pays régi par un régime totalitaire m’est odieuse.

Vous qui passez, avez-vous, dans les pays où vous vivez, la même sinistre sensation ?

(1)Chez Eric un texte très intéressant sur « La simplicité volontaire en période de récession »

Répondre à helen Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

59 commentaires sur “Fascisme: elle monte, elle monte, la bête immonde”