Italie : la colère des « terremotati » de l’Aquila

Passés l’émotion, les dons et les promesses, le silence est tombé sur l’Aquila.
Les « terremotati » (de terremoto, tremblement de terre) sont 65.000 à avoir fui leurs maisons.
Aujourd’hui,  26.155 d’entre eux vivent encore tant bien que mal dans des tentes.  Après le froid et les pluies du printemps ils vont devoir affronter la chaleur de l’été. « Un weekend au camping » avait dit Berlusconi.
Un très long weekend, car les nouvelles maisons ne seront pas habitables avant décembre, si tout va bien.
D’autres logent dans des hôtels du littoral ou ont trouvé refuge chez des proches.

Hier, sur la place de Rome, ils étaient plus de mille à crier leur colère.
« Vergogna ! Vergogna! » (honte, honte)
« Forts et gentils, oui, stupides, non ! »

«Nous nous sentons humiliés et trahis par le gouvernement (…)  Si il ne change pas de stratégie la ville ne sera pas reconstruite, il y aura seulement 15 000 maisonnettes. Et cela signifie la mort de l’Aquila, une défaite pour tout le pays. » a déclaré Massimo Cialente, le maire de la ville.

Alors que les bâtiments du centre, laissés à l’abandon s’écroulent inexorablement, minés par de nouvelles secousses telluriques et par de fortes pluies, les travaux de réfection des voies d’accès au G8 qui se tiendra en juillet à l’Aquila vont bon train.

« Quel meilleur endroit pour accueillir le G8 qu’une région meurtrie par un séisme ? » avait dit Berlusconi

Sinistre illustration du « capitalisme du désastre » (Naomi Klein), « ce type d’opération consistant à lancer des raids systématiques contre la sphère publique au lendemain de cataclysmes et à traiter des derniers comme des occasions d’engranger des profits ».

Parqués dans des tentes, sous une surveillance militaire et policière constante, les rescapés de l’Aquila assistent impuissants à l’annexion de leur territoire par des grandes firmes avides de profits. Un million d’euros ont déjà été investis dans la transformation d’un petit club aéronautique en un aéroport confortable destiné à accueillir les grands de ce monde qui pourront, entre deux cocktails et trois réunions, brièvement s’apitoyer devant le sort des habitants des campements de toile.

« La doctrine fonctionne ainsi: le désastre originel – le coup, l’attaque terroriste, l’effondrement du marché, la guerre, le tsunami, l’ouragan – plonge toute la population dans un état de choc collectif. Les adeptes de la doctrine du choc sont convaincus que seule une rupture radicale permet de générer la remise des compteurs à zéro qu’ils désirent pour imposer leur «sainte trinité»: élimination de la sphère étatique, totale liberté pour les entreprises et dépenses sociales squelettiques». (Naomi Klein)

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