Italie: Mabruka a préféré la mort

Cette nuit, au CIE (Centre d’identification et d’expulsion) Ponte Galeria de Rome, Mabruka s’est pendue.

Elle avait 49 ans, un mari et un fils.
Pendant plus de 20 ans elle a vécu et travaillé en Italie.
Il y deux semaines, la police l’a arrêtée alors qu’elle faisait la queue devant la préfecture pour renouveler son permis de séjour.  Comme elle était momentanément sans travail, elle a été enfermée au CIE, un « lager » géré par la Croix Rouge qui, de côté-là des Alpes, collabore allègrement avec le pouvoir.
Hier, elle a appris que son expulsion était imminente.

Depuis que son corps a été trouvé, les détenus du centre, choqués et en colère, ont entamé une grève de la faim.

Ils protestent contre leurs conditions  de détention, inhumaines, contre les mauvais traitements, contre les expulsions.

Pendant ce temps là, Roberto Maroni, le ministre de l’intérieur issu de Lega Nord, pavoise, la Libye a enfin accepté de reprendre des clandestins recueillis par la marine italienne. Le ministre de l’anti immigration, a salué «une journée historique dans la lutte contre l’immigration clandestine».
Les organisations de défense des droits de l’homme ont immédiatement et vivement réagi.
L’article 33 de la Convention de Genève et l’article 3 de la Convention européenne  des droits de l’homme interdisent les refoulements « sommaires » maritimes et la Libye qui n’a pas signé la Convention de 1951 sur les réfugiés n’a pas de système d’asile en état de fonctionnement.

Quant à l’infâme “pacchetto sicurezza” (paquet sécurité), il suit paisiblement son cours proposant entre autres le délit de clandestinité et six mois de détention pour les migrants clandestins.

« Expulsions ! Expulsions! » scandent les « bravi Italiani »

A Milan, la Lega Nord, qui aujourd’hui semble tirer les ficelles du pouvoir, a demandé des wagons de métro séparés pour les étrangers.

Je refuse de considérer la mort de Mabruka comme un acte de désespoir, c’est nous qui devons être désespérés de n’avoir pas pu empêcher son suicide. Le geste de Mabruka est un geste politique. Un geste politique qui hurle. Et nous devons hurler nous aussi » Vincenza

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