Les coquins et les copains

57% d’Européens ont choisi l’abstention, les autres ont majoritairement voté pour la droite conservatrice.
Ses représentants n’ont pas le triomphe modeste, ils ont tort.

Ce n’est pas un désintérêt pour l’Europe qu’ont exprimé les peuples mais le refus de ces personnages politiques-là, le rejet des coquins et des copains.

Car copains, ils le sont.
Sur notre peau, sur nos vies, sur le futur de nos enfants et au-delà, sur celui de l’humanité.

« Énorme », « historique », le succès de la liste Europe écologie déchaine les vivats. Comme c’est beau ! Comme ils sont responsables, ces Français qui se convertissent au vert !
Hourra !

Mais au fait, de quel « vert » s’agit-il ?

De celui de la décroissance ? De l’anticapitalisme ?

Que nenni !
Ce “vert” triomphant est bourgeois,  libéral et vaguement social.
C’est le “vert” des nantis qui ont les moyens d’acheter bio !

Je ne voudrais pas condamner ainsi, expédier aussi cavalièrement tous les membres des listes Europe Ecologie et encore moins stigmatiser l’ensemble de leurs électeurs, je suis persuadée que nombre d’entre eux sont convaincus de l’urgence d’une véritable politique écologique  mais ce matin, dans Libération, une interview de leur principal leader, un individu sur lequel je n’ai pourtant aucune illusion, a achevé de me hérisser le poil.

Au cours de cette aimable discussion entre Laurent Joffrin et Daniel Cohn-Bendit, qui bien sûr se tutoient, normal ils sont du même monde, l’ex exalté de soixante-huit déclare en rigolant : “J’ai une vidéo où, pour fêter mes 50 ans, Bayrou chante L’Internationale avec Kouchner et moi…“. Il précise ensuite que l’événement a eu lieu dans un restaurant strasbourgeois, qu’il se souvient qu’il y avait aussi Bernard Stasi et beaucoup d’autres invités.

Vous je ne sais pas mais moi, le jour de mon anniversaire il ne viendrait pas à l’idée de passer la soirée avec François Bayrou, ni avec Kouchner d’ailleurs !

Cohn-Bendit, si !

Tous copains, tous coquins, à fricoter à droite, à fricoter à gauche, à fricoter au centre.
A faire semblant de se chamailler pour ensuite se partager le gâteau.
A filer à l’Elysée pour un dîner ou un ministère quand le calife les siffle.
A baisser leurs frocs contre un instant de gloire.
A carrément les enlever (les frocs) contre les faveurs accordées par les puissances financières.

Et que chantent-ils en fin de repas, quand les vins millésimés les rendent joyeux ?
L’Internationale !

Au mépris des peuples et de ses luttes !
Au mépris de la solidarité !
Au mépris de l’histoire !

Et ils lèvent leurs verres de champagne au triomphe des valeurs marchandes.

Tellement imbus d’eux-mêmes, tellement arrogants qu’ils ne méritent que notre indifférence.

Oublions-les, laissons-les continuer leurs petits jeux minables, sans nous.

Continuons à résister.

Ayons la force de nous détourner du spectacle, de regarder ailleurs, d’être au monde, il peut être si beau.

Le spectacle est le moment où la marchandise est parvenue à l’occupation totale de la vie sociale” Guy Debord

A lire chez Le yéti

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