Madurai, ce qui a été, est et sera

Forme de Parvati, l’épouse de Shiva, Meenakshi, celle dont les yeux ont la forme d’un poisson, est venue au monde avec trois seins et une prophétie : l’amour fera disparaître le mamelon supplémentaire.
Et ce fut ainsi quand la belle rencontra Shiva, le danseur cosmique, dieu de la destruction, de l’instant premier toujours renouvelé, présent dans toutes les sensations qui envahissent la pensée, la colère, la joie, la peur mais aussi dans la beauté changeante des paysages.

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Chaque soir depuis 2000 ans,  porté par des brahmanes, Shiva, devenu Sundareshwar, le seigneur de la belle,  rejoint Meenakshi dans les profondeurs de son temple.
Et chaque nuit, son lingan pénètre le yoni de la déesse.
Le temple, sombre, chaud, odorant, aux murs noircis par la fumée et lustrés par le temps, est sa matrice, la matrice du monde.

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Sous la parfaite géométrie des mandalas colorés qui ornent les plafonds, les âcres senteurs d’encens se mêlent aux effluves des fleurs, au parfum écœurant du ghee que les dévots jettent sur les statues, aux relents des plantes en putréfaction et à l’odeur douçâtre de l’huile de coco imprégnant les chevelures des femmes. Les roulements des tambours rebondissent sur les murs, à peine atténués par la dense foule qui se presse dans les galeries, court pour participer à un pooja, s’amasse au passage de la statue de Shiva. En hommage à leurs Dieux, certains se jettent à plat ventre sur le sol, d’autres tendent vers eux les flammes vacillantes des lampes à huile.
Les mines sont concentrées et les regards se perdent dans la magie de l’instant. Une piécette offerte à l’éléphant assure sa bénédiction.
Prier le grand Shiva.
Demander à sa belle d’exaucer un vœu.

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Je suis athée, l’éventualité d’une présence divine de m’intéresse pas et peu m’importe de savoir ce qu’il subsistera, ou non, de moi après ma mort. C’est la vie qui me passionne et la conscience d’appartenir à l’humanité, d’être une minuscule partie de l’univers justifie mon existence.

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Le monothéisme m’est incompréhensible. Comment, un seul Dieu, tout puissant et auquel je devrais me soumettre ?
Qui pourrait décider de mon avenir et de celui du monde ?
Punir les hommes d’être tels qu’il les aurait créés, humains ?
S’arroger le droit de gouverner la nature, faune et flore, mers et volcans ?
C’est absurde !

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Par contre, j’aime les dieux hindous. Le problème de leur divinité ne me concerne pas, pour moi, ils symbolisent les innombrables facettes des humains. Bons ou méchants, coléreux ou impassibles, avides ou généreux, amoureux éperdus ou séducteurs impénitents, joueurs, menteurs, tricheurs ou honnêtes, ils sont une infinité et ils nous ressemblent, ils sont en nous, ils sont nous.

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C’est à l’âge du bronze, au III ème millénaire avant Jésus Christ, que l’Hindouisme est apparu. Les quatre Védas, textes fondateurs de la religion, auraient été rédigés entre 1500 et 800 avant J.-C. Ce sont les plus anciennes écritures religieuses du monde. Des antiques religions polythéistes, l’hindouisme est la seule à avoir traversé les temps.

Et dans la chaleur humide, les effluves envoutants et le rythme des tambours, sa permanence me charme et me bouleverse.

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Je traverse les siècles pour marcher à côté des pèlerins du moyen âge, peindre des fresques , bâtir des temples, des cathédrales,  des ponts.

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Ressentir l’humanité, au delà du temps.

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Om : « ce qui a été, est et sera ».

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