Misère et abondance, deux fléaux mortifères

Une énorme partie de l’humanité se débat dans la misère et souffre du manque alors qu’une minorité se vautre dans l’abondance.

Les riches exploitent les pauvres et s’en protègent. Mais les miséreux sont trop nombreux, ils ont faim, ils s’agitent, ici et là on les entend gronder. Alors les nantis ont peur et ils deviennent de plus en plus hargneux, de plus en plus dangereux.

La misère affame les enfants et gonfle leurs ventres.
Elle vide les seins des mères, éteint les regards et détruit les sourires.
La misère tue.
Elle attise les jalousies, sépare, fait jaillir la violence.
La misère appelle une illusoire consolation et ce sont les religions qui l’apportent.

Mais l’abondance aussi est meurtrière.
Elle permet à une poignée d’humains de mener une vie de luxe et de gaspillage effrénés et de décider en toute impunité du sort des autres habitants de la planète.
Autour des très riches, nous, les peuples, vivons de moins en moins bien et la paupérisation gagne du terrain.
Nous ne connaissons pas la misère qui tue mais nous sommes victimes de l’abondance. Dont nous avons aussi largement profité, que nous avons contribué à créer et que nous croyons indispensable.
Afin que les nantis de la planète puissent continuer vivre comme ils l’entendent, nous sommes condamnés à être exploités, bafoués de nos droits, fragilisés, appauvris.
La machine infernale du marché, nous devons continuer à l’alimenter, nous devons obéir.
Ils se sont attaqués à nos enfants pour tenter de prévenir toute velléité de rébellion. Ils ont sapé leur éducation, les ont depuis l’enfance matraqués à  grands coups de publicité, ils ont semé en eux la maladie de la consommation. Ils les ont façonnés pour les rendre dépendants des téléphones portables, des ordinateurs, des jeux vidéos mais aussi de l’alcool.
Les icônes, dont les magazines publient à l’écœurement les photos, sont ivres, titubantes et dans Internet, immense réservoir, s’échouent des milliers de photos de filles bourrées, de garçons défoncés, grimaçant ou tirant la langue.
Pas une soirée ensemble sans picoler. A Bologne, toute la nuit ils défilent, une bouteille de vin ou de bière à la main.
Les pilules et la poudre sont aussi très consommées.

Les peuples se divisent, la haine a été, elle aussi, soigneusement alimentée, haine interethnique, haine interreligieuse. Elle s’infiltre, guidée par la peur, dans des esprits manipulés par d’incessantes avalanches d’images et par des discours biaisés.

L’abondance tue
tue physiquement qui est condamné à perdre sa vie à la gagner
tue les rêves
tue la pensée
tue la créativité
tue l’empathie.

Et transforme les individus en des agneaux dociles et obtus prêts à tout accepter en échange d’un hypothétique bonheur.

Elle  détruit la planète et provoque des injustices inouïes.

Les récentes et obscurantistes déclarations papales en Angola ont déchaîné des torrents d’indignation. Les mots ont été indéfiniment commentés mais on n’a pas parlé de l’Angola et de l’enfer vécu par plus de 70% de ses habitants.
Car si le pays dispose de richesses naturelles énormes, en pétrole et en diamants, sa population est parmi les plus pauvres du monde.
L’espérance de vie à la naissance est de 40 ans et le quotient de mortalité infanto-juvénile est de 260 pour 1000 naissances.
Depuis 30 ans, le président José Eduardo dos Santos, dirige le pays d’une main de fer, amasse les fortunes qu’il destine à ses amis et vend les richesses de son territoire à des groupes économiques et financiers internationaux.

Comme désormais partout dans le monde, les élites s’engraissent impunément et les peuples meurent.

Quand le déséquilibre mondial atteindra son paroxysme, l’humanité dans son ensemble sera condamnée.

Pourtant la solution existe et elle porte un joli nom : partage.

Nous serions moins riches mais ils n’auraient plus faim.
Libérés de la maladie de la consommation nous pourrions enfin à nouveau, rêver, créer, flâner, prendre le temps de vivre.

« Il faut créer le bonheur pour protester contre l’univers du malheur. »
Albert Camus

Ici et, des articles sur l’Angola.

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