Retour du marché

Flânant au marché du Muy le dimanche matin on comprend rapidement que la clientèle se divise en deux catégories bien distinctes : les pauvres qui achètent des fringues et les riches qui remplissent leurs paniers d’aliments, frais ou non.
Car, paradoxalement, sur le marché de ce village du Var, entouré de vignes et autres cultures, il coûte moins cher de s’habiller que de manger.
Totale absurdité, le survêtement en polaire fabriqué en Chine ou en Europe occidentale par des Chinois, coûte moins cher qu’une bouteille d’huile d’olive du cru et, pour le prix d’une paire de bottes en simili on ne peut s’offrir qu’un demi kilo de fromage. De ferme, le fromage, attention ! 39  euros le kilo, d’accord mais fait maison avec le lait de la biquette. Tout au moins c’est ce qu’explique à la cantonade Monsieur Fromage-de-brebis-ma-chérie? moustache à la Bové et béret basque de traviole.
Et oui, au marché du Muy, comme ailleurs d’ailleurs, plus c’est provençal plus c’est cher ! Si, en prime,  le produit s’affiche bio, les prix, totalement décomplexés, s’envolent !
Moi, je viens souvent, je sais que la gentille fermière dans le virage vend ses produits à des prix raisonnables, elle a de belles salades, de gros oignons, des choux-fleurs dodus et des poireaux plein de terre, ce qui est bon signe !
Je discute aussi avec le marchand d’œufs. Les œufs de ses poules à lui et qui, contrairement à d’autres moins bien loties, vivent au grand air et ne sont pas gavées d’antibiotiques ou, imbécile raffinement, nourries avec des aliments mêlés à des colorants destinés à donner au jaune une teinte orangée qui laisse croire au client, ce naïf, que la pondeuse coule des jours paisible dans la cour d’une ferme et non dans une minuscule cage où elle s’arrache la peau du cul contre les barreaux !
Je papote avec Monsieur Œuf. Il m’explique que depuis 25 ans il vit en autarcie. Il élève ses poules, cultive ses légumes et ramasse ses fruits. Avant il était à Bagnols en Forêt mais il a fui la commune à cause de la décharge, énorme, puante et polluante à souhait.
La-dessus il enchaîne  sur les écolos ! « Vous avez-vu ce qu’ils ont fait à Eva Joly ?  Pour quelques circonscriptions ? C’est vraiment des charlots ! »

Chez Monsieur et Madame fruits-de-mer, éleveurs à Bouzigues, j’achète des moules. Chez eux, les prix sont corrects.

Il ne me reste plus qu’à passer à l’étal de fruits et légumes situé à l’entrée du marché, bien achalandé, ne se targuant pas de « provençalité » il propose de bons produits à de bons prix.  Sa clémentine, feuillue s’il vous plaît, s’affiche à 1,89 euros, celle de l’étal chic, au beau milieu du marché, où se pressent les mémés chics à panier d’osier et qui vend des cèpes et des framboises à prix d’or, coûte 3,20 euros.

Allez, quelques tomates, des clémentines et deux échalotes pour les moules marinières. Pas d’échalotes ? Tant pis, je mettrai un oignon !

Dessin de Altan : “Je voudrais un œuf! – Vous avez du monde à dîner?

En parlant de marché!

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