“Si on bloque notre futur, nous bloquerons tout”

Comme c’était malheureusement prévisible le gouvernement Berlusconi a décidé d’employer la manière forte pour réduire au silence les opposants à la réforme de l’école publique et des universités proposée par la ministre Gelmini.

Hier des affrontements entre les étudiants et les forces de l’ordre ont déjà eu lieu à Milan et à Bologne.
Aujourd’hui le vent de la révolte a soufflé dans toute l’Italie, à Rome, Naples, Trieste, Bari Turin, Florence les étudiants et leurs professeurs ont organisé des leçons sur les places, fait des sit-in, occupé des gares.
Ils ont parcouru les rues en criant des slogans :
« Savoir précaire »
« Nous ne voulons pas payer la crise »
« Si on bloque notre futur nous bloquerons tout, la ville, les rues, la gare »

Alors Berlusconi a pris la parole, de sa voix métallique, articulant exagérément comme à son habitude, il a affirmé que rien ni personne n’empêcherait la mise en place des nouveaux décrets.
Pratiquant les habituels amalgames, il en a profité pour diaboliser ses opposants politiques, les tenant pour responsable des désordres.
« La gauche dit des mensonges sur l’école, elle fait un alarmisme inutile »
« Nous ne permettrons pas l’occupation des universités. Les forces de l’ordre interviendront »

Et nul doute, sa menace sera mise à exécution.
Soutenu par la majorité et la presse de droite qui prépare les esprits à l’inévitable nécessité d’une intervention policière.

Libero, l’horrible canard néoconservateur de Vittorio Feltri, a ce matin franchement plongé dans l’obscénité:

« Appelez la police, écrit Renato Farina. Demain ils recommenceront en mettant des piquets devant les écoles italiennes. Demain, s’il vous plaît, non d’ailleurs, pas s’il vous plait mais parce que la loi  le demande, envoyez la police libérer le passage (…) Pouvoir entrer ou rester dehors. Sans que personne ne t’oblige violemment à servir une cause qui n’est pas la tienne. La fameuse légalité est le respect des autres. (…) D’abord les carabiniers  demandent patiemment à ceux qui obstruent l’entrée des instituts supérieurs de dégager le passage. Ils n’obéissent pas ? Quelques coups de pieds dans les parties molles seront le juste prix pour rétablir la légalité démocratique et républicaine. »

J’arrête là la traduction de ce texte nauséabond.

Les jours prochains seront déterminants pour la poursuite du mouvement.

J’aimerais penser que les étudiants et les enseignants résisterons, arriverons à convaincre l’opinion publique de la justesse de leur lutte, mais demain les forces de l’ordre seront sur le pied de guerre.

Pour Berlusconi, si la crise se résout rapidement, que les cours reprennent et qu’étudiants, enseignants et parents courbent l’échine ce sera une victoire éclatante sur l’opposition.
Si le mouvement persiste malgré les actions policières, alors celles-ci seront intensifiées et le gouvernement pourrait utiliser l’armée.

« Une école autoritaire prépare une société autoritaire » Daniele Luttazzi

Bologna, une école primaire occupée

Jeudi 23 octobre, mise à jour:

Aujourd’hui les étudiants, les enseignants et les parents ont à nouveau organisé différentes actions.

Les propos tenus hier par Berlusconi lors d’une conférence de presse ont provoqué un tollé, à gauche comme dans les rangs de la droite modérée.

Et cet après-midi, la politique italienne est décidément distrayante, Berlusconi a déclaré, la main sur le cœur, qu’il n’avait jamais dit, ni même pensé, qu’il allait demander aux forces de l’ordre d’intervenir.

Affaire à suivre…

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