Sari: mode d'emploi

Pour aller au mariage de Princie (prochainement narré), j’ai investi dans le sari.

Le sari, vêtement mythique, d’une incomparable élégance, qui rend les belles encore plus belles et belles les moins belles.
Le sari, fluide et vaporeux ou lourd et empesé, traduisant par sa nature celle de la femme qui la porte.
Le sari qui voile ou dévoile la taille et les épaules.
Le sari pudique qui couvre de son pan la chevelure interdite.
Le sari coquin qui offre aux regards ravis le mystère du nombril.
Le sari des tâches quotidiennes rabattu sur le ventre.
Le sari triomphant dont le pan flottant entraîne dans son sillage la douce fragrance du jasmin.

Le sari n’a finalement qu’un défaut, mais de taille, il faut savoir le mettre.

Donc, à l’adresse de mes lectrices et lecteurs qui se poseraient des questions sur la façon d’endosser le dit vêtement, quelques explications.

Le sari est composé de trois pièces : un corsage très ajusté, appelé blouse, un jupon retenu à la taille par un cordon et une bande de tissu d’environ un mètre de large sur six mètres de long
(et oui, j’ai bien dit six mètres).
Une fois enfilés la blouse et le jupon (facile), il faut savamment draper les six mètres d’étoffe. C’est un art.
La tâche étant pour moi insurmontable, glissant entre les doigts le fin tissu s’échappe et refuse de m’obéir, mes amies viennent à mon secours.

Le sari n’est pas, comme je l’ai longtemps cru, bêtement enroulé autour du corps. Heureusement, si tel était le cas il bloquerait la démarche, contraindrait à avancer à petits pas et empêcherait tous les mouvements quotidiens.

Bien au contraire, ingénieusement plissé à l’avant il se prête à la course, au saut, à la génuflexion (si besoin est) à la danse, bref, comme un jean, mais en nettement plus élégant et confortable.
Oui, passée la première impression, il se révèle confortable.

Sur le plan pratique : un premier tour de tissu est retenu par le galon du jupon, le pan flottant est tout de suite jeté sur l’épaule, les quatre mètres restants sont plissés sur l’avant et glissés eux aussi dans le jupon.
En cinq minutes le tour est joué.

En sari, ô merveille, je me sens belle.

India, le 20 aout 2006