Travailler plus, encore plus, toujours plus…

Dans le local la chaleur est intense.
Il est 21 heures et les clients se pressent au comptoir pour acheter des parts de pizzas « al taglio ».
Ni bonnes ni mauvaises, fabriquées avec de la pâte surgelée fournie par la chaine propriétaire de l’échoppe et qu’un homme vêtu de blanc aplatit, garnit, enfourne, aplatit, garnit, enfourne, aplatit, garnit, enfourne…

A la caisse un Pakistanais en chemise claire. Ses gestes sont précis, son visage impénétrable. Il encaisse, rend la monnaie, évalue peut-être dans sa tête les bénéfices du jour, les comptes qu’il faudra rendre.

Derrière la vitrine qui expose à l’appétit des clients de grandes plaques de pizzas fumantes, une femme en sueur, blême malgré la chaleur, distribue les morceaux déjà payés.

Les mouvements mécaniques et le regard absent.
A chaque client, d’une voix  monocorde qu’effleure un léger accent slave, elle propose de réchauffer la portion.
Puis elle la glisse sur une petite pelle en fer, l’enfourne dans le micro-onde et se tourne vers un nouvel arrivant.

Elle est exténuée, des mèches blondes s’échappent du ridicule couvre-chef au nom du magasin qui cache son chignon, son menton tremble légèrement.
Ses mains aussi, des mains potelées, comme son corps, trop lourd, trop vieux pour être ainsi traité.

Alors elle serre les dents, courage, il faut travailler, travailler, travailler, travailler, travailler, travailler, travailler…

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