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15.12.2006

Quelques considérations sur le tsunami


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En conclusion à « Céleste et le tsunami », j’ai voulu rédiger un article plus général, disons informatif.
Donc, la souris en main, j’ai entamé des recherches.
J’ai cliqué, cliqué, cliqué, à en avoir mal au bras, parce que chaque nouveau site me proposait des informations différentes.

J’ai trié, ne gardant que ce qui me semblait les plus proche de la vérité, et qui correspondait avec ce que j’avais vécu, ou observé.

Le 26 décembre 2004, au large de l'île indonésienne de Sumatra, les sismographes enregistrent un tremblement de terre d’une exceptionnelle intensité: 9.0 sur l'échelle de Richter.
Une demi-heure plus tard une vague de 15 mètres de hauteur s’abat sur la côte indonésienne, elle provoquera la mort de plus de 128 000 personnes.

La vague continue sa course folle à travers l’Océan indien.

Deux heures après le séisme elle s’abat sur la Thaïlande, puis sur le Sri Lanka, sur l’Inde, le Bangladesh.

Au total plus de 280 000 personnes perdront la vie (source MSF), emportées par l’océan. Des centaines de milliers d’autres se retrouveront dans un dénuement total.
Les dégâts matériels sont énormes.

Entre le moment où le tsunami  frappe les côtes de Sumatra et celui il atteint la Thaïlande, il s’écoule une heure et demie, et, à l’ère de la communication, personne n’a l’idée de donner aux thaïlandais, aux Indiens et aux Sri lankais, ce simple conseil : « Eloignez-vous au plus vite du bord de mer ! ».

Averti du séisme, le responsable thaï de la météorologie, hésite, se tâte, mais, se souvenant que son prédécesseur a perdu sa place pour avoir donné une fausse alerte, décide finalement de ne rien faire.

Quand arrive la première vague et que la mer se retire, les animaux se précipitent à l’intérieur des terres, les humains, incapables de déchiffrer les signaux de la nature, restent. A part sur les îles Andaman, où les autochtones, vivant de manière habituellement qualifiée de « primitive », ont immédiatement compris le danger et se sont mis à l’abri.

La suite a été diffusée en boucle sur les télés du monde en entier, avec une délectation morbide évidente.

A notre arrivée à l’aéroport de Bologne, à 3 heures du matin, le premier janvier 2005, comme prévu, une nuée de journalistes nous attendaient. Notre récit les a déçus, nous n’avions vu ni vague géante, ni cadavres flottants.
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D’après la Banque Mondiale, la collecte pour aider les sinistrés a rapporté environ 5 milliards de dollars.

Que sont-ils devenus ?

Une partie a été effectivement utilisée pour aider les sinistrés, une autre partie a été attribuée à d’autres fins humanitaires, et le reste produirait des intérêts dans des banques.


Les grands hôtels ont été reconstruits. La plupart des victimes ont été indemnisées. Kun a remis sur pied son "resort". Et j’espère que la petite mère qui faisait la Laundry dans son jardin a pu se racheter une machine à laver.


En Inde, aussi on a reconstruit, lentement, petit à petit.
Les pêcheurs ont pu réparer leurs bateaux.
La vie a repris.

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D’avoir vécu le tsunami ne nous empêche pas, et ne nous empêchera pas de continuer à voyager.

Je préfère mourir en vivant que vivre en m’économisant.

La Thaïlande est un pays superbe, accueillant, bien organisé, on y voyage très facilement.
Nous nous y avons effectué plusieurs séjours et toujours avec le même plaisir.
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Avant le tsunami, nous étions promenés avec bonheur à travers le pays, comme en témoignent les photos qui émaillent ce texte et le générique du film vidéo, personnel, que je vous propose.
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13.12.2006

Ko Lanta, le lendemain du tsunami



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Aux premières lueurs d’une aube nouvelle, le sifflement ininterrompu d’un insecte nous extirpe d’un sommeil léger et agité. Nous avons très peu dormi.
Les yeux clos, je revoyais encore et encore les vagues déferlantes, j’entendais leur rumeur, je courais à nouveau pour leur échapper.
Hier matin, la gravité de l’événement m’avait totalement échappée, et à aucun moment, l’idée d’un raz-de-marée ne m’avait effleurée.
Pourtant, mon imaginaire en était plein, de raz-de-marée, leur idée fut une des peurs de mon enfance. Je voyais un mur d’eau, irrésistible, haut comme un immeuble, s’abattre sur le rivage, renverser les maisons, ensevelir des villes entières.
Dans mon livre de lecture du CM2, il y avait l’histoire d’un chinois qui se réfugiait sur une montagne pour échapper à un raz-de-marée, et, de là haut, il voyait l’eau détruire sa maison, ruiner ses récoltes, emporter les arbres.
Mais quand le tsunami est arrivé, je ne l’ai pas reconnu !
Cette nuit, allongée sur le sol, grelottant dans une couverture, les paupières lourdes et la tête douloureuse, j’ai revécu, indéfiniment, ces quelques minutes où l’océan aurait pu nous emporter.
J’étais inquiète aussi pour tous ceux, comme Kun, qui avaient choisi de passer la nuit sur le bord de mer.
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Nous buvons un mauvais café au restaurant. Le camp a du mal à sortir de la torpeur.

Comme il n’y a plus d’eau au robinet, nous ne pouvons pas nous laver.
Nous n’avons pas de vêtements pour nous changer.
Les toilettes débordent.
Nous avons dormi par terre.
Nous avons faim.
Nous sommes exténués.

Je pense aux millions de réfugiés à travers le monde, à ceux qu’on appelle, « les personnes déplacées », eux ne passent pas une nuit à la dure, mais des mois, parfois des années, à dormir sur le sol, sous une fragile tente que le vent peut abattre, à prendre l’eau à la fontaine, ou au camion de l’ONG qui passe, à être privés de tout, à ne rien n’avoir.

Nos capacités de résistance sont extrêmement faibles mais notre égoïsme, qui fait que nous, les nantis occidentaux, oublions facilement toute cette humanité qui ne vit qu’à demi, est énorme.

Il suffit d’un rien pour basculer dans autre chose.
Un rien.
Une vague.
Une guerre.
Un tremblement de terre.
Une épidémie.

Vers 9 heures nous décidons que rester sur la colline n’a pas de sens et qu’il est mieux de retourner au resort.

Malheureusement il s’avère difficile de trouver un véhicule, tous ont déjà été réquisitionnés par les touristes qui se précipitent éperdument vers Bangkok pour regagner leurs pays.

C’est la fuite.

Finalement un van s’arrête, à son bord un Italien et sa compagne, une jeune femme thaï. Le type est odieux, lui, il n’envisage pas de rentrer, mais de poursuivre vers le nord son voyage, l’idée de prêter main forte aux sinistrés ne l’a même pas effleurée, ce n’est pas son problème.
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Nous arrivons chez Kun, le nettoyage a déjà commencé. La cuisinier, assis sur la terrasse d’un bungalow, essuie un par un les CD, Ho balaie avec la jeune canadienne, Kun passe la serpillère et son père a retrouvé son sourire.
Ils nous accueillent joyeusement.
« C’est le destin , dit Kun, philosophe, il faut l’accepter et reconstruire. »

Sagesse bouddhiste de qui ne se laisse pas décourager et accepte les coups du sort sans se perdre en lamentations.

Nos bungalows sont intacts et après une indispensable douche nous nous armons nous aussi de balais et de pelles.
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Un peu plus tard nous réussissons à nous connecter sur internet. Et là, c’est le choc.
Les premières images des monstrueux ravages du tsunami à Sumatra, au Sri Lanka, à Pukhet et à Phi Phi, nous sautent aux visages comme des bombes à retardement.
L’horreur.
Les corps emportés par les flots.
Les victimes agrippées aux palmiers, aux toits, aux murs.
L’eau dévastant les rues de Phi Phi.

Si nous avions choisi d’y aller un jour plus tard, Cléo, Néna, Fabio et moi n’aurions pas survécu, et Alberto et ses fils, du haut du promontoire auraient, comme d’autres, assisté impuissants à l’engloutissement du village.

Il suffit parfois d’un détail pour avoir la vie sauve, cela s’appelle la chance.
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En fin d’après-midi nous marchons sur la plage. Les dégâts matériels sont énormes. Heureusement, sur Ko Lanta, il y a moins qu’une dizaine de morts. L’île étant peu construite, l’eau s’est répandue dans les espaces vides.
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Tous les resorts sont déserts, les touristes ont fui, le plus vite possible, créant sur les routes d’immenses embouteillages qui freinent le rapatriement des blessés vers la capitale.
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A Fisherman tout le monde a mis la main à la pâte. Pour remercier ceux qui l’ont aidé, Kun organise un dîner. Personne n’est parti de chez lui, ni les petites anglaises, ni la jeune canadienne, ni nous. Deux copains du maître des lieux, Olivier, un sympathique baroudeur français et Marc, un entrepreneur canadien qui a pris une année sabbatique pour visiter le monde, ont prêté main forte toute la journée, ils sont eux aussi invités.

Ho jongle avec un bâton enflammé et défie Olivier et Marc a un concours de boisson.

Le calme est revenu sur Ko Lanta.
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10.12.2006

Ko Lanta, le jour du tsunami (suite)

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Il est 11 heures nous sommes entassés à l’arrière d’une jeep et nous ne savons pas où nous allons.
Sur notre chemin, des voitures renversées, des maisons détruites, des arbres abattus témoignent de la violence des vagues.
Nous n’avons aucune idée, ni de ce qui c’est réellement passé, ni de la dramatique ampleur de l’événement.

La voiture nous dépose à flanc de colline, tout en haut, un restaurant panoramique en construction est déjà investi par des dizaines de thaïs et de touristes.
Nous nous installons sur une terrasse en bois. D’un groupe à l’autre, quelques informations commencent à circuler.
Et quelles informations !
Une femme affirme que l’océan a submergé le Bengladesh. « Et aussi les Maldives ! » dit un homme en anglais. « Et le Sri Lanka ! » ajoute un troisième.
Et tous s’accordent sur un point, le pire est à venir, une nouvelle vague est sur le point d’arriver, énorme, gigantesque, encore plus meurtrière.
Nous tentons de faire la part des choses, s’il apparaît, effectivement, que la situation est beaucoup plus dramatique que ce que nous avions initialement pensé, la colline sur laquelle nous nous trouvons a une altitude d’au moins 300 mètres, si l’eau arrive jusqu’à cette hauteur, toute l’Asie sera submergée et il faudra bien accepter le destin.
A ce moment là, le téléphone de Néna lui signale l’arrivée d’un message de sa sœur. Elle est en Italie, elle vient de se lever, elle a allumé la radio, a entendu les infos et a écrit, visiblement très préoccupée « Où êtes-vous ? Donne tout de suite de vos nouvelles, nous sommes très inquiets. »
Ce à quoi Néna répond illico « Tout va bien, nous sommes sur une colline, en sécurité, que s’est-il passé ? ».
Pour être honnête nous ne sommes pas complètement convaincus d’être en sécurité, mais effrayer nos proches serait stupide.
Et, d’Italie, la sœur de Néna répond « Epicentre Tsunami Indonésie ».
Tsunami ? Nous nous regardons incrédules. C’est où ? C’est quoi ? Une île ?
« Pfffft, dit Gio, vous êtes nuls, un tsunami, c’est un raz-de-marée ! »
Un raz-de-marée !!!
« Oui, nous confirme un français qui passe, on commence à avoir des informations, il y a eu un tremblement de terre en Indonésie. Ça a provoqué un raz-de-marée, à Sumatra, les dégâts sont énormes, probablement des milliers de morts. En Thaïlande on ne sait pas encore, mais j’ai entendu dire qu’à Phuket et à Phi Phi la situation est dramatique. »

A Phi Phi ! Il y a 24 heures nous déambulions dans ses ruelles étroites et bondées.
Nous avons eu une chance folle, chez Kun, l’eau a eu de la place pour se répandre, à Phi Phi, elle a dû s’engouffrer entre les boutiques et les maisons, sa violence redoublée par l’exigüité des lieux, et tout emporter sur son passage.
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Je téléphone immédiatement à mes parents, eux aussi viennent d’entendre les informations, on parle de milliers de morts en Indonésie, en Inde, au Sri Lanka, en Thaïlande.

Nous sommes maintenant près de deux cents sur la colline. Des femmes et des enfants thaïs se sont regroupés sur des nattes. L’inquiétude se lit sur les visages, qu’ont-elles laissé sur le bord de mer ? Un restaurant ? Une boutique ? Une maison ? Peut-être ont-elles des maris pêcheurs, embarqués ce matin sur de frêles embarcations ?

Par rapport à eux nous ne sommes vraiment pas à plaindre, au pire nous ne retrouverons pas nos valises.
Les téléphones portables sonnent de toutes parts.
Le restaurant prépare des plats de riz et met la musique à fond, Tracy Chapman
Le temps passe.
Interminable.
Vers 15 heures Ho arrive, il nous a cherché partout, dans tous les camps de fortune, Kun et lui étaient préoccupés pour nous. Au resort, seul un bungalow est tombé, mais l’eau a tout envahi, la cuisine, le lounge, trempant le matériel informatique, et l’impressionnante collection de CD de Kun, disc jockey pour des soirées.
Néna s’acharne sur son téléphone pour joindre le ministère des affaires étrangères italien, rien à faire, nul ne répond.
Nous prêtons nos portables à des Français qui veulent rassurer leurs familles. Les vagues les ont surpris alors qu’ils étaient à la plage, ils n’ont pas pu retourner dans leur bungalow, ils n’ont rien, ni papiers, ni argent.
Vers 16 heures Fabio et Alberto décident d’accompagner Ho au resort, par sécurité nous passerons la nuit sur la colline, mais peut-être peuvent-ils rapporter des vêtements plus chauds et des couvertures, cette nuit, il fera plus frais.
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Nous attendons leur retour.
Le temps passe.
Les toilettes sont bouchées.
Il n’y a plus d’eau au robinet.
Les hommes reviennent.
La nuit tombe sur les petits groupes épars, assis au milieu des ballots et des bouteilles vides.

La musique est toujours aussi forte.
Ambiance de fin du monde, nous serions les seuls rescapés, perdus en haut de cette colline, à attendre sans trop savoir quoi, au son de David Gray.
“ Sail away with me honey
   I put my heart in your hands
   Sail away with me honey now, now, now
   Sail away with me
   What will be will be
   I wanna hold you “

Deux thaïlandais s’affairent pour monter des tentes, à ma grande honte, les touristes ne bronchent pas et nous sommes presque les seuls à aider. Assis contre un arbre, un jeune indien pleure, la tête entre les mains. La plupart des téléphones sont désormais muets, vides ou déchargés, mais certains lancent encore des appels désespérés pour joindre des amis, ou de la famille, dont ils sont sans nouvelles.
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Nous nous forçons à manger un peu de riz, mais il faut reconnaître que la bière passe nettement mieux.

Toujours la musique, Jack Johnson « Times like this. »

Et l’attente.

Autour de nous la jungle bruit et s’agite. Une jeune femme pousse un hurlement, elle vient de voir un serpent se faufiler sous un buisson, à un mètre d’elle.
Du coup, quand un petit crapaud saute brusquement sur ma couverture j’hurle moi aussi.
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Un groupe de musulmans a planté des tentes en contre bas, les hommes jettent sur nous des regards froids et leurs femmes restent invisibles. Dans cette zone, proche de la Malaisie, il y a de nombreuses frictions religieuses.

Malgré la musique l’ambiance est tendue.

Des touristes nordiques se gavent de bière, puis disposent les cannettes en cercle autour d’eux.

Puis c’est le silence.
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Vers deux heures du matin, épuisés, nous nous allongeons à même le sol sous une tente pour essayer de dormir.

A suivre…

08.12.2006

Ko Lanta, le jour du tsunami

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26 décembre, aujourd’hui, pas question de quitter notre plage !
Qu’importe la piètre qualité du café, le ciel est immaculé et la mer scintille sur les rochers que la marée a découverts.
Au loin Gio, les pieds dans l’eau, scrute les algues pour y dénicher des poissons ou des crabes.
Alberto et moi nous appliquons à dessiner un drôle d’arbuste biscornu qui trône au milieu du pré.
Néna et Fabio lisent face à l’océan.
A 9 heures30 ma princesse émerge de son bungalow, hier soir elle a tenu compagnie à Ho, qui versait à boire à quelques clients venus d’un autre resort.
Enfin apparaît Lori, échevelé et titubant d’avoir tant dormi.
Le silence est total, ce matin les oiseaux sont discrets. Ils savent, eux, que le malheur approche.
Nous non, et quand la mer se retire, si loin qu’on ne la voit plus, et que la première vague se profile à l’horizon, blanche d’écume, longue, irrésistible, nous la contemplons.
« Guardate questa onda, s’écrie Néna, é meravigliosa ! »
Merveilleuse, vraiment, elle se détache sur l’azur, gronde, bouillonne.
Mais voilà que sa force est telle qu’elle soulève un bateau ancré au large, et le portant sur sa crête, ballotant de droite et gauche, l’emporte vers le rivage.
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Mais voilà qu’au lieu de mourir sur le sable la vague poursuit sa course folle, grimpe le talus et vient se répandre sous nos pieds.
Nous échangeons des regards surpris.
Que se passe-t-il ?
Peut-être un gros navire, au loin, a-t-il provoqué cette furie ?
L’eau se retire, comme tirée par une main géante, abandonnant des algues et des petits poissons que Gio sauve de la mort en les jetant dans l’eau.
Une autre arrive, tout aussi forte, et vient nous lécher les pieds.
Puis l’océan devient fou, les vagues sont perpendiculaires à la plage, elles déferlent de droite et de gauche, charriant des chaises, des tables, des barbecues ravis aux restaurants voisins, des branchages et des planches.
Cette mer, qui, il y a quelques instants, était si belle, est devenue sombre et houleuse. Elle ondule, menace.
Ho, Kun et son père nous ont rejoints sur la plage. Le père de Kun est inquiet. Il ne sourit pas, hoche lentement la tête, scrute l’horizon.
« It’s the first time, we don’t understand » nous dit Kun.
Personne ne comprend, mais les flots semblent plus calmes.
Et nous, incorrigibles optimistes, ou parfaits crétins, inconscients de la gravité du phénomène, nous ramassons tranquillement nos serviettes et nos tongs, pour les poser dix mètres en arrière, au sec.
L’eau est repartie, on la voit miroiter à l’horizon.
Des enfants thaïlandais arpentent la plage, ils cherchent des coquillages.
Ouf ! Le calme revient, non pas que nous ayons eu peur, mais quand même, c’est les vacances !
« Un’altra, enorme ! » crie Lori.
Elle arrive du fond du ciel, blanche, rugissante, extraordinairement rapide, le temps de faire quelques pas en arrière et elle a escaladé le talus.
Cette fois nous courons vers le fond du pré, poursuivis par la vague. Le mur de la douche explose, les chaises volent, le bungalow de la jeune canadienne s’écroule, l’eau envahit le bar, la cuisine, se répand au pied de notre bungalow et enfin, s’arrête.
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Le champ est devenu une mare sale et boueuse, nous avons de l’eau jusqu’aux chevilles, nous sommes hagards et, finalement, apeurés.
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Profitant d’un moment de calme, l’océan s’est à nouveau retiré, nous nous précipitons dans nos bungalows pour prendre nos passeports, nos billets d’avion, nos téléphones et l’argent que nous avons.
Elle revient, elle revient, nous courons dans le chemin, les pieds dans l’eau. Fabio et Alberto, caméras en main restent à l’arrière, ils veulent filmer, d’autres à Phi Phi ou à Phuket, paieront de leur vie cette passion de l’image.

Au bord de la route, ahuris, mais espérant être hors de danger nous nous demandons quoi faire, où aller.
Nous sommes en zone musulmane et la voix du muezzin crie au-dessus de nos têtes un chapelet de paroles incompréhensibles d’où émerge le nom d’Allah.
Fabio et Alberto tardent à nous rejoindre et l’angoisse s’installe. Les deux petites anglaises sont avec nous, elles ont peur elles aussi.
Enfin ils arrivent.
Sur la route, une jeep conduite par un thaï s’arrête et nous propose de nous emmener en sécurité sur une colline. Nous nous entassons à l’arrière.

A suivre…

07.12.2006

Ko Phi-Phi, Thaïlande, la veille…

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Jour de Noël 2004, cédant à la curiosité, nous embarquons sur une vedette pour une excursion d’une journée à Phi Phi, haut lieu touristique.
Fabio s’en souvient, il y est allé il y a vingt ans et, sur la plage, les pieds dans le sable, il avait mangé des poissons grillés. Il y avait peu de touristes alors, l’île était belle et calme.

A peine assis dans la vedette, notre décision du jour nous apparaît peu pertinente. D’abord nous ne sommes pas seuls, mais inclus dans un petit groupe composé de deux familles du nord de l’Europe, et d’un couple de Français, avec qui nous allons passer la journée en suivant un programme bien établi. La vedette file à toute vitesse, elle tape sur la surface de l’eau et le bruit du moteur empêche toute discussion. Nous sommes serrés sur le pont, sans rien voir, et fortement incommodés par l’odeur du carburant. Et dire que nous aurions pu nous la couler douce chez Kun, traîner sur la plage, ne rien faire, avec la délicieuse impression d’être chez nous puisque sur les dix bungalows du resort nous en occupons quatre, dans le plus proche de la mer loge une jeune canadienne, dans un autre deux étudiantes anglaises, et quatre sont vides.

Mais non, nous avons préféré sacrifier à la mode touristique et nous offrir cette journée !
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Une heure et demie plus tard, nous débarquons sur la plage de Phi Phi. Là-dessus, sans perdre une minute le guide nous entraîne à sa suite et à toute vitesse dans un dédale de ruelles où les pensions économiques alternent avec les boutiques de souvenirs, les restaurants, les crêperies et les pizzerias.
Arrivés au pied de la colline, du haut de laquelle, nous assure le guide, on jouit d’une magnifique vue sur la baie, essoufflés et assoiffés, nous échangeons des regards dubitatifs, l’escalier qui mène au panorama est bien raide ! Les deux famille nordiques entament l’ascension d’un pas allègre et le couple de Français, qui était encore plus à la traîne que nous, s’est perdu en chemin. « J’y suis déjà monté, il y a vingt ans ! » Dit Fabio, donnant le signal de la défection, et immédiatement imité par Néna, Cléo et moi. Gio et Lory se rallieraient volontiers à notre cause, mais Alberto en décide autrement et il s’engage gaillardement dans l’escalier suivi de ses fils qui traînent les pieds.
Il est 9 heures 45.
Nous nous donnons rendez-vous une heure plus tard sur la plage pour reprendre le bateau et tranquillou, tranquillette, nous nous installons sur une terrasse pour boire un café.

Nous flânons ensuite dans les ruelles.
Il y a du monde, trop de boutiques, trop de bars.
Les constructions légères sont imbriquées les unes dans les autres, les rues sont étroites, biscornues. Le village a été construit au fur à mesure, n’importe comment. Beaucoup de boutiques ou de restaurants appartiennent à des occidentaux qui se sont acoquinés avec des thaïs. L’endroit est particulièrement rentable.

Deux ans après, écrivant ces lignes, je ressens encore cette impression d’étouffement. Je n’aurais su dire pourquoi mais, dans ce village artificiel et encombré, nous étions un peu oppressés, vaguement mal à l’aise.
Mais il est possible que je me trompe, peut-être étions nous parfaitement heureux, et que mon souvenir soit entaché par l’horreur qui a parcouru ces lieux, exactement, 24 heures plus tard.

Nous retrouvons Alberto et les garçons, le groupe est à nouveau au complet, même les Français sont réapparus. Pause « snorkeling » (terme anglais signifiant tout simplement observer les fonds marins avec un masque, un tuba et des palmes) au large de l’île ; pour moi, ça dure cinq minutes, les poissons sont splendides et les fonds magnifiques, mais plonger au milieu de cinquante personnes me gâche le plaisir, d’autant que ma maitrise de l’action est loin d’être totale, et que je préfère m’y adonner là où j’ai pied et seule avec Fabiolino, qui ne fait pas mieux que moi. Alberto et les enfants s’amusent, tant mieux !
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Cap sur l’île du film « the Beach ».  La nuit l’île est quasiment déserte, le jour les singes qui vivent dans le grand arbre se font nourrir par les touristes, c’est finement joué, il en débarque une pleine vedette toutes les dix minutes, venus pour pique-niquer.

Je sculpte un bouddha en sable.
Cléo prend la pose.
Gio fait un tunnel.
Nous nous baignons.
L’eau est chaude.
C’est le meilleur moment de la journée.
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A deux heures nous repartons, nouvelle halte snorkeling, cette fois je ne descends même pas du bateau, en proie à une bouffée d’angoisse intempestive, je passe un quart d’heure à suivre des yeux ma princesse en l’accablant de conseils et de recommandations, Néna en fait autant avec Gio et Lori, ce qui fait qu’à nous deux nous cassons les pieds à tout le groupe.

Le retour est aussi pénible que l’aller.
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Enfin, à 5 heures, nous arrivons chez nous, c'est-à-dire chez Kun.

Et nous nous affalons sur les coussins, goûtant un repos bien mérité (façon de parler bien sûr !).
Nous échangeons des sourires avec le père de Kun, un vieux monsieur au sage visage. Ils sont bouddhistes et d’une totale sérénité l’un comme l’autre, et comme Ho, le serveur qui rigole avec Cléo.
En accord avec sa philosophie de la vie Kun n’a pas créé un grand resort lucratif, il a essaimé quelques bungalows dans son champ, préférant une poignée de clients tranquilles à la foule consommatrice de plaisirs factices.
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Le soir, infidèles, nous allons dîner dans un restaurant de la plage, assis sous un grand arbre.

Puis à nouveau la terrasse du resort, le Red bull, l’excellente musique de Kun, la nuit qui s’étale sur la mer.

Ko Lanta, Thaïlande, le 25 décembre 2004

A suivre…
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04.12.2006

Ko Lanta, Thaïlande, deux jours avant…

 

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Hier, après quelques jours à Bangkok et une incursion à Sukhothai, au nord de la Thaïlande, nous avons posé nos valises et nos sacs sur Ko Lanta, une île du Sud, dans l’Océan Indien.

Fisherman, le resort de Kun est tout au bout de la grande plage. Il est simple, quelques bungalows portant des noms de poissons dispersés dans un pré. Le nôtre est blanc, avec une petite salle de bains en plein air. Celui de nos amis est en bois et palme et celui de leurs fils, sur pilotis, ce qui fait que de la fenêtre de leur chambre ils ont une splendide vue sur la salle de bains de Cléo, ma fille.
Ça nous a bien fait rire.

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Cette première nuit à été un peu dure pour nos amis, la « Picci Family », dont deux des membres, peu habitués à voyager dans des terres exotiques et à dormir dans des huttes s’inquiètent de l’éventuelle présence d’animaux inopportuns.
Moi, non, je suis persuadée que des serpents rampent paresseusement dans le champ voisin, d’ailleurs j’ai aperçu l’un deux, vert comme l’émeraude, somnoler sur une souche, mais quand je voyage mes peurs s’estompent. Je suis d’ailleurs arrivée à cette étrange conclusion : ce dont l’idée me terrifie quand je suis parfaitement en sécurité dans mon salon, ou mon lit, me laisse quasiment indifférente quand je le côtoie réellement, autrement dit ce qui m’effraie le plus est ce qui naît de ma propre imagination !
En voyage, rien ne me dérange, ni les cafards, ni les araignées géantes, ni même les serpents (à condition qu’ils ne s’approchent pas trop quand même).
Il n’en est pas ainsi pour Giovanni et Nena qui ont soigneusement inspecté les recoins de leurs bungalows et les herbes environnantes avant de passer une nuit quasiment blanche à épier les bruits de la nuit.
De plus, Giovanni est un peu déçu, devant le resort la plage est magnifique, mais le niveau de l’eau très bas, et rocailleux, ce qui fait que pour se baigner il faut parcourir trois ou quatre cents mètres, droit devant, en pataugeant au milieu des algues et en se tordant les pieds sur les rochers. L’autre solution consiste à marcher sur la plage, pour trouver un endroit plus facile.
Bon, Gio, ne fait pas la tronche… mais presque.
Heureusement, ce soir, nous fêtons Noël !

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Nous marchons sur la plage. Dans son centre les resorts et les restaurants se succèdent, collés les uns aux autres. L’appât du gain a convaincu sans peine les propriétaires des bungalows d’en construire un maximum sur un minimum de terrain.
Il n’y a pas encore beaucoup de touristes. Ko Lanta, n’est pas une des îles les plus visitées, au contraire, elle est réputée pour sa tranquillité.
Il n’en est pas de même à Pukhet ou à Phi Phi. Des milliers de touristes s’y déversent chaque hiver et tout est conçu pour leur plaire, les hôtels faussement exotiques, la nourriture standardisée, les bars où les jolies thaïlandaises proposent aux mâles occidentaux imbibés de bière des massages très très intimes, les bordels où des enfants sont vendus à la concupiscence de ceux qui  vont sous les tropiques se livrer aux pires turpitudes.

Rien de tout cela à Ko Lanta !
Chez Kun, on paresse dans les hamacs, on déjeune sur la terrasse en pilotis, affalés sur des coussins, face à la mer.
Puis on lit, on parcourt la plage pour se tremper, on revient au bungalow, on fait la sieste.

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On sirote une bière en regardant le soleil s’enfouir dans la mer.

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C’est le dîner de Noël, buffet de poissons grillés au barbecue, salade, riz.
Nous nous faisons des cadeaux.

Kun et Ho, le serveur, allument des feux de bengale et des pétards colorés.

Tout au long de la plage, zioum, fiooumm, bizzzzz…

C’est la fête !

Et nous, assis dans le sable frais, nous nous envoyons, à la paille, un plein seau de Red Bull mélangé à du Coca et du Whisky. Suite à quoi nous rions d’un rien, et nos enfants, même Gio, sont contents.

Demain, nous ferons une excursion à Phi Phi Island.

Ko Lanta, Thaïlande, le 24 décembre 2004

A suivre…

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