Small Things Productions

2008

Quand les mots anciens ne se forment plus sur la langue, des mélodies nouvelles surgissent du cœur; et là où les vieilles pistes ont disparu, un nouveau pays se révèle avec ses merveilles.

Rabindranath Tagore, "Gitanjali"

LES TEXTES:

(ON THE ROAD)

Le voyage du 14 juillet
Intermède
La valeur d’une vie
Dasavathaaram : the clip
Rentrer

(KHAJURAHO)

Une Espagnole, un Italien et une Française se retrouvent dans un hôtel à Khajuraho…

Khajuraho : l’école de langues, les préliminaires
Khajuraho, les temples
Khajuraho : l’école de langues, le lancement
Khajuraho : considérations diverses
Khajuraho, l’école de langue, du rififi chez les guides !
Pushpa et Poolan, indiennes

(CHENNAI)

Prema Vasam (la maison de l’amour)
Prema Vasam : The Queen
Prema Vasam : le terrain
Retour à Prema Vasam
Les filles de Prema Vasam

(VELLANAD, TRIVANDRUM, KERALA)

Namaste : l’anniversaire, les préparatifs
Namaste: la fête
Casa delle Mamme : faire le point (1)
Casa delle Mamme : faire le point (2)
Casa delle Mamme : faire le point (3)
Casa delle Mamme : faire le point (4)
Malavila
L'hôpital (1)
L'hôpital (2)
L'hôpital (3)
Raju

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Prema Vasam (la maison de l’amour)

Valeria, créatrice de Namaste, l’onlus qui nous aide à gérer la « Casa delle Mamme », nous a demandé de rencontrer Selvyn, un psychologue qui a monté une association caritative, Prema Vasam, dans la banlieue de Chennai.
Cette requête étant toute récente nous ne savons pas vraiment qui est qui et qui fait quoi mais notre mission consiste à voir un terrain appartenant à Selvyn et qui pourrait être utilisé pour construire un centre, géré conjointement pas Namaste et Prema Vasam, destiné à accueillir de jeunes garçons en grande difficulté familiale, orphelins ou abandonnés par leurs familles.

Mumtaj et Selvyn

L’opération doit être financée par une grosse entreprise métallurgique bolognaise implantée à Chennai et les dirigeants de celle-ci attendent un projet diligemment rédigé par les bons soins de Selvyn.
Or, et c’est là où nous devons intervenir, les ébauches de projet qui émanent de Prema Vasam comportent des lacunes. Le temps passe et Valeria s’impatiente.
Bref, nous devons convaincre Selvyn de s’activer efficacement et au plus vite, faute de quoi l’entreprise italienne pourrait bien aller chercher ailleurs !

Nous arrivons à Prema Vasam en fin de matinée, dans la vieille Ambassador blanche que nous a envoyé Selvyn.
C’est un grand bâtiment bleu. Une galerie court sur le côté. A droite, sous un préau, nous apercevons des enfants allongés. Ils se reposent, ou dorment peut-être.
Nous ne le saurons pas tout de suite car Selvyn se précipite à notre rencontre et nous invite à nous asseoir dans un bureau. Nous faisons la connaissance de Mumtaj, sa plus proche collaboratrice.
La bonne humeur règne. On nous sert à boire. Des enfants viennent nous voir de près. Ils appellent tous Selvyn « appa » (papa).
On nous présente différentes jeunes femmes dont j’oublie immédiatement les prénoms.
Après quelques politesses d’usage nous attaquons l’argument pour lequel nous sommes venus, c’est-à-dire, le fameux terrain.
« Plus tard, plus tard, dit Selvyn, d’abord nous voulons vous faire visiter Prema Vasam »
Il nous explique qu’il a crée ce centre après avoir trouvé sur un trottoir un petit garçon mourant, Prem. Bouleversé par les conditions de vie des enfants des rues il a décidé de leur consacrer son temps, son énergie, sa vie. Et, plus particulièrement de secourir les plus faibles, les plus démunis d’entre eux. Ceux envers qui la nature a été la plus cruelle.
Soudain un groupe de joyeuses écolières en uniforme fait irruption dans le bureau. Aussitôt les choses s’accélèrent. On fixe une guirlande de jasmin dans mes cheveux et on nous entraine dans la galerie. Puis, hop, des fillettes nous passent autour du cou de somptueux colliers de fleurs et nous commençons la visite du bâtiment par le préau où il m’avait semblé voir dormir des enfants.

Ils ne sont pas endormis. Ils gisent sur des nattes. Pour beaucoup d’entre eux c’est la seule position que permettent leurs corps.
Ils sont une trentaine, allongés les uns à côté des autres.
Certains ne peuvent pas du tout marcher, d’autres, soutenus esquissent quelques pas.
Aucun ne sait parler.
Assis en file le long d’un muret, des kinésithérapeutes massent les membres décharnés, les ossatures biscornues, les crânes plats ou pointus.
La vaine et douloureuse illusion de partager la souffrance d’autrui mêlée à un profond sentiment d’injustice me transperce avec une telle fulgurance que l’espace d’un instant mes yeux s’emplissent de larmes. Est- ce cela la compassion ?

Mais, allant au-delà de ce qui ne pourrait-être qu’un apitoiement passager, je comprends que grâce à Prema Vasam ces enfants vivent dans les meilleures conditions possibles.
Jetés dans la rue par les familles, abandonnés devant les temples ou les églises, ils ont trouvé ici un havre de paix.
Un refuge tendre et aimant.

Sous les mains expertes des masseurs, les corps se détendent et des sourires viennent éclairer les visages crispés.
De nombreuses femmes s’affairent pour nourrir, changer, déplacer les enfants. Leurs gestes sont doux et sûrs. Elles rient. Parlent aux enfants.
Et je perçois désormais la sérénité qui règne sous ce préau, où chacun s’applique à aider, à soulager, à panser, à nourrir ces petits d’hommes que le destin a maltraités.

     
Small Things Productions

2008

Claudine Tissier & Fabio Campo