Lumbago au Kerala

Lundi 18 février

Taraudée par la douleur qui, depuis plusieurs jours, s’est, sans gêne aucune, installée dans le bas de mon dos, j’ai mal dormi. Le réveil est pénible et sortir du lit, une épreuve.
J’avance à petit pas, l’échine courbée, une barre de plomb fondu posée sur les reins.
Assise, c’est encore pire, debout, ça pourrait aller mais finalement je me recouche, affalée sur le côté et le moral en berne.
C’est dans cette position que me découvre Sheela, la gentille femme de ménage. Elle s’approche de moi, la mine affligée. Je lui explique que j’ai très mal au dos. Elle répond quelque chose en malayalam. Evidemment, je ne comprends rien. De la main elle me fait signe de ne pas bouger et s’en va.
Elle revient quelques minutes plus tard, tenant un petit flacon. L’étiquette étant écrite en malayalam, impossible de savoir ce qu’il contient.
Sheela me fait signe de m’allonger sur le ventre et de dégager mon dos. Elle verse un peu de produit dans sa main et l’étale doucement sur ma peau. A l’odeur et à la consistance, je devine qu’il s’agit d’une huile contenant du camphre. Ça ne peut pas me faire de mal. Effectivement la douleur s’estompe.
S’ensuivent deux heures de relatif bien être. Je circule dans les bureaux de l’association et déjeune dans la salle à manger. Je décide aussi de me faire conduire chez un médecin en fin d’après-midi, la plaisanterie, mauvaise, a assez duré ! Je tiens désormais pour acquis que mon mal porte un nom : lumbago.
Las, vers 14h, la douleur reprend son poste et me pousse à nouveau sur mon lit.
Cette fois c’est Padmini, la cuisinière, qui vient me rendre visite, m’apportant un pot de thé de brûlant. Elle pose sa main sur mon dos, appuie légèrement les doigts.
« Aïe !
Hospital ! » Répond-elle d’un ton sans appel.
Puis, de ses poings serrés, elle mime mes vertèbres, appuie sa main sur l’oreiller, me fait comprendre qu’il est mou et secoue la tête. Voilà, mes vertèbres sont douloureuses et mon dos complètement contracté ! Lumbago, je vous dis !
Padmini prend le pot de thé brûlant et le passe doucement sur mon dos, à travers le fin coton de mon pantalon, je sens la chaleur irradier mes muscles. Elle dessine lentement des cercles avec le pot. Pour finir, elle me masse délicatement avec l’huile que Sheela a utilisée ce matin.
Soulagement !

Padmini and Ajitha, Vellanad, India, 2013

17h
Taddeus peut enfin m’emmener à la clinique privée du docteur Sanjeevi.
Un jeune (très jeune) docteur m’ausculte et me questionne. Son diagnostique est le même que celui de Padimini et moi : lumbago. Il m’explique que c’est fréquent chez les femmes de mon âge (et oui, tout s’use !), que je dois faire attention à mes mouvements, me reposer pendant une semaine et qu’il me prescrit un traitement : une injection et des cachets à prendre 5 jours. Il ajoute qu’il me conseille de dormir sans matelas, directement sur la planche du sommier.
Mais ça, c’est nettement au-dessus de mes possibilités. Pas de matelas, pas de sommeil !

Et hop, une infirmière me plante l’aiguille d’une seringue dans la fesse !

lumbago

Puis la pharmacie de la clinique me délivre les médicaments pour 5 jours.
Coût total : 120 roupies, c’est-à-dire 1,66 €
Et ô merveille, au bout de quelques instants, mon dos se détend et je n’ai plus mal !

Bon, je ne crois pas que soit déjà fini mais en principe, dans quelques jours, ça devrait aller bien !

lumbago2

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