L’art du commentaire

Il y en a d’excellents, d’émouvants, de drôles, de méchants, de gentils, d’érudits, de sots, de plats.
Et, lorsque nous décidons de partager  quelque pensée ou émotion en laissant un commentaire, c’est dans ces deux dernières catégories que nous ne souhaitons pas que les fruits de nos cogitations  soient expédiés par celles et ceux qui les liront.

Mais qu’est-ce donc, commenter ?

Mon petit Robert me répond :

1. expliquer un texte par un commentaire, synonyme: gloser
Gloser sur un blog…il y a-t-il des “gloseurs” de blog ?
Oui, ils sont même monnaie courante, ceux qui répètent à leur propre sauce ce qui a déjà été écrit. D’autant qu’une des particularité du lecteur de blog (ou de la lectrice bien sûr) est sa rapidité. Arrivé à la fin d’un texte qu’il a survolé, il s’empare d’une phrase et la réécrit à sa façon… Parfois même il saisit l’occasion pour se mettre en avant, comme s’il voulait éclipser par sa brillance, son érudition ou la force de sa pensée l’auteur du billet commenté.

2.(VIIème), vieilli : donner des interprétations, souvent malveillantes, synonyme : épiloguer sur…
Des  “épilogateurs” de blog ?
Oui, là aussi la catégorie est bien représentée : attaquer sur détail, sur le style, persifler sur une phrase, interpréter  pour condamner, parfois durement, ou avec une ironie douteuse. Il est d’ailleurs intéressant que de noter que, souvent, courageux mais pas téméraire, ce type de commentateur, le troll, n’a pas de blog, ou s’il en a un, il ne le met pas en lien.

3. faire des remarques, des observations, sur(des faits) pour expliquer, exposer
Des  “remarqueurs”  ? des observateurs ?
Oui aussi, bien sûr et, heureusement, ils sont les plus nombreux. Lorsque nous laissons nous aussi quelques mots sous un texte c’est ainsi que nous souhaitons être considérés.

Mais pire encore, il y a l’absence de commentaires qui, dans les moments de vague à l’âme et d’incertitude, peut laisser la désagréable impression d’avoir écrit dans le vide, pour rien, pour des invités indifférents qui ont pris au passage ce que vous avez offert de vous, de vos idées, de votre histoire et  sont repartis  sans mot dire.

D’un autre côté, me direz-vous peut-être, personne n’est contraint d’avoir un blog et d’y déballer ses pensées. Quand on décide de le faire on assume sans les déplorer les critiques et l’indifférence. Sinon, on met la clé sous la porte.

Toute ironie mise à part, commenter n’est pas toujours facile. Souvent paralysés par nos égos nous avons peur de laisser un « mauvais » com, qui donnera de nous une image différente de celle que nous aimerions donner, ou alors l’inspiration nous fuit, nous ne trouvons pas les mots, et nous n’avons pas le temps de les chercher.

Etant à la fois blogueuse et commentatrice il m’est déjà arrivé, volontairement ou par maladresse d’écrire des commentaires dignes de la définition 1 ou de la définition 2.

Car j’ai plutôt le commentaire facile même s’il n’est pas toujours pertinent. Parfois je ne laisse que quelques mots, comme un clin d’œil, juste pour dire : je t’ai lu(e), tu n’as pas écrit pour rien, ton texte existe et je reconnais la part de toi, intime, que tu y as déposée. Pour complimenter aussi, on ne fait jamais trop de louanges quand elles sont sincères. Parfois aussi, m’engageant bravement dans de putrides marécages, j’interviens pour me défendre d’une attaque que j’ai estimée injuste ou offensante. J’expose mon point de vue, trois petits tours et puis je m’en vais, car polémiquer sans fin avec qui a l’insulte au bout des doigts est une perte de temps et d’énergie.

Dans ce monde égoïste, anxieux, froid, les marques d’amitié, d’écoute, d’empathie sont précieuses,  comme le sont les débats qui enrichissent, ou non, mais qui toujours ont le mérite de libérer la parole, de permettre le brassage des idées et la communication, alors commentez, ne retenez pas vos mots, ce qui compte souvent, c’est le geste.

Car parfois, du geste, naît la rencontre.

Note : j’ai écrit ici des considérations générales, en ce qui concerne Celestissima j’ai la chance d’avoir de nombreux commentatrices et commentateurs que je remercie 🙂


A lire chez Eric  du blog Crise dans le médias: 50 raisons de commenter un blog

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