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31.05.2007

Du Kerala à l’Emilie Romagne

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Il y a deux semaines, exténués par le voyage et dépités d’apprendre que leurs deux grosses valises n’avaient pas suivi le mouvement et étaient restées coincées à Dubai, Anil et Monu sont arrivés à l’aéroport de Milan.
Fabio les a récupérés au bureau des réclamations où Monu, les cheveux encore cachés par le foulard noir qu’elle avait mis à Dubai pour ne pas déroger à la mode locale, regardait Anil expliquer, en anglais, leur infortune à un employé nonchalant.
Sini et Roy, inquiets de ne pas les voir arriver attendaient impatiemment sur le parking.


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Pour qui n’aurait pas suivi l’intégralité de nos aventures indiennes, Monu est la sœur de Sini, notre amie kéralaise qui vit à Bologne avec Roy, et Anil, son jeune mari.

Venir vivre en Italie était leur souhait le plus cher. Nous les avons aidé à le réaliser. Il y a plus d’un an, après des heures de queue devant un office postal, nous avons déposé (sans trop y croire) auprès de l’administration italienne une promesse d’emploi les concernant. Berlusconi n’a pas été réélu (youpi !) et le gouvernement Prodi a régularisé toutes les demandes (il aura au moins fait ça). Suite a quoi ils ont dû accomplir d’interminables démarches auprès de l’ambassade italienne de Bombay et des autorités indiennes pour obtenir un visa.
Evidemment, quand, nous occidentaux, voulons élire domicile dans un autre pays, tout est généralement plus simple, mine de rien, ça fait une sacrée différence.

Avant de venir, ils se sont mariés, Monu, qui en réalité s’appelle Ninu, en rêvait depuis des années.

Mais comme ils sont jeunes !

Pour dire la vérité nous avons tenté, sinon de les dissuader, du moins de leur expliquer que la vie en Italie, quand on est Indien, donc basané et différent, n’est pas toujours très facile, que Sini et Roy travaillent sans cesse (50 heures par semaine passées à nettoyer des bureaux, des magasins, des écoles), que l’hiver il fait froid – « Qu’est-ce que c’est ? » a demandé Monu, en montrant le radiateur de la cuisine - que les italiens ne sont pas tous sympathiques, certains affichant même un racisme décomplexé (c’est fou cette vague actuelle de « décomplexion » des pulsions négatives) tout à fait inquiétant, et que si nous nous avions le choix nous préfèrerions, sans hésiter, vivre au pays des cocotiers que dans celui des spaghettis, mais nous avons respecté leur choix.
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D’autant que s’ils n’avaient pas pu venir en Italie, Anil aurait dû immigrer (sans Monu) dans un pays du golf, pour y bosser sans relâche pendant de longues années.
Son père, qui a travaillé au Koweït pendant 25 ans, en avait décidé ainsi, et au Kerala, on ne remet pas en cause les décisions paternelles, on se tait et on obéit.
C’est comme ça, les hommes kéralais s’exilent volontairement dans les pays du golf, où ils se font exploiter sans vergogne.
Et moi je pense toujours à Dennis, le gentil alcoolo de Kochi qui noyait son sort dans des litres de whisky.

Ce n’est pas pour échapper à la misère qu’ils partent ainsi, laissant au pays leurs femmes et leurs enfants, non, ils ne sont pas pauvres, rien à voir avec mon copain Rapa venu à pied de Sierra Leone pour échapper à l’enfer, c’est pour faire construire une belle maison, avec du marbre dans l’entrée, c’est pour envoyer les enfants à l’école privée, c’est pour participer frénétiquement à la société de consommation.

Que reste-t-il de Gandhi ?

Deux semaines après l’arrivée des tourtereaux, Sini et Roy nous ont invités à dîner, avec quelques amies qui sont les collègues de Fabio.
Anil s’est rasé la moustache et les coups de cafard des premiers jours se sont un peu estompés. Sini me dit que dans la journée pendant que Roy et elle travaillent, ils ne sortent pas de l’appartement, mais il est vrai qu’ils sont de jeunes mariés, enfin seuls, après cinq ans d’amour obligatoirement platonique.
Ils envisagent de s’inscrire à un cours d’italien. Ils ont de la chance, Sini et Roy s’occupent d’eux. L’arrivée de Sini en Italie, fut beaucoup plus douloureuse.
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Je demande à Anil si quelque chose le surprend. Il hésite avant de répondre non.
« And what about italian ladies ? » je désigne nos amies, qui fument, boivent et plaisantent alors que les maris sont, par choix, restés à la maison.
Il sourit. J’insiste.
« They are not like Indians ladies »
Et il a ce joli balancement de la tête qui veut dire oui.

Bonne chance Anil et Monu dans cet occident égoïste et froid, j’espère que vous saurez y être heureux.
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26.05.2007

1961: les vacances en Corse

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Le gros bateau qui nous emmène en Corse s’appelle le Napoléon. Orgueilleux de ses bois vernis et de ses cuivres brillants, il croise fièrement vers l’île de Beauté. Sur le pont éclaboussé de soleil, grisée par la brise marine et ma poupée sous le bras, je découvre l’infini de la mer, ses roulis et ses tangages, la dentelle blanche de l’écume, la plongée du ciel dans la mer, tout là bas, à l’horizon. Je suis aussi très préoccupée par la disparition du chien de nos voisins de transats qui a profité d’un moment d’inattention de leur part pour prendre le large, trainant sa laisse derrière lui.

Ces vacances seront une bulle de bonheur, scintillante et pure, que nul souci n’entachera et dont l’enchantement marquera à jamais ma mémoire.

Mes parents, sont jeunes, amoureux, ils découvrent le monde avec curiosité et enthousiasme, le même enthousiasme qu’ils portent à leur profession d’instituteurs, convaincus qu’ils sont de l’importance de leur rôle.

Annie et moi sommes deux fillettes adorables, par la suite, les tourments de l’adolescence aidant, il parait que nous deviendrons des pestes, mais ce temps là est encore loin et pendant cet été corse,  je n’ai que deux héros : mon papa qui sait plonger la tête la première et marcher au milieu des chardons et ma maman qui chante « Au gai vive la rose » et « Perrette était servante ». Pour ma part je passerai mes vacances à entonner gaiement et à tout bout de champ « Napoléon est mort à Sainte Hélène, son fils Léon lui a crevé le bidon », faisant preuve à la fois d’un total manque de tact, d’une absence notable de sens poétique, mais d’un goût de la provocation déjà développé. Mes parents m’intimeront souvent de me taire, rien n’y fera je m’accrocherai à la rengaine avec toute l’énergie de mes 5 ans.

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La Corse que nous découvrons est une perle, une beauté encore farouche à l’image de Colomba, dont l’histoire, lue des années plus tard, me ravira.
Dans le maquis embaumé des senteurs de plantes sauvages, les lézards dorment sur les pierres, chaudes bercés par les chants de cigales et les ânons gris lourdement chargés transportent des victuailles vers les fermes isolées, loin dans la montagne.
Et puis, pendant  notre absence l’un d’entre est entré dans la tente et a dévoré notre déjeuner de quelques coups de dents maladroits, qu’est-ce qu’on a rigolé !
J’apprends à nager, à tourbillonner dans l’eau transparente des criques. Le tourisme de masse n’ayant pas encore envahi l’île nous sommes souvent seuls sur de splendides plages, désertes et ombragées par des pins parasols.
La 403 flambant neuve épouse les courbes des petites routes sinueuses qui surplombent la côte, je guette les tours sarrasines dont le nom me fait rêver.
Pour notre grand joie mon papa imite très bien l’accent corse et nous rions à n’en plus finir.
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Nous sommes heureux, incroyablement heureux, de partager des joies simples : prendre un bain, sauter dans les vagues, regarder sous l’eau avec un masque, pique-niquer dans une forêt de chênes-lièges et s’amuser parce que « l’écorce » et « les corses ».


Mes parents sont gais et détendus, ils savourent ces vacances baignées de soleil qui effacent leurs enfances ponctuées par les sirènes d’alarme qui annonçaient les bombardements, les heures d’attente dans les caves en serrant les doigts pour retrouver la maison intacte, le violent impact des bombes qui tuaient aveuglément, le pas lourd des allemands en patrouille résonnant la nuit dans les rues désertées, les cohortes de réfugiés tirant derrière eux de misérables charrettes où ils avaient entassé quelques biens, les tickets de rationnement, le froid de l’hiver, les galoches trouées, la peur, la lâcheté des uns et l’héroïsme des autres.

Les années noires s’éloignent et en ce début des années soixante, il n’y a pas que mes parents qui sont heureux. On respire. On travaille. On part en vacances. La société de consommation est en marche, mais l’on est encore méfiant, on ne gaspille pas, on préfère, justement, goûter d’une tartine de pain avec un carré de chocolat Poulain que d’un paquet de Paille d’Or. Un sou est un sou, on sait ce qu’il en a coûté de le gagner.
Et Dalida vante les mérites de l’ «Itsy bitsy petit bikini».

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Oh, bien sûr, tout n’est pas rose, en octobre pour protester contre le couvre-feu discriminatoire qui leur était imposé, des Algériens de la région parisienne organisent, avec femmes et enfants, une manifestation pacifique, à deux pas du palais de l’ Élysée et de l’Assemblée nationale. Le général de Gaulle donne carte blanche à Maurice Papon pour interdire la manifestation et la disperser par tous les moyens.
Des dizaines de manifestants sont jetés dans la Seine.
L’Humanité est saisie pour avoir dénoncé la répression.
Bien qu’informés par les journaux des excès de la répression, l’opinion publique, les syndicats et les partis, y compris de gauche, restent sans réaction.
Et Puis à Berlin on élève un mur, de pierres et de barbelés, surmonté de miradors d’où des soldats n’hésiteront pas à tirer sur qui tentera de le franchir.

Le reste du monde va comme il va. On est peu informés.

Moi, j’ouvre sur la vie des yeux émerveillés.
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A vous :
Les plus belles vacances de votre enfance ?
Des souvenirs de 1961 ?

23.05.2007

Et en Italie, c’est comment l’école ?


Venant à l’instant de voir et d’entendre le nouveau ministre d’Education Nationale vanter les mérites de l’abolition de la carte scolaire, qui, a-t-il dit, sera aménagée dès la prochaine rentrée et comme il me semble avoir compris de son petit discours que cette mesure est supposée permettre une meilleure mixité sociale, j’aimerais, à titre de comparaison, expliquer brièvement quelques particularités du système scolaire italien.

Premier point, la fameuse carte scolaire n’existe pas.
En pratique :
-    durant les périodes d’inscription, les écoles, les collèges et les lycées rivalisent d’imagination pour séduire les familles, l’équation est simple : plus d’élèves, plus de subsides, y compris dans la poche du « Preside » (le proviseur), dont le salaire est proportionnel aux nombre d’élèves et qui joue un rôle de chef d’entreprise.   
-    de façon tout à fait prévisible, les établissements scolaires sont étiquetés socialement, qualitativement (bonnes ou mauvaises) et politiquement (écoles de droite, écoles de gauche) et alors que certaines écoles élémentaires n’arrivent pas à accepter toutes les demandes, d’autres, dans les quartiers à forte population immigrée, doivent fermer des classes faute de participants. Car, qui l’eut cru lustucru, beaucoup de familles italiennes rechignent à mettre leurs progénitures dans des classes multi ethniques.

Conclusion : mixité sociale à l’école, presque inexistante. Désolée monsieur Darcos, je ne fais que constater.

Deuxième point, les établissements scolaires jouissent d’une très grande autonomie financière. Les « Preside », aidés par des secrétaires, sont donc des gestionnaires. Hélas, ils ont une formation d’enseignant et tout le monde n’est pas naturellement doué pour la gestion. Etant donnée l’énorme quantité de dépenses (parmi lesquelles la rétribution des suppléants) liées au fonctionnement d’un établissement scolaire, il arrive, malencontreusement, que des  caisses soient vides bien avant la fin de l’année. Autre particularité, les enseignants, fort mal payés (presque moitié moins que leurs collègues français) ont la possibilité d’arrondir leurs fins de mois en travaillant sur « des projets ». Certains sont excellents, d’autres approximatifs ou franchement bidons, tout dépend des rapports avec les « Preside » et de l’orientation du Consiglio d’Istituto (conseil d’école). Pour finir, certains établissements scolaires n’hésitent pas à faire appel à des entreprises privées pour renflouer les finances. Dernièrement, j’ai eu entre les mains, dans un lycée, un prospectus destiné aux élèves et qui vantait les mérites….d’une institution bancaire proposant des comptes en banques attractifs.

Conclusion : dans cette vision libérale de l’éducation, l’administration considère l’élève comme un consommateur.


Malgré cela le système scolaire italien a de grandes qualités, et il est vraiment dommage qu’au lieu d’en copier le pire, les nouveaux stratèges français n’aient pas eu l’idée de s’inspirer du meilleur, deux exemples :


1. Les Italiens sont très attachés à la continuité pédagogique. Durant les cinq ans d’école élémentaire, le groupe classe ne change pas et effectue tout le parcours, en compagnie de deux enseignants dans les écoles qui fonctionnent à temps plein et de trois dans celles qui ne fonctionnent que le matin. Le lien qui se crée entre les instituteurs, les enfants et leurs familles, murit et s’enrichit au fil des années et permet d’éviter bon nombre de problèmes d’apprentissage ou de discipline. On retrouve cette continuité didactique au collège qui dure trois ans et aussi au lycée dont les cinq années sont divisées en deux étapes principales. Par conséquent le climat qui règne dans les écoles, collèges et lycées italiens est chaleureux, presque familial ce qui est facile entre partenaires qui se connaissent bien.
Ah j’oubliais une petite précision, les profs tutoient les élèves.
Non ce n’est pas un détail, je viens d’entendre Monsieur Darcos proposer une nouveauté venue tout droit des années cinquante, le vouvoiement aux élèves. Pour illustrer la pertinence du propos le journal télévisé nous a montré un établissement privé plutôt chic où le vouvoiement est de mise. La directrice a parlé de code social, un truc du genre, que de charmants adolescents en pantalon marine devaient maitriser…arrivée à ce stade j’ai éteint la télé.

2. L’intégration des enfants en difficulté ou en très grande difficulté (handicaps cognitifs, neuropsychologiques, moteurs) est pour moi une extraordinaire réussite. En effet, contrairement au système français où l’on regroupe les enfants différents dans des écoles, ou des classes spécialisées (pour avoir travaillé des années en classe de perfectionnement je sais de quoi je parle), le système italien permet à ces enfants, les plus démunis face à l’apprentissage, une totale et réelle intégration.
En pratique : pendant cinq ans, c'est-à-dire un cycle entier, Fabio (mon compagnon) a eu dans la classe où il était « maestro », une petite fille trisomique qui était à 80% du temps scolaire assistée par un enseignant de soutien. Assis à ses côtés, lui expliquant les consignes, la guidant dans les apprentissages. Régulièrement une commission composée des deux titulaires de la classe, de l’enseignant de soutien, d’une psychologue, d’un médecin et des parents de l’enfant était réunie afin de faire le point.
Cet exemple n’a rien d’exceptionnel, tous les enfants, quelles que soient leurs particularités, sont intégrés dans les écoles élémentaires et les collèges italiens publics et de nombreux enseignants ont pour tâche de les épauler et d’aider à leur épanouissement.


Il y aurait bien sûr une infinité d’autres choses à dire sur l’école italienne.
Globalement est-elle meilleure ou pire que l’école française actuelle ?
Difficile à définir en quelques phrases, mais malgré ses défauts imposés par un état libéral, elle a su, grâce à la mobilisation des enseignants et à l’attention constante des familles, rester humaine, proche des enfants, sereine,


Sur le sujet je signale deux articles très intéressants, l’un sur l’excellent blog « Des bassines et du zèle », l'autre sur le Monde Diplomatique

19.05.2007

Le baiser


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Le petit homme, transporté par la magnificence de son sacre, se haussa pour poser ses lèvres sur celles de la grande femme drapée de lumière. Elle s’inclina pour accepter le baiser.
Mais était-ce un baiser que cet effleurement entre deux êtres, non point amoureusement enlacés mais agrippés l’un à l’autre, se tenant par les bras ?
Je n’y vis nulle passion, rien qu’un échange formel qui se voulait novateur, qui prétendait briser le protocole et inaugurer un style de gouvernance.
A l’apogée de la société du spectacle, Père Ubu, grisé par son succès, imagine que plus rien ne lui résistera et que sa volonté sera faite.
Il peut bien alors défier les austères traditions, afficher son intimité avec celle qui, superbement indifférente et lointaine, a foulé le tapis rouge, entourée d’enfants blonds et tenant dans sa main celle d’un petit prince bien coiffé, pour participer à une cérémonie d’investiture dont les images feront le tour du monde et la une des journaux.
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Mais ce rapide baiser, pourtant de chair et de sang, semblait plus glacial que celui de marbre de Paolo et Francesca.
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Mensonger.
Factice.
A l’image de ce nouveau gouvernement fait de bric et de broc, de fidèles et de traîtres, de vieilles gloires et de jeunes arrivistes, de catholiques acharnés et de mécréants avides.

Il flotte quelque chose de tragique dont je n’arrive pas encore à dessiner les contours.
Est-ce dû à l’énormité des mensonges ?
Au décalage flagrant entre les aspirations et les certitudes du nouvel élu qui prétend soumettre le monde à ses désirs ?

Et qui n’y parviendra pas.

J’en veux pour preuve, triste preuve, le lamentable épisode de la libération, espérée bien sûr, d’Ingrid Betancourt.
Hier après-midi, tambour battant et toutes affaires cessantes, le nouvel occupant de l’Elysée a reçu une délégation menée par les enfants d’Ingrid.
Quelques heures plus tard, dans le studio de TV5, leur père expliquait, avec une satisfaction bien compréhensible, que désormais le Président Sarkozy mettrait tout en œuvre pour sauver la captive, et qu’il avait confiance en lui, d’ailleurs, avant d’embrasser toute la famille sur le perron de l’Elysée il leur avait raconté qu’il avait, la veille, longuement parlé au président Uribe et que celui-ci  lui avait promis d’envoyer dès lundi un émissaire à Paris afin de définir immédiatement les modalités d’une négociation humanitaire et pacifique.

Las, le soir même une dépêche de l’AFP annonçait que le président colombien avait demandé à ses généraux d’attaquer militairement les FARC afin de libérer les otages.

Consternation.

« Merdre » a dit le père Ubu.

Pour vous, de beaux baisers, vivants, charnels ou gracieux.
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dans l'ordre: Canova, Doisneau, anonyme. 

09.05.2007

Céleste à Paris : les rencontres

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De ce séjour parisien je me souviendrai du soleil, des femmes en robes légères, de la pureté du ciel, d’une sensation d’insouciance que le résultat des élections n’avait pas encore entachée. Les discussions tournaient autour des candidats, mais, dans la douceur du soir, aucune voiture ne brulait. Les CRS montaient la garde auprès des QG de campagne, on ne leur avait pas encore demandé d’aller matraquer des manifestants. Les casseurs attendaient leur heure pour se déployer dans la ville et créer les troubles qui justifieront les exactions policières futures.
La place de la Concorde était vide, ignorante de la piètre qualité du spectacle que l’on lui destinait : les pets d’un comique troupier, les paillettes et la voix d’une vieille et ô combien niaise chanteuse à l’immuable coiffure.

Je me souviendrai aussi des rencontres.

Eric, de Crise dans les Médias, avec qui nous avons passé une très intéressante soirée, parlant politique bien sûr, comparant la France et l’Italie, parlant aussi de voyages et de blogs.
J’aime beaucoup celui d’Eric. Très bien informé, concis, varié. Je le lis chaque jour (quand j’ai un ordinateur à portée de main), depuis presque un an.
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J’ai enfin fait la connaissance de Corinne, mon amie du web, avec qui, pendant des mois nous avons échangé de nombreux commentaires et mails. Réunies par une sensibilité commune, une vision identique des problèmes sociaux, humains, notre rencontre « en vraie », fut immédiatement simple et chaleureuse. En compagnie de Fabio, de Denis et de Maxime nous avons passé une très belle journée, déjeuné dans un jardin fleuri, marché dans les rues somnolentes d’un dimanche après-midi, quand le temps s’immobilise, bu un thé à la grande Mosquée, couru sous la pluie.
Avec Martin et Carole, Corinne écrit sur le blog Allons Enfants. Souvent poétiques, toujours documentés, mais aussi ironiques, cinglants, empreints d’une juste colère, leurs textes sont toujours un régal.
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Et puis parfois arrive le hasard qui offre une rencontre inattendue, superbe.

Près du métro Chapelle les boutiques et les restaurants tamils se succèdent. Ce quartier là n’a pas l’aspect touristique du passage Brady. Lieu de vie et de rencontre des nombreux Sri Lankais qui ont fui leur île ravagée par la guerre, il ne cherche pas à attirer le client de passage. Son Biryani de poulet est bien trop épicé pour les palais parisiens !

Nous y flânions donc, à la recherche de nouveaux DVD, quand, passant devant un  petit restaurant, Fabio vit, assis à une table, finissant son déjeuner en compagnie d’une amie, Peter, l’ange de Pondichéry !

Peter, dont nous n’avions plus de nouvelles depuis des mois, et qui désormais est dans la capitale.
Peter, beau comme un astre, souriant et joyeux.
Peter, dynamique, plein de projets, dont certains que nous pourrons peut-être réaliser ensemble.
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Ce fut une belle semaine.








07.05.2007

Lendemain



J’ai  relu Thoreau cette nuit :
« Les hommes apprendront-ils jamais que la politique n’est pas la morale, et qu’elle s’occupe seulement de ce qui est opportun ? »

Perdre une bataille importe peu, c’est une péripétie. Ce qui compte est de ne pas oublier son but et de garder intacte sa capacité de révolte et d’action.

« Il faut beaucoup d'indisciplinés pour faire un peuple libre »  Georges Bernanos.

Le découragement n’est pas de mise, le combat continue, à nous d’user de notre créativité.

Les véritables enjeux ne sont pas strictement hexagonaux, ils sont universels, la planète souffre, elle requiert toute notre attention, toutes nos forces.

Résister.

Et "Accomplir de grandes œuvres par une série de petits actes." (Tao te King)



03.05.2007

Céleste à Paris : la femme du métro Barbès.

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16 heures, métro Barbès.

Il y a foule au portillon.
Devant moi une femme brune, la peau sombre, modestement vêtue, escalade péniblement le tourniquet. Immédiatement, elle se retourne pour bloquer la porte métallique, sa fille, d’une dizaine d’années prend son élan, grimpe sur les rebords. Au moment où la fillette saute, mes yeux croisent ceux de la femme.
La peur que j’y lis me transperce.
Je lui souris.
Elle saisit la main de sa fille et l’entraine dans l’escalier.
Sauvées !
Pour cette fois.

Certains resquillent  par jeu.

Elle non.

Rien de ludique, mais la fuite de quelqu’un qui n’a pas d’argent pour payer deux tickets, qui n’a peut-être pas non plus de papiers et qui a peur de la police. Une police brutale qui la renverrait dans son pays.
Qui briserait un fragile équilibre familial.
Qui anéantirait les rêves d’une vie meilleure.


Ce fut un échange de regards, fugace, comme un éclair, comme une brèche brièvement ouverte sur la misère, sur les taudis aux prix exorbitants dans lesquels s’entassent des êtres venus de loin pour être moins pauvres, sur les arrestations devant les écoles, sur les mille et une ruses que certains doivent déployer, à longueur de temps pour échapper aux mailles du filet policier, pour travailler, pour manger, pour éduquer leurs enfants, pour se laver, car dans la jungle parisienne, qui n’a ni papier ni argent s’exténue à survivre dans l’indifférence des nantis et la haine de certains politiques.

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Ensemble, dit le candidat Sarkozy.
Ensemble, c'est-à-dire :
Sans les pauvres
Sans les exclus
Sans les chômeurs
Sans tous ceux que l’ultralibéralisme écrase, méprise, détruit.
Sans moi, qui refuse de suivre les riches dans leurs dérives totalitaires, dans leur égoïsme, dans leur déshumanité.

Je suis née de longues générations de paysans, non pas propriétaires, mais métayers, fermiers, ouvriers agricoles à la journée, des petits, des humbles que l’histoire à oublié mais qui ont versé leur sang et usé leurs échines pour les intérêts des riches.


Il souffle un vent mauvais, mobilisons-nous pour qu’il n’emporte pas, dans un élan glacé, la solidarité et les rêves.
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