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29.03.2007

…quand on a 17 ans…

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La jeunesse d’un pays est son avenir, sa force. Les adolescents d’aujourd’hui sont déjà un reflet du monde de demain. C’est pourquoi travailler avec eux, les écouter, lire leurs écrits est essentiel.

J’enseigne dans un grand lycée de Bologne. En Italie la carte scolaire n’existe pas et les établissements du secondaire sont spécialisés. Celui où je travaille est un lycée scientifique.

L’après-midi, je donne un cours de préparation au Delf (certification en français), facultatif, donc fréquenté par des élèves motivés et ayant déjà un bon niveau d’apprentissage.
Ils ont 17 ans et sont en « terza superiore » ( le lycée dure 5 ans).

Or donc, il y a quelques jours, je leur ai demandé de rédiger un texte, dont le sujet était : « Imagine le monde en 2050 ».
Les consignes étaient très précises : 180 mots en 45 minutes, sans l’aide d’un dictionnaire.
L’appréciation de leur travail porte évidemment sur la forme et sur leur capacité d’expression en français et non sur leur créativité ou leur aptitude à imaginer le futur.
Par conséquent, concentrés sur la langue française et ses multiples pièges, ils ont laissé libre cours à leurs imaginations.
Et comment ces garçons et filles de 17 ans, brillants, joyeux et chaleureux, instruits, issus de la bourgeoisie bolognaise plutôt de gauche, vivant sans le moindre souci matériel, choyés, dorlotés, élevés aux tortellinis, portant des vêtements de marques, armés de téléphones portables, roulant en scooter, sortant tous les samedis soirs, fréquentant des groupes pour la jeunesse catholiques et ayant tous un PC leur donnant un accès illimité à Internet, voient-ils le monde de 2050 ?

D’abord, tous, sauf un qui parle de « retour au Moyen Age », prévoient des progrès technologiques stupéfiants : ordinateurs microscopiques, robots hyper performants, télé-transport grâce à une ceinture, et autres fantaisies futuristes.
Il en est de même pour la recherche médicale, les maladies seront soit éradiquées, soit aisément guérissables.

Alors, un monde parfait ?
Non, pas vraiment, car ces progrès ne concerneront que ceux, très peu nombreux, qui auront survécu à une série de catastrophes toutes plus terribles les unes que les autres. La pollution deviendra insupportable et entrainera la disparition des végétaux, le réchauffement de la planète provoquera une irrépressible montée des eaux, des pays entiers, dont l’Italie (trois fois citée), disparaitront sous les flots, il n’y aura plus d’eau potable naturelle, elle sera fabriquée en laboratoire et très coûteuse, des guerres terribles dévasteront la planète.
Les responsables ?
Les pays riches en général : « A cause de la disparition de la glace des pôles, il y aura une augmentation exponentielle de l’immigration, les pays riches accueilleront une petite partie des immigrés, à condition qu’ils travaillent pour un salaire minimum. », «  la seule chose pour laquelle nous serons tous égaux sur la terre sera l’énorme quantité de poubelles que nous sommes déjà en train de produire ».
Et les Etats-Unis en particulier : « Les USA se retireront des pays qu’ils ont occupés, en laissant une situation pire qu’avant », « les Américains auront tué beaucoup de personnes », et «  motivés par les intérêts industriels ils auront fait des guerres pour prendre tout le pétrole » et « pour voler toute l’eau ».

L’un écrit: « Nous sommes en 2050, j’ai 60 ans, ma femme est morte d’un cancer provoqué par la radioactivité, je vis dans un petit appartement avec dix personnes que je ne connaissais pas avant la catastrophe et je prie Dieu car lui seul peut nous sauver ».
Et une autre: « Il y aura des régressions dans les rapports humains, les gens seront fermés, individualistes, ils ne s’intéresseront plus aux autres ».

Finalement, après avoir lu 15 textes apocalyptiques, décrivant un monde désolé, pollué, ravagé par les guerres, la dernière copie m’offre un univers souriant, où la pollution n’existe plus, où la misère a été vaincue et où règne la paix.
Je soupire en la lisant.
J’arrive à la dernière phrase : « enfin, en 2050, la vie des habitants de la planète sera meilleure qu’aujourd’hui, mais malheureusement, en 2051, un météorite géant la détruira entièrement ».

Rien de tout cela n’est anodin. La peur s’est emparée des jeunes générations. Mes élèves vivant dans l’aisance, ils n’ont pas de motifs tangibles pour être préoccupés par leur avenir. Ils savent qu’ils iront à l’université, qu’ils auront le soutien de leurs parents, que probablement ils trouveront sans peine un emploi intéressant et suffisamment rémunéré.

Et pourtant, la peur est là.

Alors si eux, les enfants nantis, imaginent un futur tellement sombre, qu’en est-il de tous ceux que la société rejette, méprise ? Qu’en est-il de tous ceux qui n’étudient pas, qui ne trouvent pas de travail, qui n’ont aucun espoir d’avoir un jour une place, même petite, au soleil ?

Quelle vision du futur peuvent-ils avoir ?

A 17 ans, j’étais persuadée que nous allions vers un monde meilleur. Nous étions encore en période de croissance économique, les guerres semblaient loin et nous ignorions en partie la misère du monde. J’étais convaincue que la vie serait libre, facile, joyeuse.

33 ans plus tard, les jeunes occidentaux ont perdu cette insouciance.


Peut-on encore citer Rimbaud ?
« On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade »

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Je laisse le mot de la fin, d’une lucidité poignante, à l’un de mes élèves: « J’ai toujours l’espérance que le progrès de l’humanité conduira vers la paix, mais ça sera une route difficile à prendre pour une humanité qui existe seulement pour se détruire elle-même ».

A vous qui passez, je vous soumets 2 questions, si vous le voulez bien :
Vous souvenez-vous de la vision du futur que vous aviez à 17 ans ?
Ce qu’ont écrit mes petits Italiens vous parait-il conforme à ce que pensent les jeunes du même âge que vous fréquentez ?
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Commentaires

"on n'est pas sérieux quand on a 17 ans.. voici une phrase de Rimbaud claire, nette et qui vibre comme une guitare accrochée au rève et à la Solitude amoureuse. On n'est pas sérieux quand on a 17 ans et qu'on se prend pour qui" Léo Ferré..
L'insouciance semble bien loin pour ces gamins.. en effet..différence d'appréhension d'un avenir entre nous au meme age et eux..

Ecrit par : Arachnee | 30.03.2007

maintenant le monde du progrès (bien sûr certaines machines que nous utilisons nous ne les imaginions pas encore) et la pauvreté, et l'apocalypse finale (pour nous elle était moins écologique qu'atomique) nous écrivions cela à leur âge il y a 45 ans. Perte de lucidté en vieillissant ?
En tout cas, pas moi puisque je suis fruit sec, mais vous avez réussi des merveilles physiquement. A part quelques gras et grasses je suis toujours émerveillée par leur beauté.

Ecrit par : brigetoun | 30.03.2007

Ils sont beaux et lumineux ces ados (photos), mais bien sombres dans leurs prédictions.
Je pense que ceux qui sont délaissés ne s'imaginent même pas un avenir. La survie quotidienne est un trop gros boulot ! J'ai peur que certains soient envahis pas la haine d'avoir à subir...

Je ne sais pas vraiment ce que pensent les jeunes de 17 ans, je n'en fréquente pas assez.
A 17 ans, j'étais bien plus optimiste, et heureusement. L'avenir ne pouvait qu'être meilleur, du moins du point de vue matériel. Je ne me souviens pas si j'avais une vision aussi globale de l'évolution de la société.

Ecrit par : Fauvette | 30.03.2007

@Brigetoun et Fauvette
ce ne sont pas des photos de mes élèves, mais de ma fille et de ses amis.

mais mes élèves aussi sont superbes et lumineux, c'est pourquoi leurs prédictions m'ont vraiment interpelée.

je pense aussi que la haine monte, en même temps que la peur bien sûr

Ecrit par : céleste | 30.03.2007

oui je pense que c'est assez conforme hélas ! même s'ils paraissent insouciants, qd on les questionne ils deviennent graves et lucides
que veux tu il suffit d'ouvrir les yeux : regarder autour de soi, les guerres, la recherche effrenée du fric et du profit qui sacrifie tout le reste
sur l'autel de l'argent meurent leurs illusions et leurs reves

parce que malgré tout, c'est bien être lucides que de constater que cette pauvre nature nen peut plus et que tout va se dégrader encore plus : eau manquante, secheresses, pluies diluviennes, terres qui deviendront stériles à force de surproduction monoculture et chimie, maladies qui résisteront aux antiobios et autre mollécules dont nous abusons etc etc..
population galopante incapable de s'autossufire, de se nourrir, migrations des polulations qui ne pourront plus vire sur des terres bouffées par les océans, on appelle cela déjà la migration climatique
c'est pas jouer sa cassandre, c'est simplement regarder autour de soi
les jeunes savent faire ça
mais ils font "comme si", ils oublient autant que faire se peut pour survivre ds leur bulle, leur cocon qu'on leur a fabriqué
sinon il sne pourraient pas avancer
c'est aussi pq on voit bcp de jeunes déprimés, fragilisés, déjà sous anxiolitiques si jeunes
fort heureusement la majoritéde ce s jeunes a la capacité d'occulter ce qui est moche et douloureux, c'est pq leurs sourires sont si lumineux à ts ces gamins

à 17 ans, moi je croyais que j'étais immortelle, que je ne vieillirai jamais, mais j'étais sans trop d'illusions malgré tout sur un éventuel MIEUX du sort des hommes....

Ecrit par : anne | 30.03.2007

Bonjour Céleste,

Je réponds à tes questions :
Vous souvenez-vous de la vision du futur que vous aviez à 17 ans ?
J'étais bien nombriliste à 17 ans et si j'avais bien une vision apocalyptique du futur, c'était le mien : une vie affective malheureuse, des tromperies, des mensonges, le rejet. Pour le reste, j'étais assez insouciante.

Ce qu’ont écrit mes petits Italiens vous parait-il conforme à ce que pensent les jeunes du même âge que vous fréquentez ?
Oui cela me paraît tout à fait comforme à la vision qu'a la jeunesse du futur, et ceux qui ont 2 x 17 ans ont la même. C'est bien triste d'attaquer la vie avec une telle idée de l'humanité.
Tu écris que la peur s'est emparée des nouvelles générations. J'ai 35 ans et je réalise que ma vie est conditionnée par les interdits.

Ecrit par : Fiso | 30.03.2007

Souvenirs..souvenirs.. 1973.. 6 mois en France dans une petite ville de Charente en première, 6 mois près de Chicago en terminale..Une conscience politique peut etre plus développée à l'époque..manifs contre la guerre du Viet Nam, contre les exécutions de Franco, les lois Debré..pas de peur de l'avenir et se dire qu'on aurait 44 ans en l'an 2000,c'était de la science fiction..pas ou peu de chomage à l'époque donc pas de craintes particulières pour l'avenir; pas de problème de violence dans les banlieues.. Pas de sida, et le préservatif on ne savait pas ce que c'était grace à la pilule. Il n'y avait pas internet ni les dvd, juste 3 chaines de tv qui s'arretaient à 23h... On lisait..On écoutait Janis Joplin ou les Doors en fumant pour la première fois des trucs illicites qui commencaient à circuler....C'était de l'inscouciance et pas de prise de tête comme on dit maintenant. Mon fils à 19 ans, ma fille 14... en les regardant vivre quand ils viennent chez moi le w e, je me dis qu'on a vraiment changé de siècle et que rien n'est comparable...et fais tout pour ne pas passer pour un vieux con..(de mon temps..etc...)
merci pour votre site Céleste..
(ps.. "Anne" ..est ce toi?? "mon" Anne, ma petite soeur???

Ecrit par : Arachnée | 30.03.2007

Que de talent insuflé par toi chez tes éleves...

Petit hors sujet, mais, dans certaines villes, les cours de francais pour les femmes immigrées sont annulés, faute du renouvellement des subventions européennes.

Ces femmes, qui se battaient pour maitriser, adultes, une langue qui n'est pas la leur, sont renvoyées dans le silence de leur foyer, faute des quelques milliers d'euros nécessaires.

Il leur est interdit de s'intégrer...

Ecrit par : Bruno Lamothe | 30.03.2007

Bonjour Céleste,

Je réponds également à tes questions :

Vous souvenez-vous de la vision du futur que vous aviez à 17 ans ?

J'avais le sentiment de m'être trompé d'époque et que mon épicurisme m'éloignait des préoccupations des adolescents de ma génération qui feignaient d'accepter ma différence culturelle.

Ce qu’ont écrit mes petits Italiens vous parait-il conforme à ce que pensent les jeunes du même âge que vous fréquentez ?

Les jeunes que je fréquentent n'ont pas peur de l'avenir mais du présent qui s'acharne à reproduire les inégalités qu'ont connu leurs parents. Ils pensent qu'on ne les aiment pas parce qu'ils ont une couleur de peau et une religion différente.

Ecrit par : mohamed | 30.03.2007

je suppose que si leurs idées me semblent parentes des notres à leur âge, c'est à cause justement de mon âge plus avancé que le votre en général.
Je suis née pendant la guerre, et jusqu'à mes seize ans un ou deux adultes étaient impliqués dans une guerre. Nous avons grandi en même temps que venaient sur le devant de la scène les camps d'extermination et non plus de concentration. Il y a eu Berlin etc...
le monde actuel est il redevenu pour des jeunes européens aussi dangereux ?

Ecrit par : brigetoun | 30.03.2007

merci à toutes et tous.


@fauvette
nous étions beaucoup moins bien informés que les jeunes d'aujourd'hui, et par conséquent nous manquions d'une vision globale du monde.
et oui, la haine, née du rejet, de la frustration, et à ce titre me com de :

@Mohamed est tès intéressant.
oui, ils ont peur de l'avenir, ces jeunes français qui ne s'appellent pas Dupont, qui ont une peau joliment plus foncée - joliment bien sûr, le bronzage est une des obsessions de notre époque- (ce n'est absolument pas du cynisme de ma part, je relève seulement une incohérence, imbécile, certains et certaines qui passent des heures en espérant devenir bronzés, donc beaux, n'hésiteront pas à stigmatiser qui, naturellement a la couleur de peau convoitée)

"qui feignaient d'accepter ma différence culturelle" cette phrase est terrible.

merci de ton com Mohamed, je passe souvent chez toi, et toujours avec le même plaisir et le même intérêt, mais en ce moment je suis surbookée, trop de boulot, plus le temps de laisser des coms qui soient autre chose que: bravo, ton texte est superbe, merci.
bon, d'ici un mois ça ira mieux.


@Anne
ces ados sont très conscients, j'espère qu'ils agiront, pour certains (de mes élèves) je sais déjà qu'ils le feront.
ils ne sont pas dupes.
ce qui m'a particulièrement frappée, ce sont leurs accusations contre les USA.
a leur âge, j'en rêvais, eux ont envie d'y aller, mais sans plus, ils sont très lucides par rapport à l'impérialisme américain.
je pense que c'est bien, d'être capable de critiquer à 17 ans.

@Fiso
effectivement les interdits nous encerclent, et nous devons être très vigilants, ça pourrait empirer.
à 17 ans, c'est normal d'être nombriliste!


@Arachnée
merci d'être revenu avec tes souvenirs, nous avons les mêmes: Janis Joplin, je revois la couverture du 33 tours Pearl, et j'entends sa voix: "Cryyyyyy Baby", j'en ai encore des frissons
et puis les Doors, Ten Years After, Led Zep et les joints fumés dans les voitures, en rase campagne...
La liberté sexuelle, bien avant le sida qui est tombé comme un invraisemblable fléau sur notre génération.
l'insouciance, le monde nous appartenait.


@Bruno
merci de signaler cette injustice.
Nous devons tous nous mobiliser pour agir en faveur des femmes qui vivent le plus difficilement.
je sens monter le machisme, abandonner ces femmes que l'on prive de l'apprentissage de la langue parlée dans le pays où elle vivent, c'est abandonner nos filles, nos petites filles, à la soumission future;
si la planète est trop peuplée, si il n'y a pas de richesses, d'énergie, d'eau, de travail pour tous, les femmes en seront les premières victimes;
pour cela aussi soyons vigilants.


@Brigetoun
effevtivement, les jeunes comme toi, qui sont nés pendant la guerre, ont vécu une autre réalité, par rapport à ceux, qui comme moi, ont au contraire bénéficié de la croissance économique.

Je pense que le monde actuel est périlleux, il peut facilement basculer dans l'horreur, c'est pourquoi, il est essentiel de savoir ce que pensent les adultes de demain.
et si je suis interpellée par leurs écrits, je constate aussi, avec plaisir, qu'ils sont lucides et conscients.

Ecrit par : céleste | 30.03.2007

J'ai 2 filles: l'ainée,15 ans, à qui je soumets ton sujet, me rèponds : "modernisation, technologie, mondialisation, mode de vie à l'amèricaine, catastrophes naturelles, décadence, augmentation de la pauvreté, on est mal barrés" et de conclure: "le seul espoir, une révolution comme en 68, portée par la jeune géneration"...ce sont ses mots,
la deuxieme, 12 ans, sans avoir entendu les propos de sa soeur, "des gens comme les amèricains, plus de verdure, des routes partout, des immeubles partout, et des gens ..."elle réfléchit, puis reprend "des gens" en y associant une grimace triste...

Je suis de la même géneration que vous (ado dans les années 70/75), et je pense que nous étions portés par l'idéologie peace and love post 68 où soufflait le vent de la liberté(expression, idéaux d'un monde meilleur) qui nous donnait des ailes,
de nos jours, les médias "hyper réalistes" ne soufflent que le vent froid de la menace porté par le vide idéologique, de peur du risque totalitaire...opèration de démolition systématique, comment croire ?
En les protégant du vent violent, les aidons-nous à être réactifs ou entretenons-nous la peur ?

Ecrit par : cat | 30.03.2007

arachnee...pas de "charente" , mais de "charente maritime" ! pfffff......

Ecrit par : anne | 30.03.2007

Anne,

Désolée de perturber votre intimité, mais si tu es celle que je crois, laisse moi te dire que ,si tu ouvres "un petit salon" ailleurs, là où ton regard sur les choses est essentiel, préviens-moi(nous) si tu en as envie, ce serai un plaisir de te retrouver !

Ecrit par : cat | 30.03.2007

Oui Cat ..Anne c'est bien elle... c'est ma soeur... qui a sabordé son blog...mais suis sur que tel un phoenix...il va renaitre...

Ecrit par : Pascalou | 31.03.2007

nous espérons tous que le blog d'Anne va renaître!

Ecrit par : céleste | 31.03.2007

Elles sont belles ces photos, et tu sais photographier ta fille ! Superbe, un beau regard...

Je pense à ton texte depuis hier, et à la morosité des ces ados. Ils sont donc nés en 1990... Et n'ont pas vu se dérouler le meilleur de l'humanité hein ? Et leur présent comment le perçoivent-ils, ont-ils conscience d'être aussi favorisés que tu le penses ?

Hors sujet : c'est le club des Charentais ici ? J'en suis, de la Charente-Maritime !)

Ecrit par : Fauvette | 31.03.2007

C'est difficile à dire... A 17 ans, en 1971, ère préhistorique, je n'avais ni téléphone portable, ni PC relié à Internet haut débit, ni MP3 greffé sur les oreilles, ni lecteur de DVD, ni console de jeu ; d'ailleurs tout cela n'existait même pas !

Je mangeais à ma faim (même un peu trop), je n'avais pas d'argent mais je n'en avais pas besoin puisque j'étais en pension et que les sorties se faisaient sous haute surveillance... Tromper cette surveillance pour faire de vraies fêtes (avec des garçons) était donc le sport le plus pratiqué par mes copines et moi-même.

La liberté d'aller et venir, celle de ne pas porter de blouse ou de mettre un jeans en classe étaient à conquérir. Cet important combat laissait donc peu de place aux idées noires. S'ouvrait devant nous un monde de liberté, que j'étais bien certaine de savoir transformer en plaisirs : une guitare, la traversée de la France en stop, un concert pop où l'on serait tous pêle-mêle en fumant des joints... bref, de vrais objectifs d'ado !

Les échos du monde ne me parvenaient qu'à travers la presse (que je ne lisais pas), la radio (mini transistor à piles qui ne captait que trois stations et encore pas partout), et la télé collective en noir et blanc que l'on avait droit de regarder de temps en temps. Nous n'avions donc pas en direct dès le réveil, le pudding bourratif de catastrophes en tout genre que nos jeunes doivent ingurgiter quotidiennement à leur corps défendant.

On ne savait rien de la couche d'ozone, du réchauffement, de la victime du jour du H5N1, de l'accident d'autocar au Mexique, du glissement de terrain au Népal, des otages du Darfour, du charnier de Tikrit, des martyres, des fusillés, des éclopés, des blessés... Les échos du monde ne nous parvenaient que filtrés, triés, retranscrits, mais curieusement déjà, les méchants c'était les américains (Vietnam) et leurs inféodés (Pinochet), alors que les gentils c'étaient Mao (des millions de vies détruites, mais pour la bonne cause), le Ché, Castro... Staline on n'osait déjà plus.

Alors forcément, le monde futur ne pouvait être que très différent de celui qu'envisagent nos petits jeunes qui n'ont que la bouche à ouvrir pour que tout tombe dedans. pourvu que ces petits cons, une fois aux commandes n'aillent pas mettre en pratique leur vision morbide de l'avenir !

Il serait intéressant de faire faire le même exercice à de jeunes chinois, de jeunes indiens, de jeunes iraniens...

Ecrit par : poilagratter | 31.03.2007

Bonjour Céleste

A propos d'Italie, est-ce que tu as reçu la pub via mail de Sarko et Bayrou concoctée pour les expats?

Ecrit par : Lory | 31.03.2007

on est pas sérieux quand on a 17 ans ....a condition d'avoir ",encore" des tilleuls quelque part !!
j'espère que tu a pris un bon tchaï après cette lecture, c'est bon pour remonter le yang !!!
bises Céleste , bon we

Ecrit par : joline-103 idées | 31.03.2007

@Cat
les familles italiennes protègent énormément leurs enfants. à mon avis de façon eccessive. je pense souvent que si la situation économique et sociale devenait plus dure les jeunes italiens auraient très peu de ressources pour s'en sortir.
pour répondre à ta question, je crois qu'il ne faut pas trop protéger les ados, ils ont besoin de se confronter avec la réalité.

@Fauvette
ils ont relativement conscience d'être privilégiés.
Ils fréquentent beaucoup les groupes de jeunes paroisssiaux où souvent on les encourage à aider les plus démunis;
dans un cadre catholique très défini bien sûr (mais en parler serait un autre débat)

@poilagratter

j'ai beaucoup parlé du futur avec des jeunes indiens.
leur vision est radicalement différente.
ils croient énormément à l'école, ils étudient et ont conscience de vivre dans un pays qui progresse, à pas de géant.
de même que les petits italiens, de façon consciente ou inconsciente, savent que l'Europe est un continent qui stagne, pour ne pas dire qu'il régresse.


@Lory
non, je n'ai rien reçu, mais de toute façon, je ne voterai ni pour l'un ni pour l'autre, donc leur propagande...
ceci dit, par curiosité...

@coucou Joline
bon weekend à toi aussi

Ecrit par : céleste | 31.03.2007

J'ai lu ça chez une expat au Portugal: http://sophie.typepad.com/
apparemment, ce sont les consulats qui leur ont refilé les adresses mail des résidents.
J'ai toujours dit qu'avec les consulats on était très vite servi surtout si on a besoin de rien. Ils ne se rappellent à notre bon souvenir quen période électorale.
Moi non plus je n'ai rien reçu; ils savent peut-etre déjà où ne vont pas mes intentions de vote...

Ecrit par : Lory | 31.03.2007

La fille est en tous cas aussi charmante que sa maman. C'est déjà magnifique à 17 ans, si la loi de la nature est vraie, elle vieillira aussi bien que le Chateau Neuf du Pape. Félicitations tardives à la maman.

Bonne question encore Céleste. A 17 ans, c'était pour moi 95'. Le Bac. Ma première histoire d'amour (avec la premiere qui ne m'a pas joué de cailloux). J'avais perdu 15 kg en un été, et je faisais des compétitions de tennis et de vélo.
Et je pensais que point de salut sans une droite trés libérale, trés à droite. Madelin était mon livre de chevet, et je pensais que Balladur était trop mou, et que la fracture sociale ne serait vaincue que par des actes forts, trés forts. J'avais pas l'age de voter, mais j'étais heureux de la victoire de Chirac.
Et je commençais une MathSup à Lyon. Le petit provincial villageois que j'étais a beaucoup souffert, mais fallait avancer. "Poru etre le premier" disait Goldman, séchant les larmes, laissant les souvenirs derrière, et avancer.

C'est drole, mais je pensais que le vrai monde c'était ça : les plus forts mangent les plus faibles. J'ai l'impression que mes 5 ans d'études ont modifié ma vision. Et 12 ans aprés mes 17 ans, je me dis que l'enfant que j'étais était trés excessif. Je n'ai jamais eu de poster de Che Guevara mais plutot de Madelin. Et je n'aurais pas aimé ce monde que je voyais à 17 ans. Pas du tout.

Parfois, je relis ce que j'écrivais quand j'avais 17 ans. Utopie assez noire, parce qu'un monde ultralibéral, c'est noir. Donc pessimiste : je l'étais à 17 ans. Déjà nostalgique. Sentiment que plus tard, ca ne pourra être que pire qu'avant. Et qu'on est seul, toujours seul, et qu'il faut se battre seul.
Peut être qaue j'ai rencontré des gens suffisament géniaux pour voir que je faisais fausse route.

Bon weekend à tous

Ecrit par : Falconhill | 01.04.2007

Bonjour Céleste..
17ans.. 1978

J'allais passer mon bac à St-Etienne.


Mes vinyls de Genesis et des Pink floys allaient bientôt prendre la poussière pour faire place aux Dead kennedys et aux Clash, et mes écharpes indiennes mauves remisées au placard pour des blousons zippés avec épingles à nourrice (les photos donnent aujourd'hui de bonnes séances de rigolade)

Je partageais la déception de mon père, déjà vieux encore jeune socialo, sur la défaite de la gauche aux législatives.


Des vieux d'au moins 25 ans(!) faisaient mon éducation politique dans une librairie alternative, et mon éducation musicale dans des condcerts de free jazz que je prenais pour un vaste concert de matous lâchés sur les toits à la saison des amours.

j'essayais (difficilement) de lire Foucault entre deux Charlie Hebdo (sous lesquels je planquais les magazines féminins avec tests et conseils de maquillage).

Je découvrais avec stupéfaction et déception que les garçons militants de gauche n'aimaient les filles que pour leurs capacités intellectuelles.

Je lisais Libé pour emmerder mes parents , et ce n'était pas encore devenu la gauche Rotschild...

Je croyais absolument incroyable que dans les trente années suivantes des gens puissent encore être assez cons, ringards et méchants pour voter à droite...

Bref j'étais assez bête.:-)

A part ça tu offres l'asile politique à Bologne? :-)

Ecrit par : Valdo Lydeker | 01.04.2007

Gloups je voulais écrire "que les garçons militants n'aimaient PAS les filles que purleur capacités intellectuelles

Ecrit par : valdo lydeker | 01.04.2007

@Céleste,
"On n'est pas sérieux quand on a 17 ans..."
Les gens sérieux sont ennuyeux, s'il fallait en plus que la jeunesse le soit...
Entre sérieux et inquiétude, il y a un pas.
C'est ce pas que fait la jeunesse.
Mes étudiants sont comme les tiens. Pas vraiment optimistes sur leur avenir mais très souvent euphoriques.
On sait que l'euphorie est un signe d'anxiété.
Ceci dit, ta fille est très jolie.
Si les jeunes n'ont pas envie de porter le chapeau des échecs de leurs aînés.
Ta fille porte le sien avec beaucoup de classe !

Ecrit par : corinne | 02.04.2007

merci de vos coms

@Falconhill
je t'adore, tu fais preuve d'une ouverture d'esprit, d'une disponibilité qui t'honore.

@Valdo
Foucault+ Charlie+ Les mag féminins, j'ai connu.
c'est bien, c'est comme ça que l'on apprend
et les garçons, les garçons.....
Pour ce qui est de l'asile politique, no problem, mais en Italie, il y a aussi un pape rétrograde et des évêques obscurantistes (qu'on entend beaucoup trop ces derniers temps)


@Corinne
une alternance d'euphorie et de pessimisme, c'est tout à fait ça.
difficile à vivre, sans aucun doute.


@Lory
Merci pour le lien.
et d'accord avec toi sur les consulats.
sans parler des alliances française où des pimbêches made in France, mariées depuis des lustres avec des italiens prétendent enseigner le français.
bon, ne généralisons pas, malgré la prétention de mise, certaines sont sympas.

Ecrit par : céleste | 02.04.2007

Terrible constat, ton texte et ses commentaires.
Un sentiment de trop tard partout. Ou je me trompe? Ou c'est moi qui n'est plus l'optimiste que j'ai été à 17 ans? Et ces jeunes, vont-ils quand même faire des enfants? Ce serait terrible, pensant ce qu'ils pensent du monde devant eux...

Ecrit par : Marc | 03.04.2007

17 ans ... 1980 ...

Première année à l'univ, premier amour *sérieux* (avec tout ce que ça implique de ... découvertes, dirons-nous), libération par rapport au lycée (où étant le plus jeune de la classe j'en étais aussi la tête de turc) avec cette impression de pouvoir repartir de zéro, tout beau tout neuf, sensation que le futur m'appartenait et que tout était possible ...

Genesis, Pink Floyd et Supertramp, plus les boeufs dans la cave de la résidence U avec quelques autres potes musiciens (qu'est-ce qu'on a pu en massacrer des morceaux ...), les cours séchés pour aller se balader dans la nature avec ma douce ...

Et puis les premières prises de conscience politique, la découverte que la Droite (je n'avais connu que cela depuis ma naissance) et Giscard n'étaient pas exactement en adéquation avec mes convictions profondes de solidarité -entre autres-, la découverte du socialisme et la voie vers le vote François Mitterand l'année suivante ...
L'espoir d'un monde meilleur ...

J'ai été fidèle depuis à ces convictions -même si je ne sais plus désormais si ce sera grâce aux socialistes-, j'ai toujours l'espoir que les choses vont s'améliorer enfin, malgré que tout s'écroule autour de nous ...

Quand à ce que pensent les jeunes de 17 ans aujourd'hui ... J'ai une perspective sur les jeunes chinois ...
A 17 ans, ils ne pensent qu'à réussir leurs examens de fin de lycée, et à intégrer la meilleure université possible, afin de décrocher le meilleur diplôme qui leur permettra de trouver le job qui leur fera gagner de l'argent, beaucoup d'argent, devenir riche, le plus riche possible, s'offrir l'appart et la voiture et tout le confort qui va bien ...
L'amour, c'est annexe, de toute façon à cet âge là ce n'est pas encouragé -ce serait même plutôt réprimandé dans nombre de lycées-.
Et puis, pas l'envie de faire des mômes de toute façon, un môme -un seul, loi oblige- ça crée des obligations, ça empêche de profiter de la vie et de la richesse ...
Quand à l'engagement politique ... même pas en rêve ...

Ecrit par : GZLaowai | 09.04.2007

@GZlaowai

merci pour la visite et le com.

ce témoignage sur les jeunes chinois est très intéressant, ils me semblent très proches de jeunes indiens.
c'est qui est logique, les jeunes des pays émergeants ont une autre vision du futur que les jeunes des "vieux" pays occidentaux.

si vous repassez, je vous mets un lien sur un texte que j'avais écrit sur deux jeunes amis indiens
http://celestissima.20minutes-blogs.fr/archive/2006/07/21/freedom-and-money.html

Ecrit par : céleste | 09.04.2007

Bonjour!!!
J'ai 20 ans et je dois avouer que ce que je ressents quant a l"avenir est assez proche de ce que pensent vos élèves...Surtout aujourd'hui 21 avril,à la veille des elections presidencielles en France.J'ai tres peur. Nortre génération aura plus de difficultées que la votre et c'est la premiere fois que ça se produit!!!Vous avez eu Mai 68,vous avez vraiment cru pouvoir changer les choses,peut etre l'avez vous fait en partie.Je ne sais pas si aujourd'hui nous sommes resignés. Il y a eu le grand mouvement l'an dernier contre le CPE...Je suis sure qu'une autre loi de ce genre sera imposée si la droite gagne.Nous les jeunes occidentaux nous ne nous retrouvons pas dans nos pays,cette France,cette Europe ne me ressemble pas.On veut du social!!On veut du boulot,un vrai boulot pas un CNE!!On veut que les immigrés puissent s'integrer...!Voila,la plus part de mes amis parlent de quitter la France,moi la premiere,on ne se fait pas d'illusion meme si une partie de nous mmeme veut y croire mais meme la candidate socialiste n'est plus vraiment socialo.C'est peut etre idiot de penser que ce sera mieux ailleurs mais je partirai le plus tot possible.Et demain j'irai voter pour mes idées meme si je sais qu'elles ne seront pas representées au segond tour...

J'ai tout de meme l'intension de profiter de ma vie et du monde ou ce qu'il en reste.

Ecrit par : Libertad | 21.04.2007

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