Douce France, en passant par la Champagne avec ma Panda

Regardant défiler le paysage, je pense que si l’on m’avait amenée sur cette autoroute par surprise, enlevée dans mon sommeil, par exemple, j’aurais immédiatement compris que j’étais en France, et, plus précisément, dans le nord.
C’est évident: le clocher, les maisons aux toits de tuile groupées autour de l’église, les champs et les bosquets.

Allez, j’ajoute une mosquée! Je plante son minaret au milieu du bourg. Est-ce que je reconnais encore la France?
Oui, bien sûr! Le clocher, les maisons, les bosquets, rien n’a changé. C’est bien la France!

Dans les villes de l’Inde du sud, il y a des temples,  des mosquées et des églises. L’hindouisme millénaire côtoie l’islam et le christianisme depuis longtemps. Si quelques mouvances fanatiques de divers bords se chamaillent violemment de temps à autre on peut quand même affirmer qu’à l’échelle du pays cette cohabitation religieuse, qui s’est installée au cours des siècles, fonctionne. (Je schématise bien sûr mais la chose, quand même plus complexe, n’est pas à l’ordre du jour)

Comme quoi avec un peu de bonne volonté on peut arriver à vivre en paix en partageant un territoire!

Non pas que je souhaite la multiplication des lieux de culte. J’aimerais au contraire un monde débarrassé des religions et de leurs chantres curés, imams, rabbins et autres.  Que les lieux de célébration religieuse deviennent des salles des fêtes, de réunion, des espaces ouverts à toutes et tous serait l’idéal.
Malheureusement ce n’est pas la tendance actuelle! L’offensive bigote, d’où quelle vienne, est sur tous les fronts.
Veillons au moins à ne pas laisser renaître la discrimination religieuse.

Au restaurant de l’aire d’autoroute de Troyes je me précipite sur l’andouillette – légende aimablement proposée à mes raffinés détracteurs  : l’andouille et son andouillette 🙂.

Et oui, pour moi Troyes est synonyme d’andouillette! Pour mon Italien préféré, il n’en est rien. Non seulement il ne fait pas le lien entre la ville et la spécialité gastronomique mais celle-ci ne l’inspire absolument pas. Il choisit un plat de penne avec une sauce bolognaise (disons plutôt une sauce à base de viande et de tomate qui a peu avoir avec le ragù que l’on mijote sur les fourneaux de Bologne, ville où l’internationale « bolognaise » n’existe pas).
En parlant d’international, le troisième plat proposé par le restaurant libre-service est la kebab, plat perse, turc, ottoman, musulman.

Ce que les mosquées n’arrivent pas à faire, s’implanter paisiblement dans les villes françaises (chaque fois qu’il est question d’en construire une, histoire de permettre aux fidèles de ne plus prier dans des hangars, si ce n’est dans la rue, on a droit aux  beuglements xénophobes de ceux qui pensent que la France doit appartenir aux Français et à eux exclusivement, comme si le pays ne s’était  pas, depuis des siècles, construit grâce à l’arrivée de nouvelles peuplades), bref, là où échouent les mosquées, la kebab, elle, caracole.
Dans deux siècles, qui saura encore que, contrairement à l’andouillette, elle n’est pas un pur produit du terroir?

Autre spécialité locale, le Champagne. Luxueux et rare dans mon enfance, réservé aux grandes occasions (sinon on débouchait une bouteille de mousseux), il est, en quelques décennies, devenu incontournable, symbole de fête ou de victoire. Comme dans le sport où les remises de coupes donnent lieu à de grotesques  éjaculations du breuvage par les sportifs en liesse.
Les stratèges du marketing et les publicitaires ont bien fait leur boulot, plus un raout sans champagne et les grands groupes qui contrôlent la plus grande part de la production ont engrangé de  très confortables bénéfices.
Ce qui ne les incite pas à protéger le personnel en cas de baisse des ventes. Bien au contraire.
Les employés de Piper-Heidsieck ( 138 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2009), en grève illimitée depuis vendredi, en savent quelque chose.
Invoquant une baisse de 42% de son chiffre d’affaires depuis mars 2009, la direction  a annoncé la suppression de 45 postes « afin de réorienter sa politique vers ses produits haut de gamme et sur ses deux marques Piper Heidseick et Charles Heidseick, et abandonner les produits d’entrée de gamme. »
Et oui, si le client de supermarché, le consommateur de base, résiste, faute de moyens, à l’attrait de la roteuse, le riche lui, n’a rien changé à ses habitudes. Champagne à gogo!

Douce France…

…à suivre…

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