L’uranium appauvri : une interminable agonie

Depuis deux jours j’essaie d’écrire un billet sur les nouvelles armes de destruction que je découvre encore plus massives, monstrueuses que ce que j’imaginais.

J’ai consulté une centaine de sites, cherché des précisions, des confirmations et ce que j’ai lu m’a emplie de tristesse et d’inquiétude, m’a tellement indignée, bouleversée que  les mots se dérobent et que je ne sais comment décrire l’horreur.

L’idée du billet venue en lisant sur son blog un texte de Malak. Française, elle vit et travaille en Arabie Saoudite, avant cela, elle a vécu au Koweit, ses récits parlent de la vie dans ces pays que nous connaissons peu et sur lesquels nous avons globalement beaucoup de préjugés, d’idées toutes faites.
Dans un récent texte, écrit d’une plume à la fois précise et sensible, elle évoque les terribles conséquences des attaques américaines de 1992 et de 2002

« Le nombre vertigineux de jeunes femmes ayant besoin de recourir à une assistance médicale pour pouvoir procréer, phénomène nouveau dans des sociétés connues de tous temps pour avoir des taux de fécondité parmi les plus élevés de la planète, m’a rappelé cette légende urbaine, ou désertique c’est au choix, qui n’en est pas une: l’emploi d’uranium appauvri par l’armée américaine pendant la Première Guerre du Golfe. Et en 2002. »

L’uranium appauvri, utilisé en Irak, au Kosovo, à Gaza ( forte suspicion ).

Les dégâts qu’il occasionne sont terrifiants, ceux qui échappent à la mort immédiate périront d’un cancer, auront des difficultés à enfanter, mettront au monde des bébés difformes. L’air, l’eau et le sol, irrémédiablement contaminés, rendront les zones touchées inhabitables pendant les siècles à venir.

Leuren Moret, scientifique américaine, spécialiste internationale des radiations,  le définit comme « le Cheval de Troie de la guerre nucléaire – il continue à rayonner et continue à tuer. Il n’y a aucune solution pour le décontaminer, et aucune voie pour l’arrêter parce qu’il continue à se désintégrer en d’autres isotopes radioactifs dans plus de 20 étapes. »

« L’uranium appauvri devient néfaste, déclare PR A. Durakovic, Directeur du département de Médecine nucléaire à l’Université Georgetown de New York et expert auprès du Pentagone3, quand il se transforme en poussière ingérée ou inhalée, il est alors plus dangereux qu’aucune toxine connue de la science des hommes. »

Selon le Dr Jawad Al-Ali, du Centre oncologique de Bassora, les cancers mortels dans la région de Bassora sont passés de quelque 25 en 1988 à plus de 600 en 1998. Les malformations de nouveau-nés se sont multipliées et ont pris des formes monstrueuses.

“L’alliage des armes à l’UA écrit  Asaf Durakovic pour l’Unranium Medical Research Center (Washington D.C, USA) en 2003, contient 99,8 % d’U238 émettant 60 % des radiations alpha, bêta et gamma de l’uranium naturel. L’UA est un métal lourd, 1,6 fois plus dense que le plomb. Il est organotrope, c’est-à-dire qu’il se fixe sur les organes cibles, tels que les tissus squelettiques où il demeure longtemps. Se dissolvant peu à peu, les isotopes d’uranium sont éliminés. On en a détecté dans l’urine d’anciens combattants de la guerre du Golfe 10 ans après qu’ils aient été absorbés par inhalation ou blessures résultant d’éclats d’obus. Des études sur leur répartition dans les tissus font état d’accumulation d’UA dans les os, les reins, le système reproducteur, le cerveau, les poumons, ce qui entraîne des effets génotoxiques, mutagènes et cancérogènes, ainsi que des altérations reproductrices et tératogènes. (…) Au cours de la première guerre du Golfe, au moins 350 tonnes métriques d’UA se sont déposées dans l’environnement et entre 3 et 6 millions de grammes d’aérosols d’UA ont été libérés dans l’atmosphère. Le résultat, le syndrome de la guerre du Golfe, est un trouble multiorganique invalidant complexe. (…)
Asaf Durakovic ajoute « On a découragé les recherches objectives en matière d’étiologie et de pathogénie du syndrome de la guerre du Golfe en retardant les études cliniques, en les orientant mal, voire en s’y opposant, ce qui a eu de nombreux effets néfastes sur des carrières scientifiques, parce qu’elles ne correspondaient pas aux intérêts industriels ou politiques. (…)”

Les habitants de Gaza ont eu le sinistre privilège d’être les premiers à recevoir sur leur minuscule territoire les fameuses Smart Bombs GBU 39 à l’Uranium Appauvri .
Fabriquées par la firme Boeing, ces bombes, munies d’un dard à l’Uranium Appauvri, ont une capacité de nuisance, immédiate et future, incommensurable.

C’est à une interminable agonie radioactive que sont condamnés les habitants des régions concernées, sans aucun espoir de rémission.

Ce faisant, les états coupables de ces crimes ont aussi condamné à la mort leurs propres soldats, – mais qu’est-ce donc qu’un soldat à leurs yeux, sinon un assassin ou un mort en sursis- et, dans le cas d’Israël mis en danger leurs propre pays.
Car comment imaginer que ces radiations meurtrières ne franchiront pas les frontières de Gaza ?

Le constat est hallucinant de cruauté de bêtise.

Toutes les guerres, disait Bernard Baruch,  conseiller des présidents pendant la Première et la Deuxième Guerre Mondiale, ont une origine économique.”

Se pourrait-il alors qu’au nom du profit des êtres humains en soient arrivés à perdre totalement le sens de l’humanité ?
Est-ce pour permettre à quelques pays riches de maintenir leur suprématie économique sur le monde que l’on inflige à des populations entières une mort programmée sur plusieurs générations et qui pourrait conduire à leur extinction mais aussi à la nôtre ?

« Depuis 1991, les Etats-Unis, écrit Leuren Moret, ont répandu l’équivalent radioactif d’atomicité d’au moins 400 000 bombes de Nagasaki dans l’atmosphère mondiale. C’est 10 fois la quantité libérée pendant les essais atmosphériques qui étaient l’équivalent de 40 000 bombes d’Hiroshima. Les Etats-Unis ont, de manière permanente, contaminé l’atmosphère mondiale avec de la pollution radioactive ayant une demi vie de 4.5 milliards années. »

Faut-il se souvenir de cette terrible phrase de Kissinger, extraite de la note 200 du National Security Council (NSC), datée du 24 avril 1974 et intitulée « Implications de la croissance mondiale de la population pour la sécurité US et les intérêts d’outre-mer : « la dépopulation devra être la plus haute priorité de la politique étrangère US envers le tiers monde. » ?

Il ne s’agit pas pour autant de stigmatiser les Américains dans leur ensemble car nous, Européens, sommes tous complices et nos enfants en seront les victimes.
Des complices involontaires et ignorants, des complices manipulés, déstabilisés, gâtés par la technologie qui nous enchante, rendus aveugles et sourds par un illusoire bien être dont nous ne sommes peut-être plus capables de nous défaire.

L’heure est venue de tourner le dos au profit cher aux néolibéraux, de comprendre enfin que le bonheur n’est pas lié à la possession matérielle infinie.

Il n’y a plus une minute, plus une seconde à perdre pour s’engager dans une autre voie, individuellement d’abord en repensant nos modes de vie, collectivement ensuite en boutant hors du pouvoir les fauteurs d’horreur.

Faute de quoi, l’espèce humaine disparaitra bel et bien de la planète, ce qui à l’échelle de l’univers, sera probablement plus un bienfait qu’un drame.

A lire pour plus d’informations:

Le Mystère de la bombe secrète à l’uranium d’Israël de Robert Fisk

Génocide à l’Uranium Appauvri à Gaza de Jean-Marie Matagne et  Paolo Scampa sur le site “Le grand soir”

La civilisation mondiale en danger par Manuel de Diéguez

Gaza : Génocide à l’Uranium appauvri sur le site Planete non-violence

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