Le mariage de John et Sunitha (2)

Nous arrivons à Pozhiyoor vers dix heures et demie. Nos amoureux sont tous les deux catholiques et la messe de mariage sera célébrée à 11 heures dans l’église du village. Il n’y aura pas de cérémonie civile, le document scellant l’union sera signé à la fin de l’office et transmis aux autorités.

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Pour l’instant nous allons à la maison de la famille de la mariée. Dans la rue principale, des hauts parleurs diffusent, à fond, des tubes malayalam et la ruelle qui mène chez Sunitha a été entièrement décorée. En bas de chez elle, les invités patientent en bavardant.

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Fin prête, superbe dans son sari de soie blanche, un léger voile couvrant ses cheveux, Sunitha reçoit ses amis et sa famille. Comme pour tout mariage indien qui se respecte, un photographe cinéaste filme le déroulement des opérations. Suite à quoi il réalisera une vidéo, kitsch à souhait, qui fera la joie du jeune couple.

La maison est minuscule, les invités se pressent à l’intérieur, Sunitha rayonne et, le projecteur ajoutant quelques degrés supplémentaires à une atmosphère qui aurait pu s’en passer, tout le monde transpire à grosses gouttes, surtout nous qui ne sommes pas habitués à supporter une telle chaleur.

« John est arrivé ! » A cette nouvelle, la séance photo s’arrête, Sunitha s’empare de son bouquet, un vague cortège s’organise et nous reprenons la ruelle pour retourner sur la route principale où attend le futur marié, une superbe cravate rouge, italienne, nouée sur sa chemise blanche.

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Suivant la tradition, John et Sunitha échangent des colliers de fleurs, puis, à bonne distance l’un de l’autre (ils se connaissent depuis des années, travaillent ensemble, se sont choisis, mais jusqu’au mariage leurs rapports sont restés très distants, très chastes) ils marchent vers l’église, suivis par la foule des invités (environ 400 personnes). Même dans les familles très modestes, comme celles-ci, le mariage, événement fondamental, doit être fêté en grande pompe. Souvent les parents s’endettent pour pouvoir affronter les frais. La dot aussi est une pratique incontournable et son montant, variant suivant la richesse des familles, peut-être très important.
Mais John est un enfant de Namaste et il n’a pas exigé ce sacrifice de la part de sa future belle-famille qui se résume à la grand-mère et au père, une femme âgée, malade et  un alcoolique invétéré, détruit par des années de boissons et qui ne fera qu’une vague apparition légèrement titubante à la fête.

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Le prêtre officie, John offre un sari à sa belle, sous une pluie de pétales de fleurs, il lui attache autour du cou (avec difficulté) un thali en or, symbole de leur union et qu’elle ne devra jamais enlever, le chœur chante.

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Les fidèles se lèvent et s’agenouillent, prient pour le bonheur des mariés.

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Au beau milieu de la cérémonie nous défilons dans la travée de l’église, pour offrir au prêtre et j’imagine à travers lui au dieu à qui est dédié cet édifice, des bananes et de l’encens.

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La messe finie, les anneaux échangés et enfilés (ce qui n’est pas traditionnel), les nouveaux mariés signent le registre. Suite à quoi, en signe de respect, ils touchent les pieds de Valeria (ce n’est évidemment pas elle qui l’exige). Emue, elle les prend tendrement dans ses bras. Puis s’exclame, et moi avec « One kiss, one kiss » La mariée minaude et fait non de la tête mais John, courageux, dépose un rapide baiser sur sa joue, ce qui est parfaitement inhabituel. Les Indiens sont très pudiques et ne manifestent jamais la tendresse amoureuse en public.

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La noce se rend ensuite dans la salle des fêtes du village. Debout sur une estrade décorée, John et Sunitha, toujours sous le feu des projecteurs, accomplissent d’autres rites, nourrir l’autre d’une boulette de riz, lui donner à boire un verre de vin. Puis ils remercient les invités qui défilent à leurs côtés avant d’aller au sous-sol ou un déjeuner, rapidement englouti leur est servi
Les convives sont attablés en ligne, et à peine ont-ils fini de manger qu’ils cèdent leurs places à d’autres. Le repas est certes important mais son but est exclusivement de se nourrir, pas de discuter, de plaisanter ou de chanter. Disons que ce n’est pas un moment de convivialité.

En une heure et demie le repas est expédié et nous repartons en cortège jusqu’à la maison de Sunitha, puis dans la petite chambre des jeunes époux. Sur la table de nuit sont déposés un verre de lait et des bananes.
John et Sunitha, sont assis sur le lit (dont le drap et les oreillers ont été bénis à l’église ce matin), exténués, visiblement stressés, ils regardent défiler les parents et les amis.

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Nous, nous repartons pour Vellanad. Les mariés nous rejoindront dans dix jours après avoir séjourné d’abord dans la famille de Sunitha, puis dans celle de John.

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