Le ver dans le fruit

Entre 50 000 et 150 000 Indiens travaillant dans les pays du golfe seraient de retour en Inde après avoir perdu leur emploi, titre l’Indian Express du 9 juillet.

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Le ralentissement notable de l’économie dû à la crise, qui se répand comme une tache d’huile, a bloqué de nombreux projets, particulièrement dans la construction, secteur qui emploie depuis des années une main d’œuvre composée essentiellement (90%) de travailleurs manuels (blue-collar) indiens.
Valayar Ravi, le Ministre des Affaires Étrangères, s’en est récemment inquiété au Parlement.
C’est dans les EAU que la situation serait devenue la plus critique : projets annulés ou reportés, ouvriers non payés.

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Au Kerala, chaque famille compte au moins un membre qui travaille dans un pays du golfe. L’émigration, massive, a permis à l’économie keralaise de littéralement bondir durant ces dix dernières années.
En six ans nous avons vu les immeubles et les pavillons à colonnades surgir du sol comme des champignons après l’ondée, les grandes surfaces se multiplier, les voitures et les motos envahir les villes.

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Le long des routes, d’innombrables panneaux publicitaires vantent les mérites du crédit bancaire.
Les jeunes gens rêvent de partir travailler dans le golfe afin d’accumuler un pécule qui leur permettra d’accéder à une aisance économique destinée construire des villas, assurer une bonne éducation à leur progéniture et consommer frénétiquement.
Bon nombre d’enfants de Namaste ayant fréquenté l’English Medium School ont choisi cette voie.

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Si le ralentissement de l’économie des pays du golfe perdure, comme c’est fort probable, il provoquera un effet dominos dont les conséquences pourraient être désastreuses sur la vie des kéralais, privés d’une source de revenus qui jusque là semblait inépuisable.

C’est d’autant plus grave que durant les dernières années cet important apport d’argent frais a poussé les habitants du Kerala à s’éloigner de l’économie traditionnelle basée sur la culture familiale, les petites entreprises, les minuscules commerces de proximité. Les champs ont été plantés d’hévéas ou délaissés et les grandes surfaces proposant du « ready made » à des prix compétitifs concurrencent méchamment  les ateliers des artisans.

Pour l’instant aucun changement n’est perceptible mais le ver est dans le fruit, il grignote, grignote, gagne du terrain.

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Au niveau national, le PIB est toujours en croissance mais celle-ci est en fort ralentissement, elle est passée de 9% en 2007-2008 à 6,7% en 2008-2009, les prévisions indiquant pour la fin de l’année le chiffre de 5%.

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Les riches resteront riches, les pauvres le seront peu plus mais ce sont surtout les classes moyennes qui seront victimes de la crise. Beaucoup vont devoir renoncer à un début de bien-être économique, à peine atteint au prix d’années de labeur dans des pays lointains et peu accueillants.
Et je crains que cette chute ne provoque des frustrations susceptibles d’alimenter les luttes internes, sournoises, qui sommeillent d’un œil quand la conjoncture est bonne mais sont prêtes à se réveiller si la pauvreté à nouveau se répand.

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