De Orchha à Udaipur, en train!

Nous quittons Orchha pour nous rendre à Udaipur, au Rajasthan.

Rien d’improvisé, à la gare de Jhansi nous devons prendre le Pendjab Express, qui nous amènera à Mathura où un train de nuit nous conduira Udaipur. Dans le premier train nous avons réservé des places de Sleeper et dans le deuxième, des couchettes.
Pas de bol, la veille, Asha nous signale qu’à cause d’un accident ferroviaire à Mumbai, le Pendjab Express aura dix heures de retard.
Nous devons donc, au départ de Jhansi, prendre un autre train, beaucoup plus tôt, pour aller à Mathura où nous devrons attendre, pendant six heures, l’arrivée du train de nuit.

Le réseau ferroviaire indien est énorme, il est géré par une entreprise publique, Indian Railways, qui emploie 1,4 million de personnes. Il traverse le pays de long en large et s’étend sur environ 64 000 kilomètres de lignes. C’est l’un des réseaux de chemin de fer les plus longs et les plus chargés au monde, il transporte chaque jour 19 millions de passagers et achemine 350 millions de tonnes de marchandises par an ce qui représente 40% du fret.

Malheureusement le réseau et les véhicules sont vétustes, mal entretenus et en matière de sécurité, les chiffres sont accablants : environ 300 accidents par an, souvent mortels.
En 2009, 25.705 personnes ont trouvé la mort sur le réseau.

Les wagons sont bondés, les portes donnant sur la voie ouvertes en permanence et les passagers voyagent parfois sur les marchepieds ou entre les voitures.
Il faut aussi ajouter, selon un rapport officiel, les 15.000 personnes qui meurent chaque année en traversant les voies, un chiffre que le gouvernement a qualifié de “massacre”.

Bien que le ministre indien des chemins de fer se soit récemment engagé à ce qu’aucun passager ne trouve plus la mort en empruntant le réseau ferroviaire du pays : « Je m’engage à cibler le zéro mort », « Mon objectif est la sécurité, la sécurité, la sécurité », il y a deux jours, 32 personnes ont trouvé la mort dans lors d’un incendie, dû à un court circuit, dans un wagon du Tamil Nadu Express.

Pour rendre le réseau “solide comme l’or“, ambition du ministre, il y aura du chappatti sur la planche !

Pour en revenir à notre voyage, à la gare de Jhansi, nous achetons, deux billets « super fast », (dernière minute), catégorie « general », autrement dit troisième classe et nous nous engouffrons dans un wagon « Sleeper »,  classe légèrement supérieure.

Monter et voyager dans un wagon « general » est nettement au-delà de nos possibilités. Les passagers se ruent vers les portes, se bousculent et s’entassent à l’intérieur des voitures. Avec nos bagages et nos manières délicates, c’est l’écrasement assuré !
Lorsque le contrôleur passe nous présentons nos billets et payons la différence, sans aucune difficulté.

A la gare de Mathura, nous sommes accueillis par des singes grognons, puis assis sur un banc, nous attendons, nous attendons, nous attendons.

Chaque fois que Fabio sort fumer une cigarette, il est assailli par une horde de quémandeurs. Finalement, il trouve la parade : il se colle le téléphone portable sur l’oreille et fait semblant de participer à une discussion. Plus personne n’ose le déranger.

A l’intérieur de la gare, j’observe les passagers, les badauds, les mendiants, les enfants abandonnés qui vont et viennent. Des milliers de gamins vivent dans les gares indiennes, dans des conditions déplorables, mal nourris, drogués, exploités, violés, ils sombrent dans la folie ou la violence. Tarun Telpaj a fait de deux d’entre eux des protagonistes de son dernier remarquable roman « Histoire de mes assassins ».
« La littérature, dit l’auteur, arrive à montrer qu’un assassin est aussi une victime, que le pire d’entre eux a été innocent un jour. Qu’un oublié d’une caste pauvre possède une personnalité, une subjectivité aussi complexe qu’un homme de pouvoir, que les deux sont à égalité en humanité.»

A l’approche de la nuit, de nombreux saddhus s’installent sur les quais pour passer la nuit à l’abri. Mathura est considérée comme la ville de naissance de Krishna, le dieu joueur de flûte, donc lieu de pèlerinage.

Vêtus de jaune, trois d’entre eux s’installent à côté de nous. Ils étalent leurs couches sur le sol, se lavent les pieds au-dessus des rails avec l’eau d’une bouteille, et dînent de mets offerts par des fidèles et conservés dans des boites en fer.

Ils discutent paisiblement, rient dans leurs  barbes, dodelinent de la tête. Namaste !

Finalement, après six heures d’attente, notre train arrive et nous emporte vers Udaipur.

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