Un charmant dragueur

Sur un trottoir de Nice, le premier septembre

Élégant, vêtu de lin clair, le cheveu blanc sagement coiffé et un gentil sourire aux lèvres, lorsque nous nous croisons il s’approche de moi et me tend la main :
« Bonjour ! »
Sa voix est douce et sa main fripée.
«- Bonjour ! Mais, vous savez, on ne se connaît pas… »
Il me dévisage, la mine surprise et je me dis que son grand âge a brouillé sa mémoire.
« Mais si, nous nous connaissons, nous nous croisons si souvent…
Non, je suis désolée mais ce n’est pas possible, je n’habite pas à Nice, je suis en visite chez mon fils.
Pour plusieurs jours ? Nous pourrions nous revoir…mais, peut-être n’êtes vous pas libre… »
Hou le coquin, dragueur courtois à l’abri derrière les ans…
« En effet je ne suis pas libre…
Quel dommage ! »
Et il reprend ma main, la presse délicatement. Dans ses yeux brille un éclat malicieux. Pas gaga du tout !
Merci, ce fut un plaisir de vous rencontrer ! »
Plaisir partagé, à bientôt, j’espère ! »
Je dégage ma main.
« Au revoir! »
Je m’éloigne. Il s’incline légèrement, prince désuet et m’adresse un dernier sourire

Loin de m’importuner, le vétéran séducteur niçois a apporté une touche de gaieté dans ma matinée. J’ai aimé son regard rieur et l’amabilité avec laquelle il a présenté sa requête. Car l’enjeu était clair, il cherchait une aventure, des étreintes, un peu d’amour, de la tendresse, du sexe.
Il n’a pas insisté devant mon refus.
Un homme charmant et respectueux.

La technique du « nous nous connaissons », ce n’est bien sûr pas la première fois que je la vois à l’œuvre et je l’ai moi aussi utilisée, avec plus ou moins de bonheur.

La drague est un jeu amusant, multiforme. Sa limite est le respect de l’autre.

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