La une des lecteursTous les blogsles top listes
Envoyer ce blog à un amiAvertir le modérateur

28.01.2007

Alex, aux semelles de vent

medium_alex_0.jpg
Quand il est né, gros poupon joufflu, j’avais 23 ans et mon expérience des nourrissons était carrément nulle.

Nous étions en 1979, préoccupée par mon joli bébé tout neuf, j’ai peu suivi l’actualité de cette année là. Pourtant, elle fut déterminante.
medium_alex01.jpg

Au Cambodge, la chute du régime sanguinaire de Pol Pot marqua la fin d’un interminable cauchemar. Quelques jours plus tard le Shah d’Iran, malade, quitta son pays, ce qui provoqua le retour, en djellaba et en héros, de l’ayatollah Khomeiny, qui attendait son heure en France. Il fonda au plus vite une république islamique basée sur le retour à la pureté religieuse et sur le rejet de l’occidentalisation.
Le choc pétrolier qui s’ensuivit entraîna une vague de panique dans les pays consommateurs, le prix du baril de brut tripla.
Pendant ce temps-là, en France, sévissait Giscard d’Estaing et, tandis que Louis Pauwels, tout content de lui, définissait le concept de « nouvelle droite », Action Directe, baptisée de peu, passait à l’attaque contre l’impérialisme capitaliste en mitraillant le siège du patronat et Jean Marie Le Pen entrait en politique.

En Angleterre, mauvaise pioche pour les miséreux, Margaret Thatcher, devint premier ministre.

Au mois de mars, Menahem Begin et Anouar el-Sadate signèrent un traité de paix entre l'Égypte et Israël, il mettait fin à une guerre qui durait depuis 1948. L'Égypte reconnut l'État israélien, qui évacua le Sinaï. Et un élan d’optimisme, qui fut malheureusement vite brisé, parcourut le Monde.

Hélas, le 27 décembre, les soviétiques, sous la houlette de Brejnev, envahirent l’Afghanistan.

medium_alex02.jpg

Mais moi, émerveillée, je regardais Alexandre, mon fils.
Quand il dormait j’approchais mon oreille de son visage pour sentir son souffle léger.
La nuit, je l’installais sur l’oreiller, tout contre moi, et glissais un mamelon dans sa bouche, il tétait, je somnolais.

Petit garçon joyeux, il aimait jouer, faire du vélo et les histoires que, le soir venu, je racontais pour l’endormir.
medium_alex_03.jpg

Et puis il a grandi, le collège a succédé à l’école élémentaire, puis ce fut le lycée, l’université.

D’un anniversaire à l’autre, le temps a filé.
Je suis partie.
Lui aussi, son sac sur le dos, à la découverte du monde.

Parfois j’ai la nostalgie de son enfance, de ces deux petits garçons (Romain est né l’année suivante), rieurs et malicieux, que, consciencieusement, j’accompagnais à l’Académie de musique, à la piscine ou au stade.
Les jours de tristesse, ils me manquent.
medium_1alex4.jpg

Cette semaine, Alexandre, après un long périple en Amérique du Sud et 5 mois de travail au Danemark, a posé pour quelques jours son sac à Bologne.
Ne voulant ni travailler dans un bureau, ni de se plier aux ordres d’une hiérarchie, il a choisi la liberté et les boulots aléatoires.
Un jour ici, un autre ailleurs, sur les routes du monde. Ils sont nombreux à vivre comme lui, qui se fichent bien des grands patrons et des mouvements du CAC 40, qui se retrouvent d’une vendange à l’autre, de l’Europe du Nord  à l’Amérique du sud en passant par l’Asie, qui vivent de peu, n’alimentant guère la grande machine à consommer, qui connaissent le goût du vent et le plaisir de marcher seul vers l’inconnu, qui sont, nomades d’aujourd’hui, des êtres libres et sans frontières.

Il a gardé de l’enfance son sourire, sa nonchalance, son goût de l’aventure qui le pousse à voyager seul, à la rencontre des autres.

Il est grand, il est beau, et moi, je lui dis toujours des choses simples, bêtes et tendres comme « Tu as pris un pull, il doit faire froid là où tu es ? », ou « Fais attention de ne pas perdre ton passeport ! ».

Pourtant, même si mes yeux aimants voient toujours un enfant,  je sais qu’il est un homme.

Et je suis fière d’être sa mère.
medium_alex_05.jpg



« Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent.
Pour partir, cœurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s'écartent,
Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons ! »
(Baudelaire)

26.01.2007

Vu d’Italie

Il est toujours intéressant de savoir ce que la presse étrangère écrit sur les élucubrations hexagonales.

Dans la Repubblica, grand quotidien de centre gauche dont Carlo Caracciolo, qui vient de devenir à titre personnel le deuxième actionnaire de Libération (avec 5 millions d'euros soit 33,3% des parts) est co-fondateur, deux articles sont consacrés à la France.

Dans les pages "Mondo", sous une photo de Ségolène Royal, un sourire crispé aux lèvres et la main en l’air, probablement pour saluer, et une de Sarkozy vociférant, la mine peu accorte et le doigt levé comme un élève de CM2, un gros titre saute aux yeux :
« La Royal (comme on dit ici) espionnée par Sarkozy »
Et le sous-titre indique « Scandale à Paris, Ségolène continue à descendre dans les sondages ».
Voilà qui va chagriner les italiens de gauche qui, globalement, nous envient Ségolène.
Comme quoi, l’herbe semble toujours plus verte dans le pré du voisin.
L’article poursuit en précisant qu’au sein d’un début de campagne marqué par les coups bas, les polémiques et les gaffes de la dame, celle-ci a brutalement perdu 8 points dans les sondages, ce qui la crédite à présent de seulement 27% des intentions de vote, alors que son concurrent direct (celui qui vocifère en haut de la page) après avoir augmenté son score éventuel d’un point, arrive à 33%. « Le centriste François Bayrou », bénéficiant quant-à lui des faveurs des déçus de la gauche modérée (molle dirons nous) se taille 13% du gâteau.

L’article ne précise pas vers qui vont aller les votes des déçus de la gauche non modérée, antilibérale, comment le pourrait-il, les intéressés aux mêmes n’en savent encore rien !
Rien non plus sur le borgne.

En cas de ballottage Sarkozy / Royal, l’espion vociférant l’emporterait avec 52 % des suffrages (tremble pauvre peuple), car 60% des français estiment qu’il a la stature d’un président.
Là je me demande vraiment ce qu’est la stature d’un président !
Pas la taille de celui qui met des talonnettes.
Pas son envergure internationale.
Pas son humanisme.
Pas la profondeur de ses discours.
Pas par sa capacité à prévoir.
Alors quoi ?

Une autre page, la 18, est entièrement consacrée aux nouvelles exigences pédagogiques de Gilles de Robien.
Le titre est très clair « France, les 4 opérations à l’école maternelle », suivi en sous-titre par : « Le ministre de l’éducation : l’arithmétique chez les petits de 3 à 5 ans pour développer la logique ».
En Italie, l’enseignement des opérations se fait à l’école élémentaire.

Deux spécialistes affrontent leurs opinions.

L’un, Giorgio Israel, déclare: « C’est seulement en comptant et en apprenant par cœur qu’un enfant peut grandir », balayant vite fait bien fait l’aspect affectif de l’apprentissage et ne se posant nullement la question de la maturité, ce qui, à mon humble avis devrait avoir pour résultat de former à la chaîne des petits robots calibrés, obéissants, incapables de créativité et de fantaisie.

L’autre, Piergiorgio Odifreddi, auteur d’un ouvrage intitulé « Il matematico impertinente » dit “C’est comme ça que l’on devient rationnel » et il ajoute : « Un enfant qui se rend compte que 2 et 2 font 4, comprendra aussi avant les autres que le Père Noël est une invention. Je plains les parents dont les enfants sauront compter et ne croiront plus aux contes de fées ».


Les Italiens, toujours très sensibles en ce qui concerne le monde de l’enfance sont par ailleurs les moins prolifiques d’Europe, moins d’1,4 enfant par femme, un couple sur 5 ne procrée pas et, dans le nord, 53,7 % des familles se contentent d’un seul rejeton, comme l’explique l’article de la page 4.
A ce rythme là dans une centaine d’années, les Italiens auront disparu et ils l’auront bien cherché, car, de ce côté-ci des Alpes, les allocations familiales n’existent quasiment pas (ou si peu) et les femmes qui travaillent doivent jongler en permanence, avec de petits salaires, pour gérer famille et boulot.
Pas de politique nataliste, pas de bébés.
Bien fait !

Dernier billet, au titre alléchant : « Bari : un parc de l’amour pour les couples ».
Aménagé et contrôlé il offre aux couples sans toit, la possibilité de folâtrer en toute sécurité au grand air. Sympathique initiative, ai-je pensé avant que la dernière ligne ne m’explique que le propriétaire, un restaurateur, entend bien rentabiliser la chose en demandant un paiement de 3 euros par heure, puis d’1,50 pour chaque demie heure supplémentaire.
Vu le tarif, les jeunes couples auront intérêt à abréger les ébats.
De plus les premières cinq minutes étant gratuites, l’homme qui baise plus vite que son ombre pourra même le faire, sans bourse délier...

22.01.2007

"Cinq choses que vous ne savez pas de moi" (5)

Nous avions quitté le port de Saint Jean Cap Ferrat vers la fin d’une belle matinée d’août.
Poussées par un vent paresseux et taquin qui soufflait par intermittence, nous avions tiré des bords d’un bout à l’autre de la baie.

Cécilia barrait, je contrôlais les voiles. J’avais appris à tirer sur les écoutes et à esquiver la bôme quand elle traversait vivement le pont.

Nous avions dormi au soleil et nagé dans l’eau limpide et douce d’une crique.Mangé du saucisson et bu du rosé frais. Parlé de tout, de rien et de nos vies.

Cécilia était mon amie. Elle avait chanté à l’Opéra de Nice et sur de nombreuses scènes françaises et internationales, mais sa carrière n’était plus au zénith. Elle n’avait, disait-elle, jamais voulu se plier aux diktats et aux petits arrangements que le cruel monde du spectacle impose trop souvent aux artistes. Je la croyais volontiers, Cécilia éprise de liberté, ne suivait pas les chemins tout tracés.

Sa route à elle, menait vers le large, les embruns, l’horizon étincelant qui dansait sous le soleil.

De sa gloire, elle avait gardé ce voilier, une petite merveille de teck blond, mouillant dans le port de Saint Jean et où elle passait une bonne partie de l’année.

Puis la nuit, qu’un quart de lune éclairait, sur nous était tombée et le vent,  doucement, s'en était  allé.

Nous clapotions.

Cécilia avait alors décidé de mettre le moteur en marche pour pouvoir regagner le port. Hélas, il refusa de démarrer . Puis la batterie déclara forfait et nous nous retrouvâmes dans l’obscurité. Seule la lampe de secours luisait à l’avant du bateau.

Nous nous assîmes sur le pont pour siroter un dernier verre de rosé et réfléchir mollement à la marche à suivre. Les flots étaient calmes et réguliers, mais nous ne pouvions rester ainsi, ballotées, seules dans l’immensité sombre de la mer.

C’est alors qu’une secousse venue des fonds marins ébranla le voilier qui se mit à tanguer et danser sur d’étranges vagues.

Puis une baleine, argentée sous la lune, jaillit à quelques mètres à bâbord.


Disparut pour reparaître à l’arrière du voilier.

Puis à tribord.

Encore à bâbord.

Joueuse, elle décrivait des cercles autour de notre esquif.

Et Cécilia, debout à l’avant du bateau, face à la mer, chanta.

 

« Voli l’agile barchetta, voga, voga, o marinar »

Dans la chaude nuit,  la baleine dansait, frôlant parfois le voilier qu’elle éclaboussait de gouttelettes scintillantes. Au loin, les feux artificiels de la Riviera, que la splendeur des étoiles éteignait, semblaient de petits points inutiles et dérisoires.

La voix de Cécilia, montant claire et pure vers le ciel, emplissait la nuit en une parfaite harmonie.

« Pallidetta é in ciel la luna, tutto invita a sospirar
Voga, voga, marinar…”

Il est dans la vie de ces instants magiques, où rien d’autre n’existe que la sensation profonde d’un bonheur que l’on sait éphémère mais dont le souvenir à jamais enchante.

Tout concordait, la « Barcarolla » de Rossini, la baleine malicieuse, les ténèbres bienveillantes, le doux clapotis de l’eau sur la coque du bateau.


« Voga, Voga »...

 

La voix enregistrée est celle de Cécilia, mais comme nous l'avons extraite d'une cassette audio, la qualité n'est malheureusement pas parfaite.

Traduction :
« Vole léger bateau, vogue, vogue marinier »
« La pâle lune éclaire le ciel, tout invite à soupirer »
« Vogue, vogue, marinier »

 

Et je passe le relais à Anne du blog « lesyeuxouverts » et à Mohamed du blog "kitab".

 

 








21.01.2007

"Cinq choses que vous ne savez pas de moi" (4)

 

1972

 

J’ai 16 ans, je suis en première C,  l’internat du lycée de jeunes filles Pierre et Marie Curie de Châteauroux me pèse et m’exaspère, d’ailleurs, c’est le lycée tout entier qui m’est insupportable.

Entre le matraquage de  mathématique et de physique de la section C, choisie par ma mère qui, elle, excelle dans l’art de jouer avec les chiffres, et l’impression permanente d’être emprisonnée pour un délit que je n’ai pas commis, je lutte et me rebelle, utilisant les seules armes dont je dispose : l’insolence et la paresse.

 

L’année de première touche à sa fin, je n’attends évidemment rien de bon du bulletin de notes final, cela m’est complètement indifférent, j’ai déjà compris  que la vraie vie existe, mais qu’elle est ailleurs.

 

Le règlement de l’internat, rétrograde à souhait, prévoit, pour les oies supposées blanches que nous sommes, toutes filles de la campagne, que les externes, de la ville, regardent avec hauteur, une sortie hebdomadaire libre, le mercredi après-midi de 13h45 à 16h45, tout retard entraînant avertissements, colles en cas de récidive et exclusions temporaires en dernier recours.

Jetées sur les trottoirs de le ville, les coquettes fardées, en mini jupes et pantalons tellement moulants qu’il faut se coucher sur le dos pour remonter la fermeture éclair, et les intellos en jeans avachis, se répartissent frénétiquement dans la ville.

Les premières se précipitent en direction Nouvelles Galeries, des bars, des boums où l’on espère trouver un succédané d’amour dans les bras d’un adolescent boutonneux, qu’il faudra quitter en plein milieu de l’après-midi pour retourner dans la cage, et qui se repliera vivement sur une externe disponible ce qui fait qu’on ne le retrouvera pas le mercredi suivant.

Les intellos, je ne sais pas ce qu’elles font, car je passe généralement mon après-midi de liberté en compagnie des coquettes, ou de l’amoureux du moment, quand j’ai la chance d’en avoir un, ce qui est rare étant donné le peu de confiance que j’accorde à mes charmes et qui me rend gauche et farouche.

Ce mercredi de juin est le dernier pour les internes de terminale, et traditionnellement, celles-ci, frondeuses, ne regagnent pas le lycée à l’heure imposée, mais à 18h45, soit avec deux heures de retard. L’administration, en la personne de la surveillante chef, Mademoiselle R., une grande bringue, vieille fille en jupe de tweed et talon plat, à la démarche martiale et à la voix cassante, qui devient toute rouge quand elle s’énerve, ferme les yeux.

Un complot, parti du groupe des intellos, et auquel j’adhère immédiatement, circule parmi les élèves de première. Il s’agit, ni plus ni moins, d’imiter les terminales, en rentrant, toutes, à 18h45. Le nombre de participantes, prétend une chef du groupe initiateur, empêchera les représailles et convaincra sans aucun doute les autorités du bienfait d’une réforme.

Et toutes d’approuver cette initiative et de promettre sa propre participation.

A 13h45, telle une envolée de mésanges gazouillantes, la troupe des internes file vers la liberté (conditionnelle).

En ce qui me concerne, j’ai rendez-vous avec des garçons et des filles de ma classe.

Car si l’internat est réservé aux jeunes filles, l’externat, par chance, est mixte et dans ma classe de première C, il y a plein de garçons (pour ceux qui suivent mes aventures, en terminale, je rencontrerai Bruno, mais en 1972, il n’est pas encore dans la course). Ils ont 16 ans, des problèmes d’acné, ils étudient tout le temps mais ils sont gentils et je les aime bien.

La douceur du temps pousse nos pas vers le parc de Belle Isle. L’après-midi se passe en jeux et parlottes, allongés dans l’herbe, une pâquerette entre les dents. Pas une fois je ne consulte ma montre, ma décision est irrévocable.

Le temps se traîne et s’étire, frais et léger, comme un chewing-gum à la menthe.

Vers six heures et quart je dois prendre le chemin du retour. Patrick m’accompagne. Si je ne suis pas sûre qu’il me plaise, je suis par contre sûre de lui plaire, ce qui pour moi s’apparente à un petit miracle, suffisant pour que je le laisse prendre ma main dans la dernière ligne droite avant le lycée.

Lycée devant lequel j’avais imaginé retrouvé un groupe d’internes rebelles et résolues, fières d’avoir défié l’ordre établi.

Bizarre, il n’en est rien, c’est le calme plat.

Patrick n’ose pas m’embrasser, ce qui finalement m’arrange bien, et je m’engage bravement dans l’allée.

Je traverse le sous-bois, je coupe à travers la pelouse derrière les terrains de tennis (sous-bois, pelouse et terrains de tennis qui nous sont, va savoir pourquoi, interdits), sans rencontrer âme qui vive.

Un doute commence à m’étreindre, se pourrait-il que… ?

La pionne qui m’accueille dans le bureau de la chef me fusille du regard et m’expédie sèchement et prestement en salle d’étude.

J’ouvre la porte, elles sont toutes là. Elles ont déjà enfilé leurs blouses en nylon bleu. Elles étudient en silence ou écrivent des lettres à leurs amoureux, mais ce qui est sûr c’est qu’elles sont arrivées depuis longtemps et que la seule, l’unique, à avoir tenu parole, c’est moi !

Oh, elle ne sont pas toutes rentrées à l’heure obligatoire, elles ont flâné, sont arrivées en retard, mais en retard seulement, pas ostensiblement à18h45.

Furieuse et atterrée je les contemple sans mot dire mais en maudissant leur obéissance, leur manque de courage, leur traitrise.

 
J’ai 16 ans et je comprends avec une extraordinaire acuité qu’il ne faut jamais compter sur les autres et que l’on est toujours personnellement responsable de ses actes.

 

Le lendemain ma mère  remonte d’un pas vif et rageur la longue allée de l’internat, elle vient me chercher, je suis exclue pour trois jours.

Trois semaines plus tard le bulletin de notes final arrive à la maison, il me condamne au redoublement.

 

 Et vous, le lycée, c’était comment ?

 

 Aujourd'hui, je passe le relais à Fabien, du blog "Le Mont du Faucon"

 

 

 


19.01.2007

"Cinq choses que vous ne savez pas de moi" (3)

A une autre période de ma vie, j’eus à affronter un certain nombre (un nombre certain) de difficultés. Entre un mariage qui se fracassait et des déboires sentimentaux approximatifs, le tout sur un fond d’huissiers venant saisir les meubles et de factures impayées, j’avais sur le présent et l’avenir une impressionnante série de questions et de doutes que même les discussions avec mes copines et la fréquentation régulière d’une dame revêche assise dans un fauteuil (les bienfaits salvateurs de ces séances se feront sentir bien après, il était encore trop tôt) ne parvenaient  résoudre.

C’est alors qu’une amie me proposa d’aller consulter un marabout.

Un marabout ?

Moi ?

L’athée de service ?

Tourne vire, la curiosité fut la plus forte, je la suivis et j’ai consulté un marabout.

 

Dignement assis sur un tapis, la djellaba plissant sur ses jambes croisées en tailleur, il nous reçut dans son appartement au sein d’une de ces sordides cités HLM où s’entassent ceux que les gens des beaux quartiers (et même des moins beaux) n’ont pas envie de rencontrer dans l’escalier quand ils descendent acheter leur baguette.

Ascenseurs en pannes, murs tagués, poubelles débordantes, carré d’herbe pelé, boîtes aux lettres défoncées, et une petite odeur de soupe froide mâtinée d’urine courant dans les couloirs, tous les ingrédients du ghetto se trouvaient honteusement réunis, sans que cela, visiblement, n’émeuve ni l’office des HLM ni la municipalité de Nice.

Brigitte, courageuse mais pas téméraire, avait garé sa Twingo deux bornes avant et il avait fallu marcher le long de la route sous une vilaine petite pluie battante.

 

Mamadou salua mon amie et, fixant sur moi un œil noir, me lança sans ménagement : « Oh, mais t’i mézante toi, ti veux quitter ton mari ! »

Interloquée, j’ouvris la bouche pour lui signifier que c’était pas ses oignons et que je n’étais pas venue là pour me faire remonter les bretelles, mais pour essayer, stupidement peut-être, de trouver un peu de réconfort dans des promesses, même aléatoires (au point où j’en étais je ne pouvais pas faire la difficile), de bonheur futur. Je n’eus pas le temps d’exprimer ces pensées car, d’un geste de la main, il m’intima le silence. Puis il nous fit comprendre d’un coup de menton  qu’il nous invitait à nous asseoir face à lui sur le tapis, et, fermant les yeux, la mine inspirée, il entama sur ses fesses un mouvement de balancement.

« Il se concentre » me chuchota Brigitte.

Il rouvrit les yeux et nous décocha un magnifique sourire. Suite à quoi il s’informa aimablement de la santé de la mère de Brigitte, une cliente assidue.

Enfin, s’adressant à moi d’un ton péremptoire : « Ti sais bien écrire toi ! Ti sais y faire avec li papiers ! »

Et sans attendre mon approbation, qui visiblement lui importait peu, il tira un formulaire taché d’une pile de documents qui gisait à ses côtés et me le tendit. Il s’agissait d’un courrier des allocations familiales lui demandant d’indiquer combien il avait d’enfants.

Je le lui expliquai.

     " -  Ici ? demanda-t-il.

-         Oui, c’est les allocations familiales, pour avoir de l’argent.

-         Ahhh, li zallocations familiales, ça marche, et il éclata d’un rire joyeux

et communicatif.

-         Ils veulent savoir combien vous avez d’enfants.

-         Ici ?

-         Ben oui, ici, intervint Brigitte, pas ceux que tu as au Sénégal !

-         Ahhhh…, dit-il la mine pensive et plutôt déçue, …ici…

-         Et il faut indiquer leurs âges et joindre des certificats de scolarité, il faut les demander à l’école.

-         Cirtificat… ah voui voui voui, ci pas facile hein !

-         Bon, si vous avez un livret de famille, je peux vous remplir le formulaire. »

 Il me tendit un livret qui avait depuis bien longtemps perdu sa couleur blanche et tandis que je commençais à recopier sur la feuille les coordonnées des quatre enfants qui y figuraient, il expliqua à Brigitte que les difficultés qu’elle avait rencontrées faisaient désormais partie du passé et que son avenir serait radieux.

Il va sans dire qu’il s’exprima d’une manière moins formelle et beaucoup plus imagée, mais le concept de base portait à l’optimisme.

Tout en écrivant je mesurai à quel point les tracas administratifs pouvaient être ardus pour qui ne maitrise pas la langue écrite et me disais que certainement, par ignorance et manque d’aide, certains passaient complètement à côté de leurs droits. Depuis des années Mamadou vivait et  travaillait en France mais il ne savait lire que l’arabe.

 Mon heure était arrivée, et Mamadou me demanda ce que je voulais savoir. Ne le sachant trop moi-même, je répondis par un « tout » peu compromettant.

« On sait zamais tout… on sait zuste ce qu’Allah y veut bien dire »

Là-dessus il extirpa d’un repli de sa djellaba un chapelet coranique, cracha dessus à plusieurs reprises et le fit rouler entre ses mains en marmonnant des incantations. Il le jeta délicatement devant lui et me demanda de choisir une perle.

Sait-on jamais, j’hésitai et tergiversai, celle-ci ou celle-là, jusqu’au moment où, un éclair de lucidité me traversant, j’en saisis une au hasard.

Il se racla la gorge d’un air dubitatif et s’empara d’une liasse de feuillets usés par le temps recouverts d’un texte écrit en arabe. Il en choisit un et le leva à hauteur de ses yeux.

Puis il parla…

 

 

Et moi, je passe le relais à Marc, du précieux blog "Méditer, faute de mieux" 

 

18.01.2007

"Cinq choses que vous ne savez pas de moi" (2)

Octobre 1975, j’ai 19 ans, je décide, comme toute jeune fille moderne qui se respecte, de passer le permis de conduire.

Première étape, l’inscription à l’auto école, je choisis la plus proche et commence les leçons de conduite.
Zut ça coûte cher !
Le moniteur n’étant ni beau ni jeune ni sympathique je décide de limiter au maximum le nombre de leçons.

Novembre 1975 je réussis le passage du code.

Décembre 1975.
Il est 8heures 30, il fait un froid de canard, je tape de la semelle sur un parking désert en attendant de passer la conduite.
L’inspecteur arrive, il est grand, maigre et aussi glacial que la brise qui s’infiltre sous mon manteau. Je ressens immédiatement pour lui une vive antipathie, doublée d’une inextricable sensation de peur.
Au fur à mesure que j’opère les indispensables vérifications et règlements (siège, rétroviseurs), la panique, sournoise, me gagne.
Il m’enjoint, sans aménité, de démarrer.
Je tourne la clé, j’enclenche tant bien que mal la première, le lâche les pédales… la voiture hoquette et s’immobilise.
La seconde tentative, sous l’œil déjà agacé du Monsieur, se révèle tout aussi infructueuse.
Il soupire.
Heureusement, au troisième essai la voiture daigne enfin m’obéir et nous partons à l’aventure dans les rues de Châteauroux encombrées par le trafic matinal, moi agrippée au volant qui glisse entre mes mains moites, lui dardant sur ma personne un regard noir que je qualifierais volontiers de méchant.
Au bout d’une dizaine de minutes, le désastre que je pressentais est avéré. Je tremblote, je suffoque dans mon manteau, que je n’ai pas eu la présence d’esprit d’enlever avant le départ, je cale à deux reprises, je rate le créneau et de retour au parking il me tend, sans surprise, le papier numéro deux, qui atteste de mon échec.
Suite à quoi il m’explique brièvement que je n’ai pas les qualités requises.
Fin du premier épisode.

Février 1976
Après quelques leçons de conduite, j’ai de nouveau rendez-vous avec un inconnu sur un parking pour tenter de réussir là où j’avais échoué.
Pas de bol, l’inconnu n’en est pas un, mais bel et bien l’inspecteur de la première fois.
Me reconnaît-il ?
Je ne saurais le dire, mais il n’est pas plus aimable que la fois précédente, et, déçue de ce mauvais coup du sort, j’accumule les fautes.
Je traîne de longues minutes au milieu d’un carrefour en bloquant la circulation car, victime d’une fâcheuse (mais courante en ce qui me concerne) amnésie, je ne sais plus où sont ma droite et ma gauche. J’oublie passer la quatrième sur les boulevards et, cerise sur le gâteau, mon démarrage en côte est tellement calamiteux qu’il doit intervenir.
Retour sur le parking, imprimé numéro deux, remontrances, au revoir mademoiselle.

Avril 1976
Le sort s’acharne, me voici encore en compagnie du grand maigre mal aimable, enfermés dans une R5 qui refuse d’obtempérer à mes ordres.
Lui et moi faisons toujours mine de ne pas nous connaître, mais au fond de moi je doute qu’il ne m’ait pas identifiée. Le doute, c’est bien connu, peut paralyser même les meilleurs conducteurs (ce qui n’est pas mon cas, soyons lucides), l’angoisse monte et je m’engouffre sans l’ombre d’une hésitation dans le premier sens interdit venu.
7 minutes plus tard l’affaire est pliée, il me tend le papier number two, en silence, à quoi bon épiloguer.

Juin 1976.
Cette fois je suis remontée à bloc, je n’ai pris que trois leçons supplémentaires, mais mon papa m’a fait conduire et estimé que j’étais capable. Si mon papa le dit, c’est que c’est vrai !
D’ailleurs, innocemment confiante, j’ai vidé mon compte en banque pour acheter une voiture, une Mini Austin beige, d’occasion, qui se morfond dans le garage de mes parents.
Cette fois, on va voir ce qu’on va voir !
Mais je dois être victime d’une malédiction, car, parmi les 5 inspecteurs qui sévissent à Châteauroux, on m’a encore attribuée le grand maigre.
Qu’importe, aujourd’hui la chance est avec moi, je le sens.
Et je dois dire qu’à ma grande satisfaction et malgré la trouille que m’inspire le Monsieur, je suis contente de ma prestation.
Lui pas.
Il me tend le fatal imprimé et commence à m’expliquer, d’un ton sec, que mon manque de confiance me rend dangereuse pour les autres usagers.
C’en est trop, je bondis hors de la voiture, je claque violemment la porte et, en larmes, cours me réfugier dans les bras de Charlie, mon amoureux du moment, qui, compatissant, avait suivi le parcours dans sa 4L

Octobre 1976
Je m’acharne. « Encore vous Mademoiselle ? » me lance le grand maigre, que je considère désormais comme un sadique échappé de l’asile. Déstabilisée, et atterrée par ce nouveau coup du sort, j’effectue un démarrage impeccable (de frein), mais sans avoir bouclé la ceinture de sécurité.
Le traitre ne dit mot.
Je ne me rends pas compte de mon oubli.
La R5 ronronne, et la confiance monte en moi comme le lait chaud dans la casserole, c'est-à-dire qu’elle ne tarde pas à déborder.
J’ignore superbement une priorité à droite, il appuie brutalement sur ses pédales, la voiture s’immobilise d’un coup, et je prends le volant dans l’estomac.
Je m’écrie « Aïe !! »
Il dit « Première à droite ! »
Deux minutes plus tard, en larmes, comme d’habitude, j’ai entre les mains le maudit papier numéro deux.

Je comptabilise désormais cinq échecs successifs, à l’Ecole Normale, tout le monde rigole, j’ai pulvérisé  le record  du nombre de ratages, je dois repasser le code, et des araignées ont tissé leurs toiles dans la Mini.

Janvier 1977
Je réussis pour la seconde fois l’épreuve du code, mais vu la situation, je me garde bien de parader.

Février 1977
Mon papa prend sa plume pour s’étonner du fait que sa fille, en cinq tentatives infructueuses de permis de conduire, n’ait eu à faire qu’à un seul examinateur, et demande, fort respectueusement à Monsieur le sous-préfet, s’il serait possible d’envisager, pour la prochaine tentative, un changement d’inspecteur.

Mars 1977
Incroyable mais vrai, c’est encore lui !
A sa vue les bras m’en tombent et mon courage vacille.
Mais voilà qu’il est moins désagréable, sa mine est moins accablée, il ne soupire plus, me rappelle que le port de la ceinture est obligatoire, hoche du chef à chacune de mes manœuvres, m’encourage à persévérer pour terminer un créneau que je croyais mal engagé.
Je prends confiance, résiste à la tentation de passer au orange, respecte la priorité à droite, passe la quatrième au moment voulu, et m’autorise même le dépassement d’une camionnette.

Et là, c’est le triomphe, mes mérites enfin reconnus, je quitte le parking détentrice du permis conduire que j’ai passé 6 fois.

Et je passe le relais au blog  Allons Enfants.

17.01.2007

"Cinq choses que vous ne savez pas de moi" (1)


Il circule actuellement sur le web, un petit  « jeu pyramidal », comme l'écrit Eric qui m’a gentiment passé le relais, intitulé «Cinq choses que vous ne savez pas de moi".
Pour quelqu’un qui raconte autant sa vie que moi  (qui a dit trop de cette petite voix aigrelette ?), la tâche n’est pas aisée.
J’ai donc cogité, et cogité encore pour dénicher les cinq choses inédites.
A force de réfléchir me sont venues des idées, des anecdotes, que j’ai eu envie de vous raconter.
Voici donc une version délayée du jeu, en 5 épisodes.
La consigne étant aussi de passer le relais à cinq internautes, vous trouverez le nom de l’élu(e) du jour en bas de chaque page.

C’est parti !

Première chose que vous ne savez pas de moi :


J’habitais en ce temps là un gros village sur les hauteurs de Monte Carlo. Je m’y rendais fréquemment, au volant de mon break GS bleu turquoise (soit dit en passant probablement la voiture la plus moche jamais conçue), pour y effectuer quelques emplettes. Par une belle matinée de printemps donc, alors que le soleil éclaboussait de ses rayons dorés le palais de l’Altesse Sérénissime devant lequel s’amassait la quotidienne cargaison de badauds friands d’apercevoir un représentant de la famille princière sortir faire pisser le chien (ce qui n’arrive jamais ils ont des domestiques pour ça, pffft !) ou sortir les poubelles (les quoi ?), bref ce matin là, dans la rue derrière le marché, j’avisai une belle place le long du trottoir. Celles-ci étant rares, je pilai illico et entamai une savante manœuvre de marche arrière, couramment dénommée « créneau », et dont j’ai la faiblesse de penser qu’elle est une de mes spécialités.
L’opération délicate, cette saloperie de bagnole en plus d’être moche étant exagérément longue, requérant toute ma concentration, je ahanais en tournant le volant quand, ô horreur, j’entrevis dans mon rétroviseur une lourde et pesante Mercedes noire qui s’enfilait sans gêne ni vergogne et par l’avant dans l’emplacement convoité.
Sans même prendre la peine d’affiner son action, le conducteur, un petit moustachu blanc de poil, jaillit hors de la voiture pour se précipiter dans l’entrée d’un immeuble.
Mon sang ne fit qu’un tour et telle une mégère courroucée j’hurlai à pleins poumons « Espèce de gros con, c’est MA place ! ». De s’entendre ainsi grossièrement hélé,  l’individu se retourna, surpris, et, levant les bras aux ciel, me fit clairement comprendre que de mon indignation, si légitime soit elle, il se tamponnait le coquillard.
L’écume aux lèvres, j’ouvrai alors la bouche pour balancer une insulte bien choisie quand un type en costume, pistolet dans la ceinture et walkman en main se précipita vers moi, roulant de gros yeux méchants et m’apostropha en ces termes : « Mais vous savez à qui vous parlez ? ».
Et c’est alors qu’un éclair de lucidité me traversa : J’avais traité le prince Rainier de gros con.


Et je passe le relais à Amarula

15.01.2007

Laos : de Luang Prabang à Vang Vieng

medium_prabang06.jpg

Nous quittons Luang Prabang.
Le bus dans lequel nous prenons place, vieux et cabossé, vrombit sur le terre plein de la gare routière. Les bagages sont fixés sur le toit, vaguement recouverts par une bâche en plastique crasseuse qui laisse apparaître le coin de ma valise en toile. Le ciel est nuageux, espérons qu’il ne déversera pas sur nous une de ces giboulées dont il est coutumier sous ces latitudes.

Un jeune couple s’installe à notre droite. Je les reconnais, hier soir ils ont dîné à une table proche de la nôtre, dans une gargote sur le bord du Mékong. En tendant une oreille curieuse, mais pas indiscrète, car le garçon tenait avec deux jeunes anglais une de ces discussions typiques de beaucoup d’anglo-saxons en terre étrangère, c'est-à-dire particulièrement bruyante, j’ai appris qu’il était anglais lui aussi, en mission - mais je ne sais pas de quoi - dans une ville du nord de la Thaïlande.
La jeune fille est d’une beauté touchante, un visage parfait encadré de longs cheveux noirs. J’ai entendu le garçon dire qu’ils se sont connus en Thaïlande, là où elle vit. Pourtant j’ai remarqué qu’elle parlait laotien avec les serveurs des restaurants. Peut-être sa famille, comme 400 000  Laotiens, soit 10 % de la population a-t-elle dû fuir le régime révolutionnaire instauré à partir de 1975. Beaucoup d’entre eux se sont réfugiés dans le nord de la Thaïlande.
Toujours est-il que tandis que son compagnon riait haut et fort avec ses voisins de tablée, elle est demeurée silencieuse, acquiesçant parfois de la tête, ou esquissant un léger sourire. Leur table était encombrée de bouteilles de bière, grand modèle. Le garçon buvait sans arrêt. Puis les autres sont partis et le silence s’est installé entre eux. Il a commandé deux autres bières et encouragé la jeune fille à boire.
Quand peu après nous sommes partis, ils étaient muets, face à face, comme figés.

Ce matin il s’affale dans le siège près de la fenêtre, elle s’installe à ses côtés, encombrée par des paquets qu’elle pose sur ses genoux. Puis elle en sort des feuilles de bananes farcies. Elle lui en tend une. Il la repousse d’un brusque mouvement de la main, lui tourne le dos et s’appuie à la vitre.
Elle fait une petite moue d’une infinie tristesse, et moi je pense à tous ces hommes occidentaux qui profitent sans vergogne de la fraîcheur et de la docilité de ses jeunes filles asiatiques douces et calmes. Malheureusement, cela n’a rien de nouveau, au temps de l’Indochine de nombreux français prenaient des maîtresses, pour ensuite les abandonner avec leurs enfants quand l’appel de la mère patrie se faisait irrépressible.
« Ne pleure pas si je te quitte
Petite Anna, petite Anna, petite Annamite
Tu m'as donné ta jeunesse
Ton amour et tes caresses
T'étais ma petite bourgeoise
Ma Tonkiki, ma Tonkiki, ma Tonkinoise
Dans mon cœur j'garderai toujours
Le souvenir de nos amours »
 « Ma petite Tonkinoise » Georges Villard / Vincent Scotto créé par Mistinguett en 1906repris  par Josephine Baker en 1930
medium_laos01.jpg
Rares étaient ceux qui épousaient ces femmes qui avaient pris soin d’eux pendant des années. Parfois l’une d’entre elles, plus fourbe, vengeait toutes les autres en conduisant son amant blanc sur le chemin de l’opium et se l’attachait jusqu’à la déchéance et la mort en le poussant vers la dépendance.
Le protectorat français n’a en rien amélioré le sort des laotiens, ce qui n’était d’ailleurs pas sa vocation, pire, la culture et la langue lao furent méprisées. Toute l'Administration fonctionnait en français ce qui rendait les démarches quasi impossibles aux autochtones, analphabètes à 90%.
medium_laos04.jpg

Pendant que mes pensées vagabondent dans les méandres indochinois, un autre jeune couple vient s’asseoir derrière nous. Eux aussi je les connais de vue. Ils sont français, très jeunes, une vingtaine d’années. La première fois que je les ai vus, il y a quelques jours, ils descendaient d’un canot après une promenade sur le Mékong. Lui, balourd, s’est pris le pied dans le siège et est tombé dans l’eau en entraînant leur sac dans sa chute. Elle a crié « Antoine, merde, tu peux pas faire attention ! »
Donc il s’appelle Antoine, elle je ne sais pas, mais je sais qu’elle le houspille sans cesse, apparemment non sans raison car il a oublié le guide de voyage dans la chambre d’hôtel et il est trop tard pour retourner le chercher. Il subit les réprimandes sans mot dire, grimace, puis se tourne vers d’autres passagers français pour entamer joyeusement la conversation.

La différence entre les deux couples est saisissante.

L’autobus démarre enfin. Un homme prend place à côté du chauffeur, il pose entre ses jambes une kalachnikov, les routes sont peu sûres au Laos.
medium_laos03.2.jpg
Lorsque les Nord Vietnamiens, alliés aux communistes locaux du «Pathet Lao», ont eu des velléités expansionnistes au Laos, les Etats-Unis se sont ainsi alliés aux Hmongs, une des nombreuses ethnies vivant au Laos, pour les contrer et profiter de la clandestinité de ce conflit pour commettre des exactions qu’ils n’auraient pu se permettre au Vietnam. Les Américains ont largué près de 3 millions de tonnes de bombes au Laos, ce qui constitue le record mondial de bombes reçues par habitant. Ils ont aussi fait usage à forte dose du tristement célèbre défoliant «agent orange», qui a eu pour effet de détruire d’énormes surfaces de forêt et de rendre l’eau impropre à l’irrigation et à la consommation. Aujourd’hui encore, de nombreux Laotiens souffrent de malformations et autres infirmités causées par ces herbicides. Dans certaines zones du Laos, les arbres ne poussent plus.
Le bilan de ses attaques, de cette guerre tenue secrète, serait d’environ 350 000 morts.
medium_laos02.jpg

Par mesure de répression, le gouvernement du Laos a massivement déporté les populations Hmong montagnardes dans les plaines (il a en aussi expédié bon nombre dans des camps). Les Etats-Unis ont continué à apporter une aide occulte aux Hmongs et la guérilla perdure depuis des années.
Une semaine après notre passage à Vientiane, une bombe explose à la gare routière, faisant plusieurs victimes.

Le bus cahote entre des montagnes d’une époustouflante beauté. Les vallées et les monts recouverts de forêts denses, d’un vert brillant se succèdent entre les nuages.
Les villages sont des alignements de pauvres cabanes de planches devant lesquelles jouent des enfants sales et dépenaillés. Ils sont habités par ces populations déplacées, venues des montagnes et qui ont trouvé refuge le long de la route en espérant trouver un peu de travail, leur sort est particulièrement douloureux.
Et la nature qui les entoure, un véritable piège. Une grande partie des bombes déversées par les B52 qui vidaient leurs soutes avant de rejoindre leurs bases thaïlandaises, n’ont pas encore explosé et la forêt en est infestée.
medium_vangvieng03.2.jpg

165 kilomètres et 5 heures plus tard, nous arrivons, fourbus et moulus à Vang Vieng, petite ville tranquille, célèbre pour ses fumeries d’opium clandestines.

En vidéo : les routes du Laos



10:15 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (9) | Envoyer cette note | Tags : laos

11.01.2007

Naissance


medium_naissance1.2.jpg
Le gentil Docteur F. fut le premier homme de ma vie.
Il était grand, fort, bourgeois, il détenait la science, on prononçait son nom avec respect.
C’est lui qui m’a extraite, ensanglantée et poisseuse, du ventre de ma mère et qui d’un coup de bistouri a tranché le cordon qui me rattachait à ma vie de poisson tropical.
C’est lui qui, le premier, a posé ses mains sur mon corps nu.
C’est encore lui qui a annoncé « C’est une fille ! » comme si cette nouvelle pouvait vraiment faire plaisir à des gens qui en avaient déjà une…
Ensuite il m’a attrapée par un pied, et sans se soucier de ma future dignité, avec sa grande main de docteur, il a tapé sur mes fesses, j’ai hurlé et tout le monde a ri…
Puis l’organisateur de la fête, le gentil docteur F., a fait venir ma sœur et mon grand- père.
Ils sont arrivés main dans la main, lui 61 ans, elle 2 ans.
Le gentil docteur  m’a prise dans ses bras pour me présenter aux nouveaux venus.
Il s’est incliné vers ma sœur pour qu’elle puisse contempler mon minois rouge et grimaçant.
Et il a demandé :
« -Alors, tu me la donnes ta petite sœur ?
   -Ah non ! » S’est-elle exclamée, farouche, et à nouveau tout le monde a ri avec attendrissement.
Et si elle avait répondu oui ?
Et si le gentil docteur F. m’avait enveloppée dans une couverture, m’avait emportée,  serrée contre son cœur, comme un trésor, dans la froide nuit de janvier ?
Nous aurions traversé la campagne gelée, pour arriver à sa maison bourgeoise, où son épouse au ventre stérile m’aurait accueillie comme un don du ciel…
Il n’en fut rien, ma sœur refusa de céder son nouveau jouet, le docteur traversa seul la campagne gelée, arriva seul à sa maison bourgeoise où l’attendait sa femme au ventre stérile et il n’y eut pas de don du ciel ce soir là…
Quant à moi, grâce à elle, j’ai échappé à une éducation catholique, à l’école privée, à la première communion, et à 20 ans je ne me suis pas inscrite en fac de médecine pour y dégoter le futur mari jeune médecin avec qui  mon père se serait associé avant de lui céder sa clientèle…
Ainsi va la vie !
En ce 9 janvier 1956 la mienne venait tout juste de commencer.
medium_naissance-2-bis.jpg
Mes parents, jeunes instituteurs, étaient depuis deux ans en poste à Parnac, petit village du sud de l’Indre. Mon papa était directeur, ma maman adjointe et ils occupaient un immense appartement dans les bâtiments scolaires, la cour d’un côté, la mairie en dessous, ce qui fut bien pratique quand mon père devint maire.
Ils s’étaient connus à 15 ans, à leur entrée à l’Ecole Normale de Châteauroux, mariés à 20 ans, parents à 21 ans, à cette époque on devenait adulte tôt.
medium_naissance-3.jpg
L’Ecole normale accueillait en son sein l’élite des mondes paysans et ouvriers pour les transformer en instituteurs hautement laïcs, convaincus du rôle fondamental de l’éducation, vecteurs du modernisme et de la culture.
Des militants de l’école obligatoire, gratuite, égalitaire.
Je suis issue de longues lignées d’humbles paysans, de métayers et de fermiers qui ont gratté pendant des siècles des terres qui ne leur appartenaient pas.
medium_naissance4.jpg
Grâce à l’école de Jules Ferry la première génération à quitter les champs fut celle de mes grands parents. Mon grand-père épousa la noble profession de gendarme à cheval, il participa aussi à la première guerre mondiale, ce qui lui valut de passer des mois en Italie et d’y vivre une brève histoire sentimentale avec une italienne. De retour au pays il oublia la belle et demanda la main de ma grand-mère, une jolie couturière. Elle accepta bien volontiers l’hommage du guerrier, même si par la suite mon grand-père se révéla fort ombrageux et qu’elle arriva assez vite à la conclusion que la vie en caserne, en compagnie des autres familles de gendarmes, n’était pas franchement l’idéal de l’intimité.
Ils eurent deux fils, mon père est le second.
Du côté de ma mère tout fut dramatique et compliqué et accéder à l’Ecole Normale fut pour elle une victoire salutaire et entièrement méritée étant donné ses extraordinaires capacités dans le domaine des mathématiques.
Outre ma naissance, événement que sur un plan personnel évident je tiens pour fondamental, l’année 1956 compta un certains nombres d’épisodes forts important qui, mine de rien, contribuèrent à changer la face du monde (plus que moi je vous l’accorde).
En France, Guy Mollet se retrouva à la tête de l’Etat, poste peu enviable.
Malgré l’appel à la trêve d’Albert Camus la guerre d’Algérie déroulait ses horreurs et le gouvernement s’embourba dans un engrenage infernal : les attentats du FLN, désormais aveugles, répondant aux sinistres exactions de l'armée française.
medium_algerie.jpg
Un paisible petit  matin printanier, la maréchaussée traversa la cour de l’école de Parnac d’un pas martial pour apporter à mon père son ordre de mobilisation, la France l’appelait en Algérie pour défendre un colonialisme injuste et obsolète.
Pas de chance, grâce au zèle de mon grand-père gendarme, qui lui avait fait faire une préparation militaire, mon père était sous-officier, donc réserviste. Ne pas obtempérer aurait été déserter.
Il passa plusieurs mois de l’autre côté de la Méditerranée, ma mère l’attendait, elle avait 23 ans et deux bébés. Les nouvelles étaient rares.
Quand elle sortait dans le village faire des courses et que quelqu’un s’arrêtait pour lui parler, ma sœur, toute droite, du haut de ses deux ans et demi disait : « Mon papa il fait la guerre en Algérie ».
Puis il est revenu.
Les premières années après son retour, il racontait, il mimait, il expliquait. Puis de moins en moins, puis plus du tout. Il n’avait jamais souhaité participer à cette guerre, il en connaissait les horreurs, il n’avait pas eu le choix.
Beaucoup d’autres sont morts, des jeunes français de la Métropole, des jeunes français qui voulaient à juste titre être algériens, des civils innocents.

Pendant ce temps l’empire colonial poursuivait la désagrégation.
«  En voulant préserver leurs intérêts financiers immédiats, les deux puissances européennes ont perdu leurs empires. » a écrit Roger Martelli dans un article du Monde diplomatique d’octobre 2006, intitulé : « 1956, une année charnière, le rire de Nasser, les larmes de Budapest »
D’autant que Nasser, affirmant le « socialisme arabe », décida  de nationaliser le canal de Suez. La France, l’Angleterre et Israël s’en offusquèrent grandement et montèrent à l’assaut, sabre au clair. Les Etats-Unis, désireux de voir les empires coloniaux occidentaux réduits au rang de puissances subalternes condamnèrent l’attaque.
« A présent, la logique se déplace : les Etats-Unis ne se positionnent pas tant en leader d’un bloc qu’en régulateur de l’ordre du monde. En cela, la « doctrine Eisenhower » de décembre 1956, qui suit la double crise de l’automne, a valeur prémonitoire : ne préfigure-t-elle pas, à sa façon, la « doctrine Bush » ? » Robert Martelli.
Qui souligne aussi « Les grands gagnants à court terme sont les nationalistes algériens, légitimés internationalement par la victoire de Nasser : en 1956, on assiste à « la greffe définitive de la lutte algérienne sur la cause islamo-arabe »

Ce ne fut pas la seule horreur de l’année 1956, en Hongrie, l’URSS, écrasa sauvagement l’insurrection. L’espoir qui avait doucement fleuri se délita dans un bain de sang.
medium_budapest.jpg
« Si l’espace soviétique européen est confirmé, il rate alors l’occasion d’une déstalinisation contrôlée : l’échec final de M. Mikhaïl Gorbatchev est inscrit en filigrane dans celui de Khrouchtchev. » écrit encore Robert Martelli, qui termine ainsi son article :
« Voyons dans l’année 1956 un moment atypique. Il s’agit bien d’une crise du XXe siècle, marquée par les rapports de forces qui suivent la seconde guerre mondiale. Elle est aussi un signe avant-coureur de notre XXIe siècle et de son « ordre-désordre » impérial. Mais c’est toujours après-coup que l’on reconnaît les signes avant-coureurs. »
medium_naissance_7.jpg
Et vous, en 1956, étiez-vous déjà nés? Que faisiez-vous?

07.01.2007

...en kimono!

medium_japon_01.2.jpg
A vingt ans, en 1976, je suis allée au Japon.

Plus de trente années se sont écoulées depuis. Les noms des lieux se sont envolés de ma mémoire, mais celle-ci me restitue autre chose, des fragments, des impressions.

Annie, ma sœur venait de se marier avec Yukio et celui-ci avait organisé pour Bruno et moi tout un parcours au sein de sa famille et chez ses amis, quand nous étions seuls, nous dormions dans des auberges de jeunesse.

Bruno était mon petit ami, nous étions ensemble depuis trois ans. Nous avions rêvé de ce voyage et économisé, pendant un an pour pouvoir partir.
Seulement voilà, la dernière année, lui était venue l’idée, saugrenue pour moi, d’aller étudier à Aix en Provence. De Châteauroux à Aix la route est longue, pendant des mois nous ne sous sommes pas vus.
J’avais vingt ans, j’étais volage et avide de frissons et quand nous nous sommes retrouvés à Paris quelques jours avant le départ, folle amoureuse d’un autre, je lui ai annoncé en vrac que je ne l’aimais plus mais que je ne voulais en aucun cas renoncer à ce voyage.
S’il savait bien que notre histoire avait perdu l’intensité des premiers temps, il n’avait pas imaginé ce coup bas que je lui assénai sans ménagement.
Nous partîmes quand même, silencieux et mornes, orgueil blessé et culpabilité rentrée, à la découverte du pays du soleil levant.
medium_japon_02.jpg

Ma connaissance du Japon, de sa culture et de ses habitants se limitait alors à la lecture d’un roman de Mishima et à celle d’un album, texte et photos, de Martin Hürlimann et Francis King que Bruno m’avait offert pour mon anniversaire. Lecture est un bien grand mot, j’avais surtout regardé les photos et survolé quelques pages.

Autant dire que je ne savais rien et que l’œil que j’ai posé sur le monde nippon était vierge de toutes idées préconçues.
Bruno, par contre, avait potassé la question, mais le malaise qui régnait entre nous fit que je ne lui demandais pas de partager avec moi ses lumières.

En deux mois nous avons sillonné une bonne partie de l’île, visité des temples, des palais, des jardins, et surtout nous avons fait des rencontres.

A Tokyo, Aniko nous a hébergés, elle était jeune et joyeuse. Je l’avais connue au mariage d’Annie et elle a été avec nous d’une gentillesse et d’une disponibilité délicieuse.

Elle habitait en banlieue, un pavillon bas situé dans une rue bordée d’espaces verts où l’herbe poussait en liberté. Ni la ville ni la campagne, un espace que je trouvai étrange car non délimité, pas de barrières, ni de grilles, un rail de sécurité traversait les broussailles.
Nous dormions sur des futons que le soir nous étalions sur la natte qui recouvrait le sol.
medium_japon_03.jpg

Quand Aniko travaillait, nous partions seuls à la découverte de la ville. Pour aller à Tokyo, il fallait prendre des métros et des trains, traverser des gares bondées, être perdus dans des foules inconnues. Nous déambulions dans la ville géante, repérant tant bien que mal les idéogrammes sur les panneaux.
Quartier de la photo, où j’ai acheté un petit appareil avec lequel j’ai pris une centaine de diapositives sans grand intérêt je dois dire, succession de toits, de temples et de jardins, Bruno, moi, nous deux photographiés par de gentils passants ou amis de rencontre qui voulaient nous faire plaisir.
Quartier de la hifi, énorme.
Quartier du jeu dans la rumeur des machines.
Centre commerciaux souterrains, deux, trois, quatre étages sous le sol, des dédales de boutiques, des heures entières sans voir le jour.
Les restaurants de poisson cru, les soupes d’algues, la petite serviette chaude apportée au début du repas, les baguettes rebelles et des crampes dans les jambes, parce que manger assis sur ses talons, si on n’a pas appris à le faire depuis l’enfance provoque douleurs et fourmillements incompatibles avec la sérénité de mise.

De Nikko, je me souviens de la rouge magnificence des temples qui  luisaient sous la pluie parmi de hauts arbres, et des trois singes de la sagesse, dont la portée symbolique m’échappa alors totalement. Je sus, longtemps après, que si cette représentation est une des plus anciennes du monde, il est probable que l'histoire des trois singes soit d'origine indienne et qu'elle ait été introduite au Japon par l'intermédiaire de pèlerins bouddhistes venus de Chine. Gandhiji ne se séparait jamais d’une petite statuette de terre cuite les représentant.
Mizaru (見猿) l'aveugle, Kikazaru (聞か猿) le sourd, et Iwazaru (言わ猿) le muet.
Celui qui ne voit pas, celui qui n’entend pas, celui qui ne parle pas.
J’étais restée très sceptique, pourquoi ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire ?
Pour moi, désireuse de tout voir, tout dire, tout entendre, tout connaître, cela s’assimilait à une forme "d’autisme", dont je ne voyais pas l’intérêt.
J’ai compris des années plus tard à quelle point mon ignorance était grande, car le sens réel des statuettes est: "je ne dis pas ce qu’il ne faut pas dire",  "je ne vois pas ce qu’il ne faut pas voir ",  et enfin "je n'entends pas ce qu'il ne faut pas entendre",  car celui qui respecte ces trois conditions, sera épargné par le mal.
Expression de la sagesse et du bonheur.
medium_japon_O4.jpg

Mais ce que ce jour là les petits singes ne m’ont pas enseigné, car mon esprit d’alors était incapable de le percevoir, je l’ai depuis compris, au fil de mes voyages, de mes lectures, de ma vie.

A Tokyo encore, la mère d’un ami d’Aniko, qui était chanteuse, m’a offert un magnifique kimono, décoré avec la grande vague d’Hokusai, et bien sûr nous avons fait des photos.
medium_japon_05.jpg

Et puis, son fiancé étant présentateur sur une chaîne de télé locale, nous avons été interviewés, c’est à dire que nous avons bafouillé, en studio et en anglais, quelques banalités sur nos impressions du moment.
medium_japon_06.jpg
L’émission a été diffusée le soir même et nous avons beaucoup ri en la regardant.
medium_japon_07.jpg

Puis un train nous a emmenés vers Kyoto.

Toutes les notes

 
Toute l'info avec 20minutes.fr, l'actualité en temps réel Toute l'info avec 20minutes.fr : l'actualité en temps réel | tout le sport : analyses, résultats et matchs en direct
high-tech | arts & stars : toute l'actu people | l'actu en images | La une des lecteurs : votre blog fait l'actu