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Xénophobie (2)

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Les individus « de petite taille » à « la peau sombre » odieusement stigmatisés dans le texte cité dans mon dernier billet étaient italiens.
Le document est extrait d’un rapport que l’Inspection de l’Immigration a présenté au Congrès américain en Octobre 1912.

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Certains d’entre vous avaient deviné l’époque, d’autres la nationalité des personnes incriminées mais pour la plupart vous avez pensé ce texte plus récent, voire même contemporain et fustigeant les Rroms.

Rien d’étonnant à cela, cent ans plus tard, les victimes ont changé mais le discours xénophobe, lui, n’a pas pris une ride.
Il est toujours aussi haineux, empli de préjugés «  les flopées d’enfants sales et maladifs, les femmes sales et stupides, les hommes inquiétants et le tout noyé de saleté et de langues incompréhensibles. »
La connerie xénophobe n’a ni époque, ni frontières
. » (La Sardine)

On peut très bien imaginer un représentant de la Lega Nord (par exemple), tenir aujourd’hui un discours similaire et Internet regorge malheureusement d’éructations du même tonneau s’indignant de caractéristiques fantasmées attribuées à des ethnies ou des populations à qui de « braves européens » refusent d’accorder asile, préférant et de loin les laisser dépérir dans leurs contrées lointaines.

« Un bubon brun » qui « émane de la philosophie éternelle des grands penseurs occidentaux depuis “Je suis partout”, jusqu’aux décomplexés du gouvernement français, en passant par le discours ordinaire de nombreux édiles italiens » (Chomp).

Évidemment, constater qu’un siècle plus tard certaines mentalités, restées coincées au niveau zéro de l’humanisme, affichent toujours des opinions colonialistes et xénophobes est à la fois déprimant et inquiétant.

Il est affligeant aussi que des Italiens, dont les ancêtres ont tellement souffert de l’exil, de la xénophobie et de la misère, attribuent aveuglement à d’autres les travers jadis discernés à leurs parents.
Comme si l’histoire n’avait apporté ni réflexion ni compassion.

Ce n’est pas seulement en Amérique que les migrants italiens furent victimes de la xénophobie, l’accueil que leur réservèrent certains français ne fut pas des plus chaleureux.

A la fin du XIX siècle une vague xénophobe déferle sur la France, on prône la « chasse à l’Italien », aux nouveaux « Sarrasins » qui « volent le pain des Français ». L’italophobie atteint son paroxysme lors de la tragédie des salins d’Aigues-Mortes en 1893. Au nom de la « protection du travail national » entre 17 et 50 Italiens sont massacrés, une centaine sont blessés. Le 17 août  un commandant de gendarmerie écrit: “l’hostilité actuelle des ouvriers français contre les ouvriers italiens est arrivée à un tel degré de férocité que tout ouvrier italien qui serait rencontré isolément serait infailliblement massacré
Jugés en cour d’assise, les inculpés ont tous été acquittés. Les Italiens survivants ont été chassés.

Et pourtant et c’est là un élément qui rend optimiste, l’intégration des Italiens à la société française s’est parfaitement faite.
Comme elle s’est faite aux Etats-Unis où, entre 1880 et 1920, 4,5 millions d’Italiens se sont installés. Ils représentent aujourd’hui 5,6 % de la population du pays soit 15,7 millions d’habitants.

De tout temps des groupes humains se sont déplacés et mêlés à d’autres c’est ainsi que l’humanité s’est enrichie.

A l’heure actuelle les déséquilibres mondiaux ont rendu l’immigration inéluctable.
Se raccrocher à d’iniques « valeurs» coloniales , vouloir à tout prix sauvegarder son territoire de ce que certains assimilent à des invasions, se retrancher derrière des remparts hérissés de tessons de bouteilles, s’armer jusqu’aux dents, tout cela appartient à un stupide et dangereux combat d’arrière garde.
Un combat perdu d’avance mais dont, s’il perdure, nous subirons tous les conséquences.

Ce ne sont pas des murs qu’il faut construire mais des ponts.

Ni dévorer, ni se laisser dévorer mais construire ensemble un monde équilibré, solidaire, juste, démocratique où chaque humain aura sa place et où les différences seront respectées.

«Le métissage est l’avenir du monde, il porte en lui l’humanisme planétaire. L’homme mêlé est l’avenir de l’homme. » Edgar Morin

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