Deux femmes à la une

De l’une on voit le décolleté, les seins, bombes jaillissant de soutiens-gorges étriqués, les jambes filiformes, les fesses dont la protubérance est accentuée par une cambrure exagérée, les longs cheveux blonds et le sourire inexpressif, figé, comme une ligne.
De l’autre on ne voit que les yeux, le reste de son corps est enseveli sous des mètres de tissu noir.

Ces deux jeunes femmes font la une de l’actualité. A priori rien ne les rapproche.

Et pourtant, les regardant, lisant ici et là des bribes de leurs histoires ou de leurs déclarations, je ressens la même peine.

Je vois deux femmes soumises. L’une à une religion et probablement aussi à un mari – je dis probablement car je n’en sais rien, je ne peux que supposer et la figure de l’homme ne m’est en rien sympathique- l’autre, frêle poupée Barbie, à la pire des lois du marché.

« J’ai été le cadeau d’anniversaire de Ribéri ! » dit-elle, et je perçois une pointe de forfanterie.
Un cadeau ?
Mais quand un être humain est, par le biais d’une transaction financière, offert à un autre, c’est de l’esclavage.
Qu’elle ait été consentante n’y change rien.

Je déteste le battage médiatique fait autour de ces deux femmes.

Quand j’étais enfant, dans la salle d’attente du médecin, je me jetais avidement sur Jour de France dans l’espoir d’y découvrir des photos de princesses et les parisiennes de Faizant mais je rechignais à ouvrir Paris Match, trop sérieux, avec toutes ces photos de guerre, ces univers masculins, violents, incompréhensibles.
Et bien, signe des temps, aujourd’hui, alors que l’actualité mondiale est emplie de catastrophes, que la misère gagne du terrain, que la violence déferle, que la « crise » prépare une nouvelle vague encore plus meurtrière que la précédente et qui précipitera des millions d’êtres humains dans le désespoir, Paris Match, racoleur à souhait, fait sa une sur « le cadeau d’anniversaire de Ribéry ».

Avant cela, la jeune femme fut jetée en pâture à la concupiscence de uns et à l’opprobre des autres et parfois, l’être humain pouvant être d’une hypocrisie sans borne, aux deux en même temps.
A l’envie aussi, certainement. Combien de jeunes femmes ont-elles pensé qu’en une nuit Zahia gagnait plus qu’elles en un mois de galères, de petits boulots, d’humiliations quotidiennes ?

D’un côté on banalise la prostitution, de l’autre, tel un épouvantail, la créature drapée dans ses voiles noirs, repoussoir des temps modernes est utilisée pour justifier une loi visant à protéger, nous dit-on la « dignité » de la femme.
Une loi destinée à interdire à des femmes de se vêtir comme elles le souhaitent.

Bien sûr que l’on doit lutter contre tous les fanatismes religieux, qu’il est intolérable que des groupuscules d’abrutis, brandissant leur foi en étendard, défient la laïcité et contribuent par leur bêtise, leur soif de pouvoir, à la stigmatisation de l’ensemble d’une communauté de fidèles.

Mais le moyen de lutte choisi, l’interdiction du niqab, est inadéquat, pire, si l’on considère que les femmes qui le portent sont des victimes, il est néfaste. De voilées, elles deviendront recluses.

Pendant ce temps-là, les fesses bien calées sur les Droits de l’Homme, le Président de la République fait des courbettes  en Chine dans l’espoir de dégoter quelques marchés.
Opération séduction, disent les journaux. Son arme fatale, sa femme.

La potiche glamour utilisée pour amadouer les Chinois.

Dignité, vous avez dit dignité ?

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