Pilule, le pape attaque

Histoire d’être bien classé dans le challenge « retour vers l’obscurantisme » qui agite actuellement les ecclésiastiques de diverses obédiences, le Vatican vient de lancer une nouvelle offensive contre la pilule.

Déjà fort mal vu par la Sainteté suprême ce moyen de contraception, répandu dans le monde entier et dont l’utilisation a changé la vie des femmes en leur permettant, enfin et justement, de contrôler leur fécondité est désormais accusé, par le président de la Fédération internationale des associations de médecins catholiques, Pedro José Maria Simon Castellvi,  de provoquer en Occident une « pollution environnementale » responsable « de l’infertilité masculine (marquée par une baisse constante du nombre de spermatozoïdes chez l’homme) »

La pilule contraceptive « en relâchant des tonnes d’hormones dans la nature » à travers les urines des femmes qui la prennent, a, depuis des années, « des effets dévastateurs sur l’environnement » a écrit samedi le journal du Vatican, l’Osservatore Romano,.

De plus, insiste l’auteur de l’article qui n’y va pas avec le dos de la cuillère, la pilule «En ce soixantième anniversaire de la Déclaration des Droits de l’Homme, viole au moins cinq droits de l’homme importants : le droit à la vie, le droit à la santé, le droit à l’éducation, le droit à l’information et le droit à l’égalité entre les sexes ».
L’article, joliment intitulé  “L’Humanae Vitae, une prophétie scientifique”, revient sur une encyclique  de juillet 1968 que Paul VI avait consacrée à la régulation des naissances et dans lequel il interdisait aux catholiques l’usage de la pilule et du préservatif.
Qualifiée de prophétique, cette vieillerie qui a favorisé l’expansion du sida dans les pays africains, est remise fièrement à l’ordre du jour et accuse la pilule de tous les maux.
Car, imaginez-vous que non contente de polluer gravement l’environnement, elle fonctionne comme un véritable abortif en empêchant un adorable petit embryon humain de faire son nid dans l’utérus.
« L’embryon, même dans ses premiers jours, est différent d’un ovule…et si rien ne l’en empêche, il finit, neuf mois plus tard par sortir du ventre maternel, prêt à dévorer des litres de lait » écrit Pedro José Maria Simon Castellvi, soucieux de tirer des larmes des yeux catholiques en jouant honteusement sur la corde sensible.

Je voudrais quant à moi faire à ces messieurs qui se mêlent de ce qui ne les regarde absolument pas, quelques remarques.

Tout d’abord, avancer comme argument « l’égalité des sexes »  pour justifier leur thèse est une ânerie. A moins, que faute de pratique, ce ne soit de l’ignorance. Figurez-vous, Messieurs les pontes cathos, que l’homme, lui, a toujours le choix de féconder, ou non, car à chaque fois qu’il baise il émet des spermatozoïdes. Pour la femme c’est plus compliqué et c’est toujours elle qui subit en premier les conséquences d’une grossesse non désirée. La deuxième victime est l’enfant qui arrive au monde alors que personne ne souhaite sa venue, ce qui n’est certes pas un bon départ dans la vie.

Ensuite, s’il est vrai que le taux de fertilité masculine diminue,  en tenir pour responsable les hormones relâchées par les urines de femmes prenant la pilule est quand même extrêmement réducteur au  regard, pour ne prendre que quelques exemples, de la pollution engendrée par les dioxydes de carbone, de soufre ou d’azote, les particules radioactives, les  produits chimiques, les pesticides et les insecticides dont on connait les effets.

Je retiens de tout ce fatras qu’une fois encore les femmes sont attaquées et que leurs droits sont remis en cause.

Préparons-nous à une nouvelle bagarre, cette cause là non plus ne doit pas être perdue, elle est essentielle.

Note: à lire, l’appel féministe européen, à signer, la pétition pour l’égalité des femmes en Europe

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